Kinshasa : Didier Tenge parti, le sol se dérobe sous Gentiny Ngobila

Sur Top Congo, le désormais ex-ministre de l’Intérieur avait dénoncé l’incompétence du commandement de la police provincial face à la montée des kulunas et de 90% des bourgmestres qui avaient été mis en place par la Gouverneur (alors FCC) à sa prise de fonction. Sa démission intervient alors que Ngobila accumule au moins 22 mois d’arriérés de salaire de son cabinet, des ministère provinciaux ainsi que des frais de fonctionnement de l’administration provinciale

Les jours sont-ils à ce point comptés pour Gentony Ngobila à la tête de la ville-province de Kinshasa ? L’actualité nationale de ces derniers temps tend à occulter la vie institutionnelle de la capitale qui n’est pas, loin s’en faut, un long fleuve calme, surtout pour le géniteur de « Kin Bopeto ».

Depuis un bon moment, en effet, les salons capitonnés de la capitale congolaise grouillent de propos évoquant la fin de vie de Ngobila comme Gouverneur au terme d’un bilan jugé très largement déficitaire. Aussi bien sur le plan de la sécurité de la ville que de la salubrité, et sans oublier les autres aspects managériaux de la territoriale, cet ancien Gouverneur de Maïndombe semble donc avoir fait l’unanimité d’un désaveu que partagent les sociétaires de l’Union sacrée, sa nouvelle famille politique où il s’est réfugié en « fuyant » le FCC qui l’a porté à la tête de la ville. Plus encore, Ngobila doit ses derniers jours à l’effilochement de ses appuis à la présidence. Ici aussi, en effet, ses parapluies sont tombés en disgrâce et Ngobila Mbaka, qui espérait compter sur l’apport de son parti politique, l’ACP, à la réélection de Tshisekedi, a perdu tous ses repères.

Le bilan déficitaire de Ngobila sur la sellette

Aujourd’hui, analyse-t-on à l’Union sacrée, son bilan déficitaire est plutôt contreproductif pour Fatshi dont les stratèges réfléchissent déjà sur d’autres lignes d’action. La perspective de l’élection d’un nouveau Gouverneur, après l’éviction de Ngobila, est donc plus que jamais sur la table. Et on avance que l’arrivée de Gérard Mulumba procèderait de cette stratégie, mais sans pour autant que le feu follet des kinois de Kingabwa soit forcément la roue de remplacement.

La démission de Didier Tenge Te Litho du poste plus que stratégique de ministre provincial de l’Intérieur, sécurité et justice retentit de plus bel comme le glas de Ngobila à l’hôtel de ville. L’ancien Bourgmestre de Kintambo – arrivé au Gouvernement provincial comme Ministre de l’environnement avant de prendre l’intérim de Dolly Makambo après son jugement et son emprisonnement pour meurtre – n’a donné aucune justification de sa démission dans sa lettre. Gentleman, il a plutôt remercié son « patron ». « Je profite de l’occasion pour vous renouveler toute ma gratitude pour l’honneur que vous avez bien voulu marquer à mon endroit, en me nommant, depuis le début de la formation de votre gouvernement, aux différentes fonctions prestigieuses que j’ai pu assumer avec tant de détermination et dévouement », peut-on lire en effet.

Didier Tenge avait dénoncé l’incompétence de 90% des Bourgmestres et du commandement de la police provinciale de la ville de Kinshasa

La réalité est que depuis belle lurette, Tenge te Litho ne partageait pas du tout la gouvernance de son Gouverneur sur une ville qu’à vue d’oeil, il voyait partir à vau-l’eau. On se souvient, en effet, du passage, voici quelques mois seulement, de Tenge te Litho dans l’émission « Le Débat » sur Top Congo où il n’avait pas mis ses gants pour qualifier la gestion des communes et de la question des kulunas.

Sans fard, en effet, Didier Tenge avait déclaré que 90% des bourgmestres de la ville étaient incompétents. Des bourgmestres qui avaient été mis en place par Ngobila à sa prise des fonctions, et cela au mépris des dispositions légales qui ne lui en donnent pas compétence.

On se souvient du bras-de-fer qui l’avait opposé, à l’époque, au VPM de l’Intérieur Gilbert Kankonde qui dû s’incliner suite aux appuis solides de Ngobila à la présidence de la République.

Quant à la situation sécuritaire de la ville, particulièrement le cas des kulunas dont l’ampleur poussait déjà au déplacement des populations de leurs quartiers d’habitation, le ministre de l’Intérieur d’alors déplorait l’insuffisance des moyens d’action de la police, certes. Mais il stigmatisait sans détour le déficit des capacités intrinsèques du commandement de la police.

Sur le même sujet, Didier Tenge déplorait les dispositions légales et réglementaires qui le privait, lui patron de la sécurité, des moyens de coercition sur les forces de police et de sécurité placées sous sa responsabilité mais qui ne peuvent répondre que du Ministre national de l’Intérieur et, à la limite, du Gouverneur de la ville. Une façon, pour lui, de dire que s’il en avait une parcelle de pouvoir, il aurait déjà balayé le commandement de cette police provinciale. Une façon aussi de remettre en cause l’autorité du Gouverneur qui se montre indifférent face aux déficits que lui décelait dans le commandement de la police.

Un départ sous 22 mois d’arriérés de salaire

« Garçon de bonne vie », comme on l’appelle, et pétri d’ambition – il rêve de briguer un jour, le Gouvernorat de Kinshasa, Didier Tenge Te Litho, n’en pouvait donc plus depuis belle lurette, et a décidé de mettre fin au massacre de la gouvernance. Un départ qui intervient à un moment particulier où les kinois n’en reviennent pas encore d’apprendre que Gentiny Ngobila cumule, « à l’actif de son déficit de gouvernance », au moins 22 mois d’arriérés de salaire qui partent déjà de son propre cabinet pour se répandre au Gouvernement provincial et à l’administration de la vile qui manque jusqu’au papier pour son fonctionnement.

Ainsi sonne-t-il le glas pour Ngobila ?

JDW

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