Marie Nyange Ndambo, révélation de la Jeanne d’Arc congolaise du climat

En à peine deux mois à la tête du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle Économie du Climat, la professeure Marie Nyange Ndambo s’impose comme une figure de proue de l’action climatique en République démocratique du Congo (RDC). À l’instar d’une Jeanne d’Arc moderne, elle est sortie de l’ombre pour incarner, ce jeudi lors d’un briefing de presse orchestré par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, un rôle de meneuse et stratège.

Une experte au service de l’urgence climatique

Formée aux deux extrémités de l’académie – docteur en économie à l’Université de Kinshasa puis docteur en foresterie à l’Université Laval (Canada, 2014) – Marie Nyange Ndambo incarne le mariage rare entre science, stratégie et politique.

Professeure à l’Unikin et chercheuse affiliée à Laval, elle a consacré plus de vingt ans à l’étude et à l’action dans les domaines de l’agro-économie, de la forêt et du développement durable.  Sa nomination le 8 août 2025 marque l’entrée d’une nouvelle ère au ministère.

Et en deux mois seulement, elle a mis en marche une stratégie de préparation à la prochaine COP 30 – qui se tiendra à Belém (Brésil) du 10 au 21 novembre 2025 – où la RDC veut jouer un rôle actif.

Le “grand oral” face à la presse : la stratégie déclinée avec clarté

Durant le briefing du 23 octobre, Marie Nyange a levé le voile sur les points majeurs de sa stratégie :

  • Elle a annoncé la tenue d’une « Semaine congolaise du climat », un cadre national de dialogue public-privé-société civile pour préparer la COP et harmoniser les prises de parole.
  • Elle a rappelé que l’environnement, la forêt et le climat ne sont plus affaires de seules administrations : « Public, privé, société civile travaillent ensemble pour construire des solutions. »
  • Elle a insisté sur le besoin d’une feuille de route nationale unifiée afin que la RDC « parle un seul langage » et soit perçue comme un « pays-solution » à Belém.
  • Elle a dévoilé les deux piliers de la participation congolaise à la COP 30 : le programme innovant « Couloir vert Kivu-Kinshasa » et l’initiative « La forêt, c’est nous », visant à mobiliser des fonds et à positionner la RDC sur le marché du carbone.

Elle a clairement déclaré : « Le discours doit s’accompagner d’instruments de mobilisation des fonds… Ce sont ces outils-là qui attirent l’argent. »

Ce « grand oral », comme l’a qualifié un observateur, a révélé non seulement une ministre rigoureuse mais aussi une stratège capable de traduire en mots simples une ambition complexe.

Le bilan fulgurant de ses deux mois à la tête du ministère

En moins de 60 jours, Marie Nyange Ndambo a aligné son action sur plusieurs fronts :

1. Appel à l’action concrète et à la justice climatique

Elle a placé l’urgence climatique au cœur de son discours, exhortant les dirigeants mondiaux à passer des promesses aux actes. Elle a souligné l’injustice : l’Afrique émet à peine 4 % des gaz à effet de serre, et pourtant elle subit les conséquences les plus lourdes.

2. La RDC comme acteur de la finance climatique

Dès septembre 2025, lors de la célébration des dix ans de l’Fonds de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI), elle a plaidé pour que la RDC soit intégrée à son conseil d’administration, une demande saluée comme légitime par le directeur exécutif d’ONU.

Elle a repositionné la RDC non plus comme simple bénéficiaire mais comme un acteur capable de négocier et de capter les ressources vertes.

3. Préservation des écosystèmes et promotion des peuples autochtones

Sous sa conduite, le ministère travaille à finaliser la politique nationale forestière avec l’ambition de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le programme « La forêt, c’est nous » a été présenté comme une réponse aux feux de brousse, aux incendies de forêt et aux enjeux de gouvernance forestière.

Par ailleurs, elle a affirmé que les terres des peuples autochtones doivent être protégées; elle a participé à un dialogue de haut niveau sur cette question en septembre.

4. Développement de la nouvelle économie du climat

Elle a misé sur la traduction des engagements en actes concrets : création d’emplois verts, autonomisation des femmes rurales, éducation environnementale et accès équitable aux financements climatiques.

Lors d’une rencontre à Addis-Abeba début septembre, elle a plaidé pour une RCA active de la RDC sur la scène internationale de la politique environnementale.

Une Jeanne d’Arc du climat, mais à visage institutionnel

Le portrait s’impose : peu de figures publiques en RDC ont, en si peu de temps, réussi à capitaliser à la fois sur la technicité, l’expertise académique et la force de conviction politique. Marie Nyange Ndambo apparaît comme cette femme-pilier, dotée de la « force de frapper les esprits », tout en gardant la stature d’un haut responsable d’État.

Son discours de ce jeudi a confirmé qu’elle ne s’agit pas simplement d’une nouvelle ministre mais d’une actrice de changement, prête à porter le message de la RDC dans l’arène climatique mondiale.

Les défis restent immenses

L’enthousiasme est entier, mais les défis demeurent : mobiliser les acteurs dispersés, transformer les promesses en financements tangibles, faire de la RDC un interlocuteur crédible sur la scène internationale, et surtout maintenir la cohérence interne pour éviter l’ordre dispersé qu’elle a vigoureusement dénoncé.

Mais, pour l’heure, la lumière est braquée sur elle. Et c’est dans ce ciel vert que Marie Nyange Ndambo trace son sillon, armée d’un souffle nouveau, d’une grande rigueur et d’une ambition claire : faire de la RDC non seulement un bénéficiaire de la diplomatie climatique mais un acteur majeur.

Jonas Eugène Kota

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