Affaire Okende: Amorce d’enquête peu rassurante, des questions de confiance à la Cour constitutionnelle

Notre excellent confrère trio-hebdomadaire Africanews développe, dans son édition de ce lundi 17 juillet 2023, une puissante analyse de l’amorce de l’enquête et ses pistes sur l’assassinat, jeudi dernier à Kinshasa, du Député national de l’opposition Chérubin Okende Senga. A travers une série de 30 questions, le confrère visite de fond en comble les premières déclarations et le comportement des instances judiciaires, dont la Cour constitutionnelle, dès l’annonce de ce meurtre révoltant pour déceler des traces peu rassurantes quant aussi bien à la volonté qu’à la disposition des organes compétente à aller véritablement vers la vérité et le fond de cette délicate affaire.
De la vérification sept mois après, des déclarations des biens de Chérubin Okende après son départ du Gouvernement (pourquoi lui seul ?) aux conditions de sécurité dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle en passant par plusieurs autres détails suspects, le confrère ne laisse rien au hasard.
Bien d’autres questions peuvent être posées autour de cette affaire dont, notamment, la situation des policiers de garde à la haute Cour le jour de la tragédie. Sont-ils en détention comme le garde du corps d’Okende ? Ou encore l’empressement de Mvonde, Procureur général près la Cour de cassation, à analyser, en les divulguant devant la presse, des éléments d’enquête dont le comportement du Garde du corps d’Okende par rapport au GPS du véhicule, etc.
Des questions et tant d’autres qui aiguisent la curiosité et la vigilance des Congolais qui sont déterminés à empêcher que cette affaire de Chérubin Okende ne sombre pas dans les dédales des questions sans réponses comme le drame de Floribert Chebeya à ce jour. Il faut battre le fer quand il est chaud, dit-on.
Congo Guardian propose, ci-dessous, les 30 questions d’Africanews à la Cour constitutionnelle.

Questions de confiance à la Cour constitutionnelle

1) Si, à l’évidence, des ministres du Gouvernement Sama Lukonde 1 étaient entrés en conflit avec l’article 99 de la Constitution, pourquoi la Cour Constitutionnelle a-t-elle attendu près de 7 mois pour s’intéresser au patrimoine de l’ancien ministre des Transports Chérubin Okende plutôt que de le faire fin janvier 2023?

2) La Cour Constitutionnelle a-t-elle publié la liste des autres membres du Gouvernement Sama Lukonde 1, démissionnaires volontaires en décembre 2022, pour rejoindre Moise Katumbi dans l’Opposition, comme Chérubin Okende, Christian Mwando et Véronique Kilumba ou qui ont été purement et simplement remaniés en mars 2023 comme Daniel Aselo, Modero Nsimba, Serge Nkonde, etc., et qui auraient aussi été invités aux mêmes dates à communiquer leurs patrimoines respectifs, assortis des copies des lettres d’invitation et des accusés de réception des intéressés?

3) En marge de ces invitations éventuelles, si elles existent, des anciens membres du gouvernement Sama Lukonde, autres que le seul Chérubin Okende, quel dispositif d’accueil de ces personnalités la Cour Constitutionnelle a-t-elle mis en place?

4) Quel était l’ordre d’arrivée de ces anciens membres du gouvernement Sama Lukonde invités à la Cour Constitutionnelle?

5) La Cour Constitutionnelle peut-elle dire aux enquêteurs, et en même temps à la Nation et au monde, quel autre ancien ministre du gouvernement Sama Lukonde, à part Chérubin Okende, était attendu à la Haute Cour dans la semaine du 10 au 16 juillet 2023?

6) C’est connu du monde entier aujourd’hui que Chérubin Okende a été enlevé par des supposés criminels dans l’enceinte de la Cour Constitutionnelle, en pleine journée, et aux heures de travail. La Cour Constitutionnelle a-t-elle déjà ouvert une enquête interne sur ce qui s’est passé de dramatique dans ses propres installations?

7) Que renseigne le rapport circonstancié des services de la Cour Constitutionnelle sur l’enlèvement de cet opposant politique de premier plan, dans les installations de la Cour?

8) Les éléments de la Police nationale commis à la sécurité des installations de la Cour Constitutionnelle ont-ils déjà été entendus?

9) Qu’ont-ils fait au moment où des criminels présumés enlevait Chérubin Okende dans les installations de la Cour Constitutionnelle qu’ils sont sensés sécuriser, au vu et au su du public présent sur les lieux des faits?

10) Le Juge Sylvain Lumu de la Cour Constitutionnelle, qui a lancé l’invitation à l’origine des circonstances du crime, a-t-il été entendu pour donner sa version des faits?

11) L’enquête a-t-elle déjà déterminé avec qui Chérubin Okende était en contact à la Cour Constitutionnelle?

12) Quelle est l’identité de l’agent de la Cour Constitutionnelle qui a fait parvenir l’invitation à Chérubin Okende, c’était où, et comment?

13) Cet agent avait été envoyé par qui dans cette tâche? Qui lui avait payé le transport?

14) Le député national Chérubin Okende a été enlevé vraisemblablement, selon les médias, le mercredi 12 juillet 2023, dans les installations de la Cour Constitutionnelle, en pleine journée, aux heures de service, et sous la clameur publique, devant un public médusé et révolté. L’enquête en cours a-t-elle déjà entendu quelques témoins qui ont assisté et vécu cet événement malheureux de l’enlèvement de cette personnalité, opposant politique?

15) L’opinion peut-elle savoir, dans les détails, ce qu’ont rapporté les différents témoins de cet enlèvement de mercredi qui a fini par un assassinat odieux le jeudi matin?

16) La Cour Constitutionnelle elle-même a-t-elle recueilli le même jour, à chaud, et sur place, les récits des témoins de ce présumé enlèvement criminel intervenu dans ses propres installations?

17) Qui détient ces témoignages et qu’en a fait l’enquête en cours, notamment sur la description des criminels venus opérer en pleine journée devant la plus haute Juridiction de la République, et leur itinéraire après le forfait, partant de la Cour Constitutionnelle?

18) Selon ces témoignages probables, les présumés criminels ont opéré à pieds, ou étaient-ils véhiculés?

19) Ces présumés criminels étaient armés ou non?

20) Selon les témoins, quelle a été la réaction des éléments de la Police nationale commis à la sécurité des installations de la Cour Constitutionnelle face à cet enlèvement?

21) La Cour Constitutionnelle a-t-elle déjà transmis aux enquêteurs l’ensemble de ce dossier criminel, censé être en sa possession, oui ou non?

22) Si oui, pourquoi personne n’en parle à l’opinion choquée?

23) Si pas encore, qu’attend la Cour Constitutionnelle pour le faire?

24) Le Juge Sylvain Lumu de la Cour Constitutionnelle, auteur de l’invitation adressée au pauvre Chérubin Okende, vient du quota réservé au Président de la République. Le jour de son assassinat, Chérubin Okende était député national. Peut-on dire à l’opinion nationale si le Bureau de l’Assemblée nationale a déjà écrit à la Cour Constitutionnelle pour obtenir les éléments concordants relatifs à l’invitation et à l’enlèvement présumé, dans les installations de la Cour, de l’honorable Député national Chérubin Okende?

25) Si l’Assemblée nationale a déjà écrit, quelle suite a-t-elle reçue? Et pourquoi personne n’en parle?

26) Si la Cour Constitutionnelle a déjà répondu, par écrit, dossier en annexe, qu’à fait l’Assemblée nationale de ce dossier venu de la Cour Constitutionnelle et retraçant tous les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité?

27) Les supposés criminels qui ont enlevé, puis assassiné l’opposant politique Chérubin Okende, un père de famille, ont choisi d’agir en plein jour, dans les installations ou devant une institution de l’Etat. Comment ces criminels sont-ils arrivés à la Cour Constitutionnelle?

28) Ils ont procédé comment et sont repartis dans quelle direction avec leur victime?

29) Ces présumés criminels étaient habillés précisément comment, et avaient quel profil?

30) Le 12 juillet, peu après 20 heures, les médias et Ensemble pour la République ont alerté sur l’enlèvement du député national Chérubin Okende vers 15h dans le parking de la Cour constitutionnelle. La Haute Cour n’a-t-elle pas été saisie de ces alertes? A-t-elle, à son tour, alerté le ministère de l’Intérieur, la Police et les services de sécurité pour dispositions éventuelles? Si non, pourquoi?

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