COP30 : Les enjeux, défis et vision de la « Semaine congolaise du climat » expliqués par Marie Nyange

C’est un vent de détermination qui souffle sur Kinshasa, où la République démocratique du Congo a ouvert la Première Semaine congolaise du climat, un rendez-vous décisif pour affirmer son rôle de puissance écologique mondiale. Dans un discours à la fois technique et visionnaire, la ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle Économie du Climat, Marie Nyange Ndambo, a présenté la feuille de route du pays à l’approche de la COP30 prévue à Belém (Brésil).

Objectif : positionner la RDC comme un acteur incontournable de la gouvernance climatique mondiale, tout en harmonisant les priorités nationales avant les négociations internationales.

La Semaine congolaise du climat se veut plus qu’un simple forum. C’est une plateforme stratégique de dialogue national, réunissant le gouvernement, la société civile, le secteur privé, les partenaires techniques, les peuples autochtones et les scientifiques.

Pour la ministre Nyange, l’enjeu est clair : construire une position nationale cohérente et crédible qui reflète à la fois les réalités du terrain et les ambitions internationales de la RDC.

« Être un pays-solution ne signifie pas porter seul le poids de la planète, a-t-elle déclaré avant d’ajouter que « cela signifie être un partenaire stratégique, exigeant que la solidarité internationale se traduise en financements concrets, en transferts de technologies, en engagements respectés. »

La ministre a rappelé que les forêts, les tourbières et les rivières de la RDC représentent 62 % du bassin du Congo, le deuxième poumon écologique du monde après l’Amazonie. Leur rôle dans la séquestration du carbone, la régulation climatique et la conservation de la biodiversité fait du pays un acteur central de l’équilibre climatique mondial.

Les enjeux majeurs de la COP30 pour la RDC

La participation de la RDC à la COP30 s’articule autour de trois priorités stratégiques :

1. Faire reconnaître le rôle de « pays-solution » : la RDC entend rappeler que la stabilité climatique mondiale dépend de la préservation de ses écosystèmes. Elle réclame que les efforts de conservation du pays soient reconnus à leur juste valeur par un accès équitable aux financements internationaux.

2. Consolider la justice climatique : dans un contexte où le continent africain ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la RDC veut que les pays industrialisés assument leurs responsabilités en soutenant les efforts africains par des contributions concrètes et prévisibles.

3. Transformer la conservation en levier de développement : le gouvernement souhaite faire de la transition écologique un moteur d’emploi et d’inclusion.

Le programme « La Forêt, c’est nous » et les projets verts tels que le Couloir vert Kivu-Kinshasa symbolisent cette volonté d’ancrer la croissance économique dans la durabilité.

La ministre a également confirmé le soutien officiel de la RDC à l’initiative Tropical Forest Forever Facilities (TFFF), portée par le Brésil, qui vise à mobiliser des financements pour les forêts tropicales. Une alliance Sud-Sud stratégique à quelques semaines de la COP30.

Les défis à surmonter : du discours à l’action

Si les ambitions sont claires, les défis techniques et institutionnels demeurent considérables. Parmi eux :

  • La gouvernance du marché du carbone, où la RDC veut défendre une approche souveraine et transparente ;
  • La lutte contre l’exploitation illégale du bois et la déforestation, qui fragilisent la crédibilité des engagements nationaux ;
  • Le renforcement des capacités locales en matière de gestion forestière, d’adaptation climatique et de suivi des projets carbone.

Marie Nyange Ndambo a insisté sur le besoin d’une mobilisation collective et durable : « Le climat n’est pas une affaire lointaine : il touche nos récoltes, notre santé, nos villes, notre sécurité. Protéger l’environnement, c’est protéger notre avenir. »

Un tournant dans la diplomatie climatique congolaise

La Semaine congolaise du climat est aussi un exercice de leadership diplomatique : la RDC veut s’imposer à Belém comme porte-voix du Bassin du Congo, deuxième poumon de la planète, mais aussi comme négociateur-clé du Sud global face aux grandes puissances économiques.

L’approche de Marie Nyange Ndambo repose sur une nouvelle architecture climatique congolaise :

  • Une gouvernance participative ouverte à la société civile ;
  • Une économie climatique orientée vers la création d’emplois verts ;
  • Et une diplomatie environnementale proactive qui lie protection écologique et souveraineté nationale.

Vers un leadership climatique africain

En clôturant son discours, la ministre a lancé un appel fort à la jeunesse et aux partenaires internationaux : « La RDC fait sa part de conservation, mais elle ne peut pas être le pompier du monde sans moyens. Elle est prête pour l’action, mais elle ne peut pas agir seule. »

Cette Semaine nationale du climat marque ainsi un tournant : celui d’un pays qui assume pleinement sa responsabilité écologique tout en revendiquant un rôle moteur dans la gouvernance climatique mondiale. Pour Kinshasa, la route vers Belém s’annonce comme un moment de vérité — entre espoir, réalisme et ambition verte.

Jonas Eugène Kota

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