Fils de l’ACGT depuis 2008, l’année où l’exécution du « contrat chinois » bat son plein, l’actuel DG de l’ACGT met son témoignage et son expertise dans la bataille de la vérité pour prendre le contre-pied de l’IGF en cette période suspecte : «Il n’y a pas eu de surfacturation dans les travaux des infrastructures ». Même les 114 millions USd de l’Hôpital du cinquantenaire sont justifiés, soutient-il.
Nico Nzau Nzau est l’actuel Directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux. Porté à ces fonctions depuis novembre 2022 par le chef de l’Etat, l’ACGT n’a aucun secret pour lui. Cet ingénieur de formation et de carrière est, en effet, un fils maison qui, avant ces fonctions, a été Directeur général adjoint pendant onze (11) années, soit de 2011 à 2022.
Mais ce n’est pas tout. Nico Nzau Nzau est aussi celui qui a été le Directeur du département Directeur du département de planification stratégique pendant près de quatre années, soit entre novembre 2008 et janvier 2011. Cette période coïncide à la première phase de la mise en œuvre du programme de partenariat gagnant-gagnant entre la Gécamines et un Consortium d’entreprises chinoises. Une période que Nzau Nzau maîtrise donc. Et avec son pedigree à l’ACGT, il est, incontestablement l’une des personnalités pouvant faire autorité lorsque l’on évoque le dossier du « contrat chinois » qui, aujourd’hui encore, fait couler de l’encre et de la salive.
Au milieu de ce débat suscité par le rapport de l’Inspection générale des finances, l’ACGT est repris sur de fines pages que lui fait porter le fardeau des surfacturations des travaux d’infrastructures financées à travers ce « contrat chinois ». Et le débat se déroule dans une période suspecte qui, d’ailleurs, fait peser quelques hypothèques sur le crédit à porter à l’actif de l’IGF et son rapport sous examen. Il s’agit, en effet, d’une année électorale où se manifestent des signaux de bilan et de mise en place des stratégies dans les états-majors politiques.
Sous le régime de l’Union sacrée de la nation, l’IGF ne manque pas d’être épinglée pour ses rapports jugés « politiquement orientés ». Et puisque, comme sous le parti-Etat mobutiste, tout le monde est USN dans les institutions publiques, c’est à juste titre que des réserves puissent être émises même sur une sommité professionnelle de la trempe de Nico Nzau Nzau.
C’est pourtant cet homme qui s’est courageusement prêté à l’obligation de transparence pour dire le fin mot de ce qu’il sait dans cette affaire de surfacturation des marchés d’infrastructures alléguée par les flics de Jules Alingete. Sur Top Congo où se sont déjà succédés l’Inspecteur général de l’IGF ainsi que Moïse Ekanga, qui pilota la mise en œuvre du « contrat chinois », le DG Nzau Nzau ne s’est nullement démonté pour sombrer dans le « politiquement obligé » en caressant le « rapport Alingete » dans le sens du poil.
« Il n’y a pas eu surfacturation des marchés d’infrastructures »
Face aux deux interviewers intrépides de Top Congo, qui ont déjà bouffé du Moïse Ekanga, Nico Nzau Nzau reste imperturbable et se montre plutôt déroutant par rapport à ce qu’on pouvait s’attendre de lui en ce contexte et de par sa position : «Il n’y a pas eu de surfacturation dans les travaux des infrastructures », clame-t-il les yeux grands ouverts. Prenant ainsi le contre-pieds d’Alingete et l’IGF qui ont le vent en poupe dans l’opinion, le DG de l’ACGT ne craint rien des combines qui se trameraient derrière la traque politique en subliminale et fait le choix de passer derrière la Sicomines.
Dans son propos pédagogique, l’Ingénieur Nzau Nzau rappelle l’état piteux qui était celui des infrastructures en RDC avant 2008 avant de faire remarquer que c’est à partir de la mise en œuvre du partenariat entre la Gécamines et les entreprises chinoises à travers la Sicomines, que ces infrastructures reprennent de la gueule et de l’allure.
«Il faut reconnaître les forces de ce programme avec la chine », poursuit le DG de l’ACGT, tranquille avec sa conscience. Et de poursuivre : « C’est au moment où nous avions des problèmes de budget que les investisseurs chinois sont arrivés avec 3 milliards USD. C’est beaucoup parce que ces 3 milliards représentaient le budget de ce pays. On y a cru car en échange, on devrait avoir des infrastructures ».
Nzau Nzau rappelle ensuite comment « les entreprises chinoises se sont déployées vite avec leurs matériels » avant de soupirer encore fièrement : « Tout constitue la force de ce programme ». Avant de poursuivre, égrenant les avantages procurés à la RDC par ce « contrat chinois » : «Lorsque les Chinois sont arrivés, on a pensé tout de suite à la création d’emplois, ce qui fut fait, et à l’attraction des autres investisseurs. Avec les trois milliards USD, ce programme sino-congolais était une caution morale pour rassurer d’autres bailleurs de fonds».
Les faiblesses ? Oui, mais dans le chef des congolais incapables…
Honnête, Nico Nzau ne fait pas l’impasse sur les faiblesses réelles de ce programme. Il reconnaît que ces faiblesses sont le fait des congolais qui étaient «intellectuellement incapables de faire des études. L’argent arrivait, mais il n’y a pas eu d’études».
Posant le curseur sur les accusations de surfacturation des marchés alléguées par l’IGF, Nico Nzau les rejette lorsqu’il souligne que «l’ACGT voulait à tout prix réaliser un travail de qualité». Une exigence qui nécessite des moyens, et ce contrat chinois les a pourvus. Les preuves se lisent à travers ces infrastructures qui sont visibles, soutient-il encore pour prendre encore l’IGF à contre-pied.
«Tout au début, nous avons commencé à réhabiliter les routes par les portes d’entrée des matériels. Les matériels entraient par Kasindi, Zambi, et Matadi», raconte Nico Nzau Nzau. Qui fait ensuite remarquer que «Ce sont les provinces qui étaient beaucoup plus dans les frontières qui voyaient beaucoup plus les projets ».
Et encore : « La deuxième phase consistait à ramener les réalisations dans les grandes villes. Et il fallait commencer à éparpiller en planifiant l’affectation des fonds, par rapport aux projets structurants».
Sur un cas concret, Nico Nzau prend l’exemple des 114 millions USD qu’aurait coûté l’achèvement et l’équipement de l’hôpital du Cinquantenaire. Il justifie cette dépense par la qualité du matériel qui avait été acheté en Allemagne.
«Le problème avec l’hôpital du Cinquantenaire, c’est le manque d’études préalables qui butait également aux échéances politiques, parce qu’il fallait faire quelque chose », se souvient-il avant de poursuivre : « L’hôpital du Cinquantenaire existe depuis 1954, il était croulant. On a utilisé des technologies nouvelles. On pensait qu’on dépenserait moins, mais en sondant les structures, on a trouvé qu’il fallait renforcer les structures par les technologies nouvelles qu’on appelle des fibres carbones ».
Venant le produit final, Nico Nzau assure fièrement que « c’est un hôpital moderne de niveau 5 pour éviter que les gens n’aillent en Inde se faire soigner. Les matériels sont venus même par avion».
Autant donc d’éléments qui lui permettent d’exclure la thèse d’une surfacturation : «Les gens ont cru à une surfacturation. Mais il n’y a pas eu de surfacturation».
Jonas Eugène Kota