Kakobola 5 ans sans production d’électricité : Kikwit, Gungu et Idiofa victimes des caprices politiciennes

Pourquoi la lumière n’a-t-elle toujours pas jailli du barrage hydroélectrique de Kakobola dans le Kwilu ? Ç’est la question que se posent les kwilulais de Kikwit, Gungu et Idiofa depuis que le passage du Chef de l’État est venu leur rappeler leur douloureuse situation d’une antilope qui meurt de soif les pattes dans l’eau.

Travaux achevés en 2016, Kakobola bloqué depuis pour le transport et la distribution de l’électricité
En effet, débutés en 2012, les travaux de construction du barrage de Kakobola avaient été achevés en 2016 conformément au contrat de départ passé entre le gouvernement et la société indienne Angélique International. Il restait alors quelques menus travaux de finition, mais aussi la construction des lignes de transport et de distribution de l’électricité. Ces travaux nécessitent (le présent de conjugaison est de taille), entre autres, l’aménagement de la voie routière et des ponts dont l’état ne permet pas l’acheminement de certains équipements.
Il y a également le besoin de signature d’un nouvel avenant pour intégrer la construction des lignes électriques dans le travail d’Angelique International. Mais aussi le paiement de la quote-part de l’Etat congolais dans le projet.

Tshisekedi relance Kakobola deux ans après son accession au pouvoir
Si l’on peut comprendre que les turbulences électorales n’avaient pas permis de faire évoluer ce dossier entre 2016 et 2019, on ne sait pas comprendre comment et pourquoi la finalisation de ce projet traîne depuis ces cinq dernières années. Surtout pour un projet d’une si haute importance pour lancer des programmes de développement dans cette partie du pays. Kakobola pèse, en effet, un peu plus de 10 MW pouvant permettre de soutenir une industrie locale et ainsi créer des richesses et de l’emploi générateur de revenu.

Pour certains analystes, cette lethargie rentre dans l’attitude du régime qui a systématiquement gelé les programmes, projets et réalisations initiés par le régime précédent de Kabila. « Même des projets d’intérêt vital ont été bloqués simplement pour des caprices politiciennes, mais pour ne pas être remplacés par autre chose », constate, désolé, un observateur.
Et il n’a pas tort, car c’est seulement à partir de juin 2022, soit une année et demi seulement avant les élections, que le projet du barrage de Kakobola entre officiellement dans les discussions au sein du Gouvernement. Plus précisément lors de la 57ème réunion du conseil des ministres tenue en date du 10 juin 2022.
C’est à cette occasion que le Chef de l’État annonce avoir envoyé une délégation en Inde pour relancer le partenaire Angélique International. À cette occasion également qu’il instruit le ministre des finances pour débloquer la contrepartie du gouvernement et d’examiner, avec tous les services concernés, comment accorder au contractant les facilités dont il a besoin pour exécuter les travaux qui restent afin que le Kikwit et d’autres contrées soient enfin électrifiés.
Entre janvier 2019 et juin 2022, deux années et demi s’étaient écoulées depuis que le nouveau régime était déjà en place ; et un peu plus d’une année qu’il avait l’entier contrôle de l’appareil de l’Etat après avoir dégagé le FCC.
Et puis plus rien. Il va falloir attendre 50 autres réunions du conseil des ministres pour que le barrage de Kakobola ne revienne dans l’actualité du gouvernement. C’est, en effet, à la 107eme réunion du conseil des ministres, tenue le 4 août 2023 – soit une année et deux mois – que le ministre des ressources hydrauliques et de l’énergie va faire rapport de l’évolution du « processus de construction » de la ligne électrique, mais le compte-rendu de cette réunion n’en donne pas plus de détails.

Jusqu’en août 2023, les attentes des contractants n’étaient toujours pas satisfaites
Le ministre reconnaît que la contrepartie du gouvernement a été versée, mais fait savoir que depuis le 19 mai 2023, les contractants MEC et APSPL sollicitaient un troisième avenant pour pouvoir parachever les travaux au 31 octobre 2023 alors qu’ils devaient prendre fin au 30 mars de cette année.
Lors de cette réunion du conseil des ministres, le ministre des ressources hydrauliques et de évoquait les raisons des nouveaux regards dans l’évolution des travaux. Il parlait de nouveau du mauvais état de la route, de la lenteur pour les autorisations de certains paiements ou encore des entraves douanières qui bloquent l’enlèvement des conteneurs, etc.
Une intervention du gouvernement était donc nécessaire pour décanter toutes ces situations malgré les instructions données par le Chef de l’État lui-même depuis juin 2022.
Aujourd’hui , à la mi-décembre 2023, cinq années après, Kikwit, Gungu et Idiofa souffrent toujours de la non entrée en activité du barrage hydroélectrique de Kakobola. Une situation due a ce qui apparaît clairement comme une grosse négligence, voire un désert, à tous les niveaux en raison d’un manque manifeste de volonté, d’un grave déficit de leadership et d’un désintérêt de ce projet qui revient aujourd’hui à l’actualité à travers de nouvelles promesses électorales.
CP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *