Vidiye Tshimanga : Le tombeau est vide, la croix aussi ou la théorie de deux bonbons…

De l’affaire des 15 millions de dollars à Vidiye Tshimanga en passant par tant d’autres scandales qui ont vu se dilapider des centaines de milliers de dollars, la RDC est devenue comme un pays des miracles où les placards, comme les tombeaux, sont vides, autant que la croix où il y eu mort d’homme, pendant que la lutte contre la corruption bat son plein dans… le discours.

« Le contraire aurait étonné », crient presqu’en chœur les Congolais à l’annonce de la mise en liberté provisoire de Vidiye Tshimanga Tshipanda. Faisant l’objet d’une information judiciaire pour corruption, abus de pouvoir et trafic d’influence, l’ancien conseiller spécial du chef de l’État en charge des questions stratégiques n’aura séjourné que moins d’une semaine à la prison centrale de Makala après sa mise en détention provisoire par le Procureur général près le parquet du Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe. Nul doute que le Golden boy – Maestro pour les intimes – va s’ajouteront à la déjà longue liste des bénéficiaires des mesures de liberté provisoire, de grâce présidentielle et même d’acquittement et renvoi de fin de toute poursuite pour des affaires de prédation financière qui ont vu disparaître des centaines de millions de dollars ces quatre dernières années. Des affaires qui ont, presque toutes, leur épicentre au sein même des institutions et, plus encore, au sommet de l’État pour la plupart d’entre eux.

Vidiye Tshimanga est dans la ligne de mire de la justice pour son implication dans une enquête de faux investisseurs, enquête qui a mis à nu des pratiques prédatrices et le mode opératoire des prédateurs de ces temps nouveaux. Cette enquête se basait sur l’évidence de la commission de ces pratiques en RDC malgré l’antenne de la lutte contre la corruption.

Usd 15 millions des pétroliers et la sarabande des prestidigitateurs

Mais avant Tshimanga, son régime s’ouvre en 2019 avec la rocambolesque affaire des 15 millions de dollars de rétrocession de la subvention des produits pétroliers. Cette affaire implique des personnalités haut placées à la présidence de la République ainsi qu’aux ministères des hydrocarbures et de l’économie. Des noms sont des acteurs et des bénéficiaires  sont consignés dans des documents et des traces sans équivoques sont retrouvées à la Rawbank d’où ce pactole est pompé en sept chèques pour ne laisser que quelques centaines de dollars sur le compte.

Lorsque l’Inspection générale des finances largue ses flics pour connaître le fin mot de cette affaire, il est stoppé net par le Directeur de cabinet du chef de l’État. Vital Kamerhe tance vêtement l’Inspecteur général Batubenga pour avoir ordonné cette enquête de l’IGF sans l’autorisation du chef de l’État auquel est directement rattaché cet organe.

Ironie du sort ou comble de la confusion, c’est le même Président de la République qui va demander de jeter un œil sur le rapport déjà produit avec les premiers éléments collectés avant de laisser la justice faire son travail.

Quatre ans après, les Congolais restent sans nouvelle de la suite et les bénéficiaires légaux des 15 millions n’ont vu la couleur d’aucun copeck.

Un peu plus d’une année plus tard, une affaire similaire, concernant cette fois-ci 80 millions Usd, va défrayer la chronique au niveau du Ministère des finances. Jules Alingete, Inspecteur général des finances, qui était auparavant Directeur de cabinet adjoint de la Ministre de l’Economie, Acacia Bandubola, va être cité dans cette affaire alors qu’il est déjà aux commandes de l’IGF. Mais le dossier va mourir dans la presse jusqu’à disparaître de l’actualité sans qu’aucune instance, dont la justice surtout, ne lève le moindre doigt.

Programme de 100 jours : un tonneau de Danaïde

Dans la même encablure du temps, le pays est secoué par une autre affaire, celle de plus de 450 millions de dollars engloutis dans le programme des 100 premiers jours du Président Tshisekdi. Suite à des soupçons de malversations financières, des gens sont arrêtés à tour de bras aussi bien sur le projet des sauts-de-mouton que ceux des maisons préfabriquées et des routes à construire et ou réhabiliter au Kasaï et dans le Kivu. Certaines des personnes arrêtées sont aussitôt relâchées au motif qu’elles auraient rapporté les fonds perçus pour des travaux non réalisés. Tous sont tout de même interdits de quitter le pays et de se tenir à la disposition de la justice, mais aujourd’hui presqu’aucun d’entre eux ne vit plus en RDC.

D’autres personnes vont continuer à être détenues et vont faire l’objet de procès qui aboutissent à des condamnations. Aujourd’hui, tout ce monde est libre après avoir été acquitté ou bénéficié de la grâce présidentielle.

Les Congolais vont, une fois de plus, rester sans nouvelles des travaux attendus de ce programme et le trésor public ne verra rien revenir pendant que les bénéficiaires des fonds se trouvent dans la nature, certains continuant même à évoluer au sein des institutions.

Mais toujours sur ce programme de 100 jours du chef de l’Etat, un autre larron s’en tire à meilleur compte, puisqu’il ne va séjourner que quelques heures au bureau du Procureur général près le TGI/Gombe. Lui, c’est l’UNC John Ntumba Panumpakole, Ministre de la formation professionnelle au moment du dossier. Avant d’entrer au Gouvernement, Ntumba, élu de Kananga, est chargé de coordonner les travaux de construction et de réhabilitation des routes ainsi que la lutte contre, les érosions à Kananga et à Mbuji-Mayi. Il gère un pactole de Usd 35 millions.

Lorsqu’il est attrait par la justice, les populations de ses sites des travaux ne voient pas le moindre mètre de route traitée ni la moindre tête d’érosion stoppée. Après avoir été entendu par la justice, il va rejoindre son siège à l’Assemblée nationale après la chute du Gouvernement Ilunkamba, et les 35 millions Usd vont rester sans suite.

Quatre année plus tard et comble de l’ironie ou suprême insulte aux Congolais, François Mwamba, coordonnateur d’un pompeux Comité de Pilotage de la Veille Stratégique (CPVS), va laisser entendre que le programme des 100 premiers jours du Président de la République aura été exécuté à 73%.

La vie nationale va ainsi être rythmée avec ce genre de scandales financiers qui vont finir par ne plus émouvoir personne. La lutte contre la corruption bat son plein dans le discours pendant que les prédateurs, nichés au sein des institutions jusqu’au sommet de l’Etat, vont opérer en toute liberté et sans la moindre inquiétude.

Fonds Covid : Eteni Longondo sort victorieux de Makala, la RDC couverte d’opprobre

A l’instar des fonds Covid dont un contrôle de l’IGF, suivi d’une enquête indépendante de l’OMS, va épingler Eteni Longondo, Ministre de la Santé. Floqué Udps, Longondo va occuper son poste dans le Gouvernement Ilunkamba jusqu’à sa chute. Retourné dans la vie civile, il va se prélasser à Kinshasa avant d’être mis en détention provisoire à la prison de Makala d’où il va sortir près d’une semaine après, brandissant de ses doigts le V de la victoire. Même s’il prétend avoir retourné les fonds querellés au trésor public, Longondo avait déjà consommé le délit de détournement mais bénéficiera de l’impunité jusqu’à reprendre ses louanges à Félix Tshisekedi dans les médias.

Quoi d’autres, l’affaire des cadres corrompus dans une banque, bien sûr. Ce sont ces membres d’une structure anti-corruption rattachée à la présidence qui vont faire la vedette dans une vidéo. Celle-ci les montre en train e retirer de l’argent au guichet d’une banque au titre d’un désintéressement. Les concernés vont être interpellés brièvement avant de recouvrer leur liberté et retourner vivre en Europe pour certains.

Ou encore ce conseiller du chef de l’Etat pris dans une affaire de plus de 5 millions Usd qui va connaître le même traitement avant de retourner, lui aussi, en Europe.

De l’affaire des 15 millions de dollars à Vidiye Tshimanga en passant par tant de scandales qui ont vu se dilapider des centaines de milliers de dollars, la RDC est ainsi devenue comme un pays des miracles où les placards, comme les tombeaux, sont vides, autant que la croix où il y eu mort d’homme. Egalement comme la fameuse théorie de deux bonbons du scabreux Jean-Marc Kabund.

On vous dit que les bonbons sont là, mais en réalité ils ne sont pas là. Et les arrestations-libérations ne sont plus que le modus operendi de la stratégie de fumigation pour endormir les Congolais Circulez, y a rien à voir…

Jonas Eugène Kota

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *