Les Missions d’Observation Électorale sont défiées par un nouveau métier : électorat reporter photo-vidéo…
De quoi réveiller et énerver Patrice-Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila, très montés de voir leurs enfants et petits-enfants politiques livrés à un fratricide par des forces qui les ont toujours rendus coupables de tous les maux dont souffre la RDC ! Qu’à cela ne tienne ! Relevons seulement l’intrusion, pardon l’invasion, dans nos réseaux sociaux, des rapports favorables à l’équipe Kadima. De quoi réactiver les réminiscences…
Et les réminiscences nous ramènent à des extraits comparés. En voici le résultat : «Dans l’ensemble, le vote a eu lieu dans des conditions calmes et paisibles quoique, la présence de groupes armés illégaux, a entravé l’acheminement du matériel électoral dans certaines localités à l’est du pays. Des incidents de violences isolés dans, ou à proximité des bureaux de vote ont également été signalés le jour du scrutin» (…). «Malgré plusieurs échéances non respectées dans le calendrier électoral, la CENI a respecté le délai constitutionnel global et a assuré le respect d’élections périodiques. A quelques exceptions, le processus électoral a été tenu pacifiquement». Premier extrait.
Deuxième extrait : «*Malgré de sérieux problèmes opérationnels et sécuritaires, les élections se sont déroulées dans les délais constitutionnels (…). La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et ses responsables dans tout le pays ont fourni des efforts très importants pour déployer le matériel et le personnel nécessaires dans les bureaux de vote».
Ces deux extraits sont d’une même mission d’observation électorale. Leur particularité ? Ils sont séparés, tenez bien, de *11 ans*. Final, le premier remonte à 2012. Préliminaire, le second date du 21 décembre 2023. Source commune : *Centre Carter*.
Autre morceau choisi : la recommandation du *dialogue politique. Le rapport du Centre Carter de 2012 l’émet en page 71 en ces termes : «…le Centre encourage tous les congolais à adhérer à un dialogue politique inclusif, à un examen approfondi de l’administration électorale, et c’est par l’utilisation de moyens légaux que les Congolais seront en mesure de revendiquer leurs droits», tandis que celui de la mission d’observation de l’Union africaine de 2023 l’exprime par cette formule : «La MOE-UA exhorte les autorités, les acteurs politiques et toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue, et à créer un cadre de dialogue politique ouvert et inclusif aux fins de préserver la cohésion nationale et la stabilité politique, nécessaires au renforcement de la paix et du développement de la République Démocratique du Congo».
Finalement, on a l’impression qu’effectivement «qui se ressemble s’assemble ». Mieux, qui s’assemblent se ressemblent…
INTRUS IMPOSSIBLE À CONTRÔLER : L’ÉLECTORAT LUI-MÊME
Au fait, dans toutes sociétés humaines, les civilités exigent de ne pas massacrer, moins encore discréditer la personne qui vous invite.
En l’espèce, c’est la Céni qui invite les missions d’observation électorale (MOE) en passant cependant par le Gouvernement représenté par le ministère des Affaires étrangères. Les MOE étrangères et internationales sont des invités de marque de l’Etat congolais. Ceci de un.
De deux, aucune MOE, nationale, étrangère ou internationale, n’a la capacité physique, matérielle et financière de placer autant d’observateurs qu’il y a des Bureaux de Vote et de Dépouillement (BVD).
Pour le processus électoral en cours, la Ceni en a ouvert 75.400. Déjà, la plus grosse MOE nationale est celle du tandem CENCO-ECC. Sa représentation se limite au tiers. On imagine alors la capacité d’observation d’une mission d’une centaine de membres sur un territoire de 2.345.000 km2, en plus sans voies et moyens de communication viables et fiables.
Aussi, toutes les MOE étrangères et internationales sans exception font de la sous-traitance ! Et là, la politisation gère le reste. Euphémisme pour dire qu’elle fausse tout, surtout quand la rédaction a des consignes.
Juste pour l’exemple : en 2011, une MOE avait vu son n°2 refuser de contresigner le rapport préliminaire parce que l’ayant estimé « déformé », au regard de la version initiale.
Aujourd’hui, un intrus impossible à contrôler, si ce n’est que par la coupure d’Internet, est entré dans l’observation électorale : l’électorat lui-même. Il assure personnellement et librement son monitoring avec pour matériel de travail son téléphone muni de caméra photo et vidéo.
Résultat : là où la Céni s’auto-satisfait d’avoir organisé de très bonnes élections, l’électeur ou l’électrice lui balance le contraire, preuves à l’appui.
Avec WhatsApp, Instagram et Tik Tok etc., plus rien n’est « cachable ». Bourrage d’urnes ? Dysfonctionnement d’un kit ? Retard dans l’ouverture d’un BVD ? Dissimulation d’un PV ? Débordement des agents de la Céni ? Brutalité sur un électeur, une candidate ou un agent de l’ordre, panne d’électricité, monnayage des voix : à la minute même, ça se fait savoir si bien que Institutions de la République, institutions d’appui à la démocratie, administration publique, corps diplomatique, organisations politiques et sociales, communauté internationale, petit peuple, tous sont au courant au même moment.
Par voie de conséquence, pendant que la Céni banalise des incidents graves qui se sont produits dans plusieurs sites du 20 décembre à ce séjour, les MOA sont débordées elles-mêmes par les preuves du contraire. Et pour ne pas se laisser piéger par la vérité implacable, les médias sont obligés de se démarquer des MOE.
Fini l’époque des «*Titres pompeux au contenu sablonneux» (dixit Vincent de Paul Lunda Bululu). Vive maintenant *«RD Congo : des élections qui laissent un goût amer, entre désordre et contestation»* (Colette Braeckman/Le Soir), ou, la veille du vote « Elections en RDC : retour en vidéo sur un scrutin aussi crucial que chaotique » (Emeline Wilbercq/Jeune Afrique). Ceci le 21 décembre 2023. Ou encore, ce titre prémonitoire du Monde Afrique du 18 décembre : «*Elections en RDC : un scrutin qui s’annonce plus chaotique que jamais» !
Car les préparatifs des élections par le Bureau Kadima ne rassuraient pas.
Les MOE ont désormais le choix entre rapporter les réalités du terrain pour survivre, ou ménager les choux et la chèvre, et… disparaître.
Quand on réalise qu’au pays des patriotes – où on se fait facilement qualifier d’étranger au moindre désaccord (un vrai désastre national) – on commence maintenant à revendiquer les rapports électoraux des missions étrangères, missions qui elles-mêmes se retrouvent dans leurs petits souliers face à un peuple résolu à se prendre en charge pour témoigner du chaos, c’est qu’on moisonne ce qu’on a semer : la désillusion !
Omer Nsongo die Lema
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