De la terre étrangère où sa patrie l’a contraint au bannissement, Joseph Kabila Kabange renaît. À ses lieutenants, comme le rapporte Aubin Minaku qu’il vient de remettre en selle, il a prévenu clairement : « fini le moment du silence, des actions clandestines. Maintenant c’est le moment des actions ouvertes, je m’assume ». Et comment donc !?
Des lointaines terres étrangères d’Afrique qu’il écume depuis près de cinq ans, Kabila, tel un phoenix, reprend pleinement position au milieu des oripeaux du pouvoir.

Symbole pour symbole, en Namibie où il a été invité aux derniers hommages à Sam Nujoma – la légende de la SWAPO -, il s’est vu parer des atours d’Etat : tapis rouge, protocole d’Etat, haie d’honneur dès l’aéroport, fanion républicain, etc.; puis, cerise sur le gâteau, installation protocolairement stratégique au milieu des chefs d’Etat en fonction ou honoraires.
Et pas des moindres, parmi lesquels des légendes des luttes indépendantistes et émancipatrices du Continent comme celui dont l’Afrique de l’Ubuntu est allée saluer la mémoire. Parmi ces légendes, plusieurs ont, sous sa propre présidence, eu à prêter et/ou prêtent (encore) leurs bons offices à la pacification de la RDC, son pays où, ironie de l’histoire , il ne sait pas se rendre aujourd’hui.

Accolade avec Thabo Mbeki, ancien Président sud-africain qui conduisit le Dialogue intercongolais géniteur du « pacte républicain » aujourd’hui mis à mal.

Retrouvailles chargées d’émotions avec l’ami angolais Joao Lourenço, aîné dans le combat mais cadet dans les charges d’Etat. Lourenço qui vient de passer au moins deux années à rapprocher (encore ?) Kinshasa et Kigali avant de rejoindre le perchoir de l’Union Africaine.
Et aussi Emerson Mnangagwa, cet autre ami historique zimbabwéen encore en fonction. Mais également Joachim Chissano, le voisin aimant ; Khamma Lan du Botswana, etc. Sans oublier la veuve de Georges Mugabe dont la salutation typiquement africaine – les deux genoux au sol – au deuil n’est pas passée inaperçue.

Quand, au milieu de ce beau monde et de cet agencement du protocole, on entend comme en écho Antonio Goutterez, le Secrétaire général de l’ONU, clamer et proclamer à haute et intelligible voix que la solution à la crise congolaise se trouve en Afrique, on ne se ferait plus aucune illusion : tout est communication.
Tel un horloger suisse, Joseph Kabila semble donc avoir millimétré son come-back tout en prenant la main sur le front de la communication dont il bat magistralement la musique.

Alors que sa tribune n’a pas encore fini d’être décortiquée, l’ancien chef de l’État se fend d’une nouvelle sortie médiatique à travers une interview à Windhoek dont l’annonce, tout juste, soulève déjà des boucliers. Sur X, au moins 9 mille vues déjà sur cette annonce de Barbara Nzimbi, la « Charcom » du Raïs : « Avant de quitter la Namibie ce lundi 03 mars où il a assisté aux obsèques de Sam Nujoma, le Président Kabila a abordé les questions d’actualité dans une interview accordée à la télévision nationale namibienne, poursuivant ainsi ses sorties médiatiques sans langue de bois ».

Rien à faire : The Kingakati’s gentleman farmer is back !
Jonas Eugène Kota