Des policiers de garde de la SMB volatilisés, le prévenu requiert la comparution du conseiller spécial de Félix Tshisekedi sur un rapport émanant du CNS et qui parle du statut de ces policiers fantômes, mais qui ne porte aucune signature.
Le procès opposant, devant la haute cour militaire, le ministère public au prévenu Edouard Mwangachuchu a pris une autre tournure qui risque de voir tout le commandement de la police du Nord-Kivu passer de renseignants à prévenus. Les dernières audiences ont, en effet, dégagé une négligences de leur part, qui confinent à une complicité quant à l’identification des éléments commis à la garde des mines de la société SMB dont la propriété est attribuée à Mwangachuchu qui ne cesse de le nier.
Tous les hauts officiers venus de Goma ont reconnu que ces policiers ne figurent pas sur leurs listes et qu’ils n’ont pas de numéro matricule les identifiant comme tel auprès de l’Etat congolais qui, cependant, continue de les rémunérer. Mais à la dernière audience, le Ministère public a cherché à localiser ces unités fantômes pour constater qu’elles se sont littéralement volatilisées.
Interrogeant le Commissaire provincial de la PNC au Nord-Kivu, François Xavier Aba Van, sur la localisation actuelle des policiers commis à la garde de la SMB à Masisi, celui-ci a déclaré péremptoirement qu’ils se trouveraient à Sake sans donner de précision.
« L’unité se trouve à Saké, je ne saurai pas vous dire actuellement la situation de cette unité qui se trouve à Sake. Nous ne faisons pas la situation chaque matin non plus », a déclaré le général François Xavier Aba Van.
Une déclaration qui a mis le Ministère public hors de lui pour l’amener à considérer que ces unités ont fait défection, avant de fustiger la désorganisation apparente de la police dans cette province pourtant de haute sécurité. « Monsieur le commissaire, vous nous faites très mal. Regardez à quel niveau vous êtes très mal organisés », a-t-il dit avant de s’adresser au Président du Tribunal militaire : « Monsieur le président, nous vous informons que cette unité n’existe plus. Tout le monde a fait défection. C’est ce que le commissaire provincial refuse de dire ici ».
Et de révéler que « l’Auditeur supérieur a été chargé d’interpeller le commandant de cette unité là-bas », mais que celui-ci « est en fuite parce qu’il n’a pas d’éléments à nous fournir. Il ne répond pas aux invitations de l’Auditorat ».
Mwangachuchu réclame la comparution du Conseiller spécial du chef de l’Etat
Sur cette même question, et au cours de la même audience, le prévenu Édouard Mwangachuchu et son co-prévenu Robert Mushamalirwa ont sollicité auprès de la Haute cour militaire la comparution du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. Les avocats du prévenu ont justifié cette requête en expliquant que le rapport du Conseil National de Sécurité (CNS) présenté par le ministère public ne porte pas de signature, alors qu’il porte justement sur les policiers commis à la protection du site minier de SMB. Le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité devrait donc venir à la barre pour fournir des explications.
« Lors de l’instruction, le ministère public a fait allusion au rapport du Conseil national de sécurité et il a cité le conseiller spécial du Chef de l’État », a fait savoir l’un des avocats avant de relater le déroulé des faits : « Dans les dépositions du commissaire provincial ici présent, Aba Van, il a évoqué une question relative à la COOPERAMA d’un côté et la SMB de l’autre. La préoccupation est la suivante : pour accorder la force probante aux écrits, au rapport et tout ce qui pourrait requérir le jugement, il y a ce qu’on appelle les mentions substantielles pour accorder le crédit. Ici il s’agit d’une lettre de transmission du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. On ne sait pas qui l’a rédigé, dans quelle circonstance il a été rédigé. Il n’a ni signature, ni le nom de la personne n’est pas connu. Apparemment il y a des éléments qui forcent la certitude de culpabilité de notre client ».
Et de conclure, sans appel : « Nous aimerions que votre Haute cour puisse faire venir le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité ».
La Haute cour avait renvoyé l’affaire à ce vendredi 16 Juin pour poursuivre les auditions des renseignants.
Édouard Mwangachuchu et son co-prévenu sont soupçonnés de collision avec le M23 issu du CNDP dont Mwangachuchu fut le présent jusqu’à sa défection par les FARDC en 2013. Ils sont poursuivis pour trahison, participation à un mouvement insurrectionnel et détention illégale d’armes de guerre. Ces poursuites ont été ordonnées à la suite de la découvertes des armes de guerre à la résidence d’Edouard Mwangachuchu à Kinshasa et dans les locaux de sa société SMB à Masisi, dans le Nord-Kivu.
JDW