RDC/Lutte contre la vie chère : Mukoko Samba incompris de son époque !

Daniel Mukoko Samba s’est-il fourvoyé avec ses mesures annoncées comme visant à lutter contre la vie chère ? Un débat anime actuellement les rencontres des intellectuels ainsi que des opérateurs économiques sur ce train des mesures initiées par le Vice premier ministre en charge de l’économie pour, notamment, parvenir à la maîtrise et la baisse des prix de certains produits de consommation courante sur le marché.

D’aucuns vont jusqu’à reprocher au professeur Mukoko Samba d’avoir trahi sa science en prenant le contre-pied des réalités avec le risque de compromettre la production intérieur déjà précaire. D’autres l’accusent de rouler pour les importateurs au détriment des producteurs intérieurs qui se verraient asphyxier par les produits concurrents sur leur propre marché.

Mais l’audace qui sous-tend la prise de telles mesures dans un pays aussi frileux, ainsi la stature scientifique de son initiateur aurait pu susciter plus d’intérêt que de donner lieu aussi facilement à l’expression d’un certain conservatisme basé sur une dangereuse résignation face l’inextricabilité apparente de la situation.

Mukoko Samba, qui est manifestement incompris, a pourtant su sauter le pas pour saisir véritablement le terreau par les cornes.

Le train des mesures initiées par Mukoko Samba

À sa prise de fonction, le nouveau patron de l’économie sous le Gouvernement Suminwa avait initié une réflexion au sein de son cabinet et avec différents cercles de réflexion par rapport à la situation de vie chère qui enfonce chaque jour le pouvoir d’achat du citoyen le plus démuni.

Lors de la dixième réunion ordinaire du Conseil des ministres présidée par le Chef de l’État en date du vendredi 23 août, le Patron de l’Economie Nationale avait soumis le projet de Décret modifiant et complétant le Décret n°23/124 du 30 décembre 2023, portant, entre autres, mesures fiscales et parafiscales pour lutter contre la vie chère. Ce décret cible un total de 24 actes dont certains sont totalement supprimés, d’autres réduits de 5%, 25% et 50%.

La mise en application de ce décret porte aujourd’hui des résultats unanimement reconnus.

D’autres mesures ont ciblé le marché de régulation intérieur ainsi que la surveillance et le contrôle des prix.

Selon l’esprit de ce projet de Décret, ce train de mesures consistent, au niveau du Ministère de l’Economie, à évaluer et à certifier sur procès-verbal les stocks existants et en cours ayant traversé les frontières. Elles consistent également à relever les prix en vigueur avant la mise en œuvre des mesures; contrôler les taux de change appliqués par les gros importateurs et distributeurs ; faire respecter la réglementation sur les circuits de distribution et le cumul des marges bénéficiaires, cumul des fonctions ; dissocier les charges du chargeur affréteur et celles de l’importateur dans le cas où c’est le même opérateur, et éviter de répercuter les charges qui incombent au premier dans la structure des prix du second.

Au cours de cette même réunion, Mukoko Samba avait aussi présenté et défendu le projet portant mesures légales, réglementaires et de police supprimant les barrières illicites, étant unanimement reconnu que celles-ci impactent les prix des biens de première nécessité. Cette mesure est assortie des sanctions aux personnes qui sont à la base de la création de ces barrières.

Le projet ciblait aussi la révision de l’Arrêté ministériel portant mesure d’exécution de la Loi organique relative à la liberté des prix et à la concurrence, spécialement en matière des prix ; la révision de l’Ordonnance-loi fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central, et la mise en place d’une perception unique de toutes les taxes.

La révision de tout cet arsenal juridique avait donc pour but de répondre au social des Congolais, et cela conformément au pilier y relatif du Programme économique du Gouvernement inspiré par la vision du Chef de l’Etat.

Loin d’avoir voulu inventer la roue en initiant ce train de mesures, Mukoko Samba, en enseignant averti, s’est donné le temps de réfléchir attentivement pour écouter les indicateurs macro économiques et comprendre les déterminants du moment. Et en élargissant le regard, on constate que ce spécialiste de l’économie a eu le même réflexe que d’autres économistes comme lui face à des contextes similaires sous d’autres cieux.

Des mesures qui font école et récoltent du succès ailleurs

C’est, en tout cas, le cas du Cameroun qui a adopté un train de mesures similaires.

Cameroun : les allègements à la qui perd gagne En mars 2024, en effet, le gouvernement camerounais avait aussi pris un train de mesures visant également à lutter contre les pertes post-récoltes, un secteur qui évoluerait quasiment en informel, faute du soutien de l’Etat. Une situation qui faisait que près de la moitié de la production agricole du Cameroun pourrissait sur pied.

Ramener toute cette production sur le marché formel avec les facilités accordées par l’Etat garantirait l’augmentation automatique de l’offre et donc, la baisse généralisée des prix. Le Ministre du Commerce du Cameroun n’a pas eu du mal à obtenir la baisse des prix de chaque produit, en vertu de la loi de l’offre et de la demande. Plus la production et le bénéfice productif augmentent avec la canalisation de ces produits vers le marché formel contrôlé, plus les prix des produits agricoles diminuent, et les camerounais en tirent le meilleur gain dans leurs assiettes.

Sur la même lancée, l’autre train de mesures a consisté en la subvention de l’agriculture sous forme de prime à la production, étant donné que ce sont les exploitations familiales qui fournissent les ménages au Cameroun. Mais puisque ces exploitations familiales évoluent plus généralement dans l’informel, le gouvernement camerounais a décidé de les subventionner, ce qui a eu pour effet de voir ces exploitations doubler de production.

Cette augmentation de la production, qui a entraîné celle de l’offre sur le marché, a entraîné, par ricochet, la baisse considérable des prix.

Dans le même ordre des mesures et pour boucler la chaîne de production, le gouvernement camerounais a aussi décidé de promouvoir les semences améliorées. La logique derrière cette mesure veut qu’en généralisant les variétés améliorées et en maintenant le même niveau de travail à travers le pays (sans efforts supplémentaires), l’on a multiplié la production et inversé durablement la courbe des prix sur le marché.

Sénégal : l’école de la révolution de la jeunesse Autre champ d’observation, le Sénégal. Pas plus tard que le jeudi 13 juin 2024, le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye, qui était très attendu sur le terrain de sa thématique électorale de lutte contre la vie chère, avait déclenché son train de mesures allant dans ce sens. Deux mois et demi après son installation au pouvoir, le gouvernement Faye récolte un franc succès au regard de la satisfaction observée aussi bien dans le camp des consommateurs que des importateurs, vendeurs, grossistes et autres détaillants.

Les nouvelles autorités sénégalaises ont su négocier avec les importateurs, les huiliers et les meuniers la baisse des tarifs du sucre, du riz, de l’huile et du pain. Et sa promesse de créer des boutiques-témoin pour encourager la baisse de prix a tenu. Résultats : sur la baguette de pain, la réduction de 15 FCFA devrait être plus facile à appliquer, car ayant été négocié avec le patronat sur base de la promesse du gouvernement de suspendre les droits de douane sur le blé à partir du mois d’août pour compenser cette baisse.

Les Sénégalais espèrent que ces mesures ne sont qu’un début au regard de cet autre challenge sur la baisse du prix du riz qui a presque doublé en trois ans.

Et le gouvernement Faye n’a pas oublié le secteur informel où le Sénégal a créé un système interministériel pour la formalisation dont chaque acteur étatique a une responsabilité dans la chaine de valeur de la formalisation qui est l’identification, selon les différents paliers du secteur informel, la digitalisation des données, l’accompagnement pour l’accessibilité aux fonds ainsi que la disponibilité du foncier. Ils ont compris que pour réussir dans ce domaine de formalisation, il faut une communication optimale tournée vers les bénéficiaires, des allègements fiscaux ainsi que des mesures incitatives pour attirer le plus grand nombre d’acteurs, dudit secteur à se formaliser.

Mukoko Samba incompris de son époque !

Ces exemples, et tant d’autres suffisent pour tordre le cou aux pourfendeurs des mesures initiées par le VPM Mukoko Samba.

Loin d’avoir inventé la roue, en effet, il a pris ce train de mesures en réponse aux attentes du Programme économique du Chef de l’Etat.

Mukoko Samba aura eu le mérite d’avoir fait une lecture objective et sans complaisance des contraintes économiques pour dégager la juste mesure qui fait déjà bouger les lignes, et cela n’en déplaise à ceux qui hurlent avec les loups car, au moins, la caravane avance.

Jonas Eugène Kota

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