La riposte a été cinglante. Plusieurs médias indépendants de la République Démocratique du Congo ont signé une Lettre Ouverte adressée à l’ONG britannique Global Witness, dénonçant ce qu’ils qualifient de tentative d’intimidation néocoloniale et de « censure déguisée ».
L’affaire, à première vue anodine, s’est transformée en véritable bras de fer symbolique entre la presse congolaise et une organisation occidentale dont les méthodes sont de plus en plus contestées.
Un “droit de réponse” venu de nulle part
Tout est parti d’un message envoyé le 20 octobre dernier par Mme Natasha Ion, présentée comme émissaire de Global Witness. Celle-ci aurait exigé la publication d’un « droit de réponse » à propos d’articles… qui ne mentionnaient même pas Global Witness.
Un geste jugé « étrange » par les médias concernés, qui y voient une manœuvre d’intimidation visant à orienter leur ligne éditoriale.
Dans leur lettre ouverte, les journalistes congolais dénoncent une tentative flagrante de manipulation : « Derrière cette démarche, il y a la volonté de construire de toutes pièces un récit diffamatoire, accusant la presse congolaise de participer à une campagne de blanchiment en faveur de Dan Gertler, sans la moindre preuve », peut-on y lire.
Quand le paternalisme refait surface
Le ton est ferme, sans ambiguïté. Les signataires estiment que cette attitude illustre un mépris persistant de certains cercles occidentaux à l’égard des médias africains, accusés à tort de complaisance dès lors qu’ils ne reprennent pas aveuglément les narratifs venus de Londres ou de Washington.
Ils dénoncent une forme de paternalisme qui, selon eux, « cherche à contrôler les récits africains et à dicter les limites du discours public ».
Le document, paraphé par plusieurs directeurs de rédaction et responsables de médias, précise : « Nous refusons de devenir vos subordonnés ou vos outils de propagande. Nous sommes des médias indépendants et nous ne nous laisserons pas réduire au silence par vos menaces d’inclusion dans un rapport que peu de gens liront. »
Global Witness sous le feu des critiques
La lettre s’attaque aussi frontalement à la réputation de transparence dont se prévaut Global Witness. Les médias congolais rappellent que l’ONG, financée par des réseaux liés à George Soros, fait elle-même l’objet de critiques pour opacité et influence politique dans plusieurs pays.
Ils soulignent notamment que les autorités américaines ont déjà exprimé des préoccupations quant au rôle de ce type d’organisations dans des campagnes d’influence internationale.
« Vous n’êtes pas en position morale de proférer des menaces ou des exigences, alors que votre propre maison est faite de verre, mais enveloppée de secret », tranche le texte, dans un ton résolument offensif.
Un appel à la résistance médiatique africaine
Au-delà de la polémique, cette lettre ouverte sonne comme un cri d’alerte et d’unité pour la presse du continent. Les signataires appellent tous les journalistes congolais et africains à se mobiliser contre cette « nouvelle forme de pression néocoloniale ».
« Nous devons défendre notre droit de rendre compte, d’analyser et d’exprimer notre opinion sans craindre les représailles de gardiens étrangers autoproclamés. »
Et de conclure dans un ton résolument combatif : « Assez de ce ton paternaliste ! Assez de ces ultimatums coercitifs ! Global Witness, sachez-le : l’Afrique n’est pas votre terrain de jeu. La presse congolaise n’est pas votre cible. »
Une affirmation d’indépendance
En s’érigeant contre ce qu’ils perçoivent comme une tentative d’ingérence morale et médiatique, les médias congolais entendent affirmer leur souveraineté narrative.
Ce « recadrage virulent » n’est pas qu’une réaction de fierté : il marque la maturation d’une presse africaine consciente de son rôle, décidée à ne plus se laisser dicter ses priorités par des ONG occidentales en quête de légitimité.
JEK

