À l’issue d’une session extraordinaire, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a donné son feu vert, vendredi, pour lancer une enquête sur les exactions commises dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les 47 États membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ont accepté de lancer, vendredi 7 février, une enquête sur les exactions dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une offensive éclair du groupe armé M23 et des troupes rwandaises.
Le projet de résolution présenté par la République démocratique du Congo a été adopté sans vote, à l’issue d’une session extraordinaire, a indiqué le président du Conseil. « Nous appelons ce Conseil à tenir le Rwanda responsable de ses crimes », avait demandé un peu plus tôt le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya aux diplomates.
« Nous nous opposons catégoriquement aux tentatives de la RDC de présenter le Rwanda comme responsable de son instabilité dans l’est de la RDC », a déclaré de son côté James Ngango, ambassadeur du Rwanda auprès des Nations unies à Genève.
« Si rien n’est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l’Est, mais aussi au-delà de la RDC », a alerté pour sa part le chef des droits de l’Homme de l’ONU, Volker Türk, affirmant que le risque d’escalade de la violence dans la région « n’a jamais été aussi élevé ».
« Faites taire les armes »
Kinshasa a demandé cette réunion extraordinaire, avec le soutien de près de 30 des 47 pays membres du Conseil dont la Belgique et la France, après que le M23, soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières.
« Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés », a indiqué Volker Türk, se disant « très préoccupé par la prolifération d’armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcée d’enfants ». Son équipe vérifie les multiples allégations de viol et d’esclavage sexuel à travers les zones de combat.
Volker Türk a demandé l’ouverture d' »une enquête indépendante et impartiale sur les violations et les abus aux droits humains, et les violations du droit international humanitaire, commises par toutes les parties ». Plus de 77 organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, ont publié une lettre commune appelant aussi à une enquête internationale.
Le projet de résolution déposé par la RDC demande au M23 et au Rwanda « de mettre immédiatement fin » à ses violations dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Il prévoit « établissement d’urgence » d’une mission chargée d’examiner les violations commises depuis janvier 2022, dans le but d’identifier les « auteurs de crimes » afin qu’ils puissent par la suite être jugés.
« Faites taire les armes, arrêtez l’escalade », a exhorté jeudi le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.La communauté internationale et des pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali.
Avec AFP