À quelques jours du sommet de la CIRGL et de la signature, le 23 octobre, de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda, Kigali franchit un nouveau seuil dans sa stratégie de contrôle des exilés hutus. En classant plusieurs leaders des FDLR comme « terroristes », le régime envoie un signal clair : tout retour volontaire sera puni. Cette mesure constitue une nouvelle entrave directe à l’exécution de l’Accord et un avertissement politique destiné à décourager tout rapatriement futur.
Le Financial Intelligence Center (FIC), l’organe rwandais chargé de surveiller les flux financiers suspects et de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, vient de publier une liste classant plusieurs leaders des FDLR en exil comme « terroristes ». Cette mesure, largement politique, menace directement tout projet de rapatriement de ces miliciens hutus et relance les tensions autour de l’exécution de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda.
Le Lieutenant Général Gaston Iyamuremye (alias Rumuli), le Général Major Pacifique Ntawunguka (alias Omega), le Colonel Sylvestre Sebahinzi (alias Zinga Zinga ZZ) et le Major Alphonse Munyarugendo (alias Monaco Dollar) figurent parmi les leaders FDLR désormais fichés comme terroristes.
Selon nos informations, certains de ces leaders vivraient encore à l’Est de la RDC, tandis que d’autres sont en exil dans les pays africains.
Cette inscription ne vise pas seulement à contrôler ces personnalités, mais à envoyer un signal politique à l’ensemble des FDLR encore en exil : toute idée de rapatriement volontaire vers le Rwanda sera considérée comme un acte hostile.
Le timing de cette publication, à quelques jours du sommet de la CIRGL et de la signature, le 23 octobre sauf changement, de l’Accord de Washington par les chefs d’État congolais et rwandais, ne laisse aucun doute sur son objectif : bloquer le retour des miliciens hutus et maintenir la pression sur la RDC et la communauté internationale pour continuer la criminalisation de ces groupes.
Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que Kigali marque son opposition au rapatriement des FDLR. En 2005, le Rwanda avait rejeté toute perspective de dialogue avec ces miliciens alors qu’ils venaient de déclarer, le 31 mars à Rome sous l’égide de la communauté de Sant’Egidio en collaboration avec le Gouvernement congolais, leur abandon de la lutte et leur condamnation du génocide. Une sortie qui avait été salué par le Secrétaire général de l’ONU de l’époque, Koffi Annan, et le Conseil de sécurité.
Lors des opérations de rapatriement volontaire menées dans le cadre du DDRRR entre 2008 et 2012 en RDC, le Rwanda s’était distingué par des actes de dispersion des miliciens et leurs familles chaque fois qu’ils s’étaient présentés volontairement et regroupés dans des camps en RDC, empêchant leur retour. Pire encore, certains miliciens rapatriés étaient soudoyés pour être recyclés et renvoyés en RDC afin d’attaquer les populations tutsis Banyamulenge, entretenant artificiellement un discours d’insécurité et justifiant les interventions militaires du Rwanda dans la région.
Il y a quelques jours à Bruxelles, le Président Kagame, relayé par son Ministre des affaires étrangères dans les réseaux sociaux, avait repoussé sans ménagement la main tendue de son homologue congolais Félix Tshisekedi qui lui proposait une paix des braves.
Cette nouvelle mesure du FIC constitue donc une répétition inquiétante de ces pratiques passées. En classant les leaders FDLR en exil comme terroristes, le régime de Kigali entrave gravement l’exécution du noyau dur de l’Accord de Washington, qui prévoit le rapatriement et la réintégration de ces miliciens dans leur pays. Derrière la façade d’une lutte antiterroriste, c’est donc un blocage politique et stratégique qui se dessine, au détriment de la paix et de la sécurité dans l’Est de la RDC.
Jonas Eugène Kota
À quelques jours du sommet de la CIRGL et de la signature, le 23 octobre, de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda, Kigali franchit un nouveau seuil dans sa stratégie de contrôle des exilés hutus. En classant plusieurs leaders des FDLR comme « terroristes », le régime envoie un signal clair : tout retour volontaire sera puni. Cette mesure constitue une nouvelle entrave directe à l’exécution de l’Accord et un avertissement politique destiné à décourager tout rapatriement futur.
Le Financial Intelligence Center (FIC), l’organe rwandais chargé de surveiller les flux financiers suspects et de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, vient de publier une liste classant plusieurs leaders des FDLR en exil comme « terroristes ». Cette mesure, largement politique, menace directement tout projet de rapatriement de ces miliciens hutus et relance les tensions autour de l’exécution de l’Accord de Washington entre la RDC et le Rwanda.
Le Lieutenant Général Gaston Iyamuremye (alias Rumuli), le Général Major Pacifique Ntawunguka (alias Omega), le Colonel Sylvestre Sebahinzi (alias Zinga Zinga ZZ) et le Major Alphonse Munyarugendo (alias Monaco Dollar) figurent parmi les leaders FDLR désormais fichés comme terroristes.
Selon nos informations, certains de ces leaders vivraient encore à l’Est de la RDC, tandis que d’autres sont en exil dans les pays africains.
Cette inscription ne vise pas seulement à contrôler ces personnalités, mais à envoyer un signal politique à l’ensemble des FDLR encore en exil : toute idée de rapatriement volontaire vers le Rwanda sera considérée comme un acte hostile. Le timing de cette publication, à quelques jours du sommet de la CIRGL et de la signature, le 23 octobre, de l’Accord de Washington par les chefs d’État congolais et rwandais, ne laisse aucun doute sur son objectif : bloquer le retour des miliciens hutus et maintenir la pression sur la RDC et la communauté internationale pour continuer la criminalisation de ces groupes.
Ce n’est pas la première fois que Kigali marque son opposition au rapatriement des FDLR. En 2005, le Rwanda avait rejeté toute perspective de dialogue avec ces miliciens alors qu’ils venaient de déclarer, le 31 mars à Rome sous l’égide de la communauté de Sant’Egidio et avec le soutien du gouvernement congolais, leur abandon de la lutte et leur condamnation du génocide. Lors des opérations de rapatriement volontaire menées dans le cadre du DDRRR, le Rwanda s’était distingué par des actes de dispersion des miliciens et de leurs familles regroupés dans des camps en RDC, empêchant leur retour. Pire encore, certains miliciens rapatriés avaient été rémunérés pour être recyclés et renvoyés en RDC afin d’attaquer les populations tutsis Banyamulenge, entretenant artificiellement un discours d’insécurité et justifiant les interventions militaires du Rwanda dans la région.
Cette nouvelle mesure du FIC constitue une répétition inquiétante de ces pratiques passées. En classant les leaders FDLR en exil comme terroristes, le régime de Kigali entrave gravement l’exécution du noyau dur de l’Accord de Washington, qui prévoit le rapatriement et la réintégration de ces miliciens dans leur pays. Derrière la façade d’une lutte antiterroriste, c’est donc un blocage politique et stratégique qui se dessine, au détriment de la paix et de la sécurité dans l’Est de la RDC.

