Le Conseil d’administration du FMI conclut, le 28 juin 2023, la quatrième revue de l’accord de facilité élargie de crédit avec la République démocratique du Congo en autorisant un décaissement immédiat de Usd 203,3 millions en faveur des réserves internationales. Cette quatrième revue est, cependant, assortie d’un certain nombre d’inquiétudes du FMI aussi bien sur les perspectives économiques nationales que sur la gestion financière et macroéconomique du pays, etc.
En ordonnant le décaissement de la quatrième revue, en effet, le FMI dit avoir tenu compte « des risques élevés de détérioration des perspectives économiques et de la nécessité de continuer à constituer des réserves ». Cette institution financière internationale attire également l’attention sur le fait que « les pressions macroéconomiques actuelles et les risques imminents exigent une politique budgétaire prudente pour préserver la viabilité budgétaire et la stabilité macroéconomique ». Cette stabilité, poursuit le FMI, doit être « soutenue par une politique monétaire plus restrictive pour réduire les pressions inflationnistes ».
Un signal de préoccupation sur la forte propension, ces derniers temps, par une forte sollicitation des décaissements échappant de plus en plus systématiquement au pacte passé entre le Gouvernement et la Banque centrale, notamment en ce qui concerne l’abolition des décaissements en procédures d’urgence sans passer par la chaîne normale de la dépense.
Le FMI fait savoir, par ailleurs, que « le programme reste axé sur l’assainissement budgétaire par la mobilisation des recettes intérieures, la réduction des dépenses non prioritaires et l’amélioration de l’efficacité des dépenses, la constitution de réserves jouant un rôle d’amortisseurs et la capacité à formuler des politiques, ainsi que le renforcement de la gouvernance ». Ici également, le FMI attire l’attention sur la qualité de la dépense qui, en RDC, ne correspond pas toujours avec les priorités et les urgences qui se posent au pays. Trop de dépenses de prestige augmentent la pression financière et accroît les contraintes sur les dépenses essentielles et incompressibles.
Ci-dessous l’intégral du communiqué du FMI.
Washington, DC : Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu aujourd’hui la quatrième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République démocratique du Congo (RDC) approuvé le 15 juillet 2021 (voir PR 21/217). L’achèvement de la quatrième revue a permis un décaissement immédiat équivalent à 152,3 millions de DTS (environ 203,3 millions de dollars) pour soutenir les besoins de la balance des paiements, ce qui porte le total des décaissements à ce jour à 761,5 millions de DTS (environ 1 017 millions de dollars).
Les performances macroéconomiques de la RDC font preuve de résilience malgré une incertitude élevée, renforcée par l’escalade du conflit armé dans l’est de la RDC et les élections à venir à la fin de 2023. La croissance du PIB réel est estimée à 8,9 % en 2022, soutenue par une production minière plus élevée que prévu, qui a également entraîné une augmentation significative des recettes. L’inflation a atteint 13 % à la fin de 2022, alimentée par les pressions sur les dépenses et la dépréciation du taux de change connexe, et ce malgré une baisse des prix à l’importation. Le déficit de la balance des transactions courantes s’est creusé pour atteindre 5,3 % du PIB, la croissance plus forte des exportations n’ayant que partiellement compensé l’augmentation des importations et la détérioration du compte des services.
À la fin de 2022, les réserves internationales brutes atteignaient 4,5 milliards de dollars (environ deux mois d’importations). Le déficit budgétaire intérieur à la fin de 2022 est estimé à 1,2 % du PIB, conformément aux engagements du programme, bien que la taille et la composition des dépenses soient différentes, principalement en raison de l’augmentation des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité, compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire créée par l’augmentation des recettes.
L’exécution budgétaire jusqu’en mai 2023 révèle que les dépenses exceptionnelles demeurent élevées et que les autres dépenses sont sous-exécutées, dans un contexte de baisse des recettes.
Les progrès réalisés dans le cadre du programme demeurent satisfaisants. Tous les critères de réalisation à fin décembre ont été respectés. Tous les objectifs indicatifs à fin 2022 ont été atteints, à l’exception de deux d’entre eux : celui relatif au plancher des dépenses sociales et celui relatif au plafond des garanties de la banque centrale pour les prêts de l’administration centrale, en raison de lacunes dans le suivi et bien qu’aucune nouvelle garantie n’ait été octroyée.
Tous les repères structurels ont été respectés, à l’exception de celui relatif à la publication des contrats miniers, en raison de retards. Les autorités ont désormais publié tous les accords liés au contrat minier renégocié avec Ventora et au contrat pour la coentreprise Primera Gold.
À l’issue de la discussion du Conseil d’administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante :
« L’économie de la République démocratique du Congo a fait preuve de résilience, malgré l’escalade du conflit dans l’est et l’effet persistant des chocs passés. La croissance est estimée à 8,9 % en 2022, avec une inflation plus élevée que prévu car les dépenses publiques rapides ont accéléré la dépréciation du taux de change. Le conflit dans l’est a pesé sur les finances publiques ; des recettes inférieures aux prévisions en 2023 et des dépenses exceptionnelles plus élevées limitent les autres dépenses prioritaires. Malgré ces vents contraires, les résultats obtenus dans le cadre de la facilité élargie de crédit (FEC) restent globalement satisfaisants. Les perspectives de croissance restent favorables, tandis que les risques, liés au conflit dans l’est du pays, aux élections de fin 2023 et aux chocs négatifs sur les termes de l’échange, sont orientés à la baisse ».
Le déficit budgétaire devrait diminuer en 2023, ce qui aidera la politique monétaire à freiner l’inflation. La baisse des recettes et l’augmentation des dépenses exceptionnelles justifient un contrôle des dépenses et une redéfinition des priorités, tout en poursuivant les efforts de mobilisation des recettes. L’amélioration de l’efficacité des dépenses, des contrôles plus stricts sur les dépenses dans le cadre des procédures d’urgence et une meilleure gestion de la trésorerie permettront d’améliorer l’exécution du budget et de dégager une marge de manœuvre pour les dépenses sociales et de développement indispensables. Des progrès dans les réformes structurelles budgétaires, notamment celles liées à la fonction publique, à la subvention des carburants, la chaîne des dépenses et au fonctionnement du Trésor, la gestion des investissements publics et la crédibilité du budget, sont nécessaires pour améliorer l’efficacité des dépenses et la gouvernance.
La volonté de resserrer davantage la politique monétaire, de renforcer le cadre de la politique monétaire et d’améliorer l’indépendance et les sauvegardes de la banque centrale favorisera la stabilité des prix. L’accumulation de réserves contribuera à renforcer la résistance aux chocs extérieurs. La promulgation des règlements relatifs à la nouvelle loi bancaire renforcera la surveillance et la résilience financières.
Les réformes visant à renforcer l’État de droit et le système judiciaire, à lutter contre la corruption, et à améliorer la transparence dans le secteur minier et les finances publiques sont essentielles pour améliorer le climat des affaires en vue de favoriser l’investissement privé et la diversification économique. Il est également essentiel d’agir pour sortir de la liste grise du GAFI et de mettre en œuvre le nouveau cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La mise en œuvre de l’ambitieux programme climatique du pays serait également importante compte tenu de la vulnérabilité du pays au changement climatique.
(Source : FMI)