Alors que les entreprises, publiques comme privées, ne ménagent aucun effort pour être au diapason des normes managériales des derniers crus, la Société nationale des hydrocarbures du Congo (Sonahydroc) affiche un archaïsme managérial qui contraste gravement avec son ambition de se positionner comme opérateur majeur du secteur des hydrocarbures en RDC. En juillet dernier, en effet, la Sonahydroc a conclu avec l’UBA un accord de financement de Usd 130 millions qui devraient lui permettre de devenir un acteur majeur du secteur comme premier fournisseur de carburant à l’Ouest de la RDC. Ce pactole devrait lui permettre d’aider l’Etat à réduire ses manques à gagner versés aux entreprises de distribution des produits pétroliers.
Cette perspective suppose la disponibilité d’un soubassement d’expertise pouvant répondre aux exigences de la nouvelle compétitivité qui attend l’entreprise. Mais la Sonahydroc entre dans cette nouvelle dimension avec le confort du fonctionnarisme qui s’y est installée au fil des années d’inactivité et, manifestement, de gros déficit du sens managérial des différents gestionnaires qui s’y sont succédés depuis sa création après la chute du régime mobutiste.
Sous les lambris de son imposant bâtiment situé sur Comité urbain à Gombe, la Sonahydroc héberge un personnel en déphasage manifeste avec les normes modernes de gestion, déjà par la quasi inexistence de l’outil informatique à tous les niveaux de l‘immeuble. Des agents soutiennent que seuls 3 directeurs sur 10 sont capables de manier un ordinateur contre 7 cadres seulement qui l’ont déjà touché sur 20.
Ceci renvoie au besoin plus large de formation et de mise à jour des connaissances. Une denrée plutôt rare à la Sonahydroc où, quand elle est disponible, elle se distribue au profit d’une poignée de privilégiés.
En fait de formation, ceux qui ont accès à leur gestion y ont trouvé plutôt une source de revenu. Ce sont, en effet, presque les mêmes qui bénéficient des formations aussi bien à l’étranger que localement, même sur des matières qui ne correspondent pas à leurs fonctions. Cette situation installe peu à peu la jalousie et la révolte chez d’autres cadres et agents, même si, globalement, on ne sait pas trop ce qu’ils peuvent faire de toutes ces formations dans une entreprise qui n’affiche aucune ambition de grandeur.
Une ambition qui pourrait déjà se traduire par le standing des installations, le dynamisme du travail, la disponibilité d’une connexion internet ou d’un site web de la boîte, etc. A La Sonahydroc, tout ceci n’est qu’une vue d’esprit, un monde bien à part par rapport à cette boîte aux allures de la fonction publique bien congolaise.
Et la situation n’est guère reluisante aux échelons inférieurs où l’entreprise est en train de disparaître par petits morceaux. Les ateliers de soudure ou de peinture, la tour mécanique, la tôlerie ou encore la section menuiserie sont à l’arrêt pendant que son personnel vieillit et se trouve presque totalement à l’article de la retraite. Comme les célèbres Papa Théo et Kakule après qui le garage va définitivement fermer si rien n’est fait entre-temps.
Pour l’heure, la Sonahydroc ne dispose même plus de pompistes propres. Elle a préféré confier ce travail à un privé, l’Afric intérim, contre paiement, alors que des économies auraient été réalisées si l’entreprise disposait de ses propres pompistes.
Même la surveillance des installations et des différents sites et biens de l’entreprise a été externalisée et se trouve confiée à un service de gardiennage, Maximum Protector, dont les agents seraient incompétents et mal traités par leur patron.
Et lorsqu’on remonte dans les bureaux de moins en moins climatisés, n retrouve un personnel administratif et d’appoint démotivé et également vieillissant. Nombre de secrétaires de direction sont allées voir ailleurs et sont replacées par de nouvelles qui ont sérieusement besoin d’une mise à niveau.
Mais malgré ce tableau désolant, les hauts responsables ne ressentes rien au regard du traitement salarial qui contraste net avec la santé peu reluisante de l’entreprise. Selon des sources bien introduites, en effet, la Directrice générale reçoit un traitement de Usd 8.000 contre 7.000 pour son adjoint, pendant que le Directeur surnage avec 1.500 Usd et que le dernier agent s’en tire avec 199$.
Bref, à la Sonahydroc, on marche carrément la tête à l’envers…
A.O