Les rideaux sont tombés ce lundi soir sur le forum national des médias pour la paix et la sécurité en temps de guerre. Pendant une journée, soit de 10h à 18 heures, les journalistes et professionnels des médias ont réfléchi sur les voies et moyens de renforcer le rôle des médias dans la promotion de la paix, la sécurité et la défense des droits humains en République Démocratique du Congo.

Les chevaliers de la plume ont également associé leur voix à la dénonciation des atteintes à la liberté de la presse.
Cette journée, initiée par JED et appuyée par le gouvernement, a aussi permis de capaciter les médias à la sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale sur la crise humanitaire et sécuritaire à l’Est du pays suite à l’agression rwandaise à travers ses supplétifs du M-23/AFC.

Une déclaration finale, reprise ci-dessous, a sanctionné ce forum de réflexion et de renforcement des capacités qui a également remis un document de plaidoyer au Gouvernement.
Pour y parvenir, le forum des médias pour la paix et la sécurité en temps de guerre a été marqué, à l’ouverture, par deux conférences inaugurales sur, d’une part, la genèse des crises dans les grands lacs et à l’Est de la RDC, et, d’autre part, les problématiques et enjeux de la démocratie, la bonne gouvernance et la bonne gouvernance en RDC.
Ces deux conférences ont été données par le Colonel Chris Yamba Tshintu et le professeur Isidore Ndaywel. Elles ont été suivies par deux panels de débats sur, respectivement, la communication de crise en période des guerres d’agression en RDC ainsi que la liberté de la presse et la sécurité des journalistes. Ces panels ont été animés par les professeurs Adolphe Voto et Emmanuel Kabongo Malu pour le premier, et par Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique de Reporter sans frontières, pour le second.
Un moment particulier à été réservé à des témoignages sur la situation des journalistes dans les territoires occupés. Dans l’ensemble , il a été décrit un environnement particulièrement hostile à l’exercice d’un journalisme libre et indépendant. Les journalistes vivent sous la terreur, du moins pour ceux qui restent travailler, car plusieurs d’entre eux ont fui ou se cachent.
Pendant ce temps, plus de 70 médias des zones occupées sont réduits au silence.
JDW

Déclaration d’engagement des professionnels des médias pour la Paix et la Sécurité face à la guerre d’agression contre la RDC par le Rwanda
Nous, professionnels des médias de la République démocratique du Congo réunis ce lundi 10 mars 2025 à Kinshasa au Forum national des médias sur la Paix et la Sécurité dans le contexte de la guerre d’agression que subit notre pays, à l’initiative de Journaliste en danger (JED) et de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), en accord avec le Ministère de la Communication et des Médias ;
Considérant la grave crise humanitaire et sécuritaire qui sévit principalement dans l’Est du pays, causant des millions des morts et des déplacés internes, ainsi que la destruction massive des infrastructures de base et le saccage des médias pour la plupart réduits au silence ;
Après avoir passé en revue toutes les initiatives et tentatives nationales, régionales et internationales pour ramener la paix en RDC mais n’ayant jusque-là pas encore produit les effets escomptés ;
Conscients du rôle et de la responsabilité des médias dans la sensibilisation de l’opinion sur les enjeux de la paix et la sécurité contenus dans les différents processus (Nairobi, Luanda, Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine et des Nations Unies) ainsi que la défense des droits humains en République Démocratique du Congo ;
Convaincus qu’il ne peut y avoir de paix durable en République démocratique du Congo sans le respect des principes démocratiques, le respect des droits humains, notamment de la liberté de presse et d’expression, la pratique de bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité ;
Réaffirmant notre volonté commune de contribuer au retour rapide de la paix, d’œuvrer en faveur de la cohésion nationale et du vivre-ensemble en République démocratique du Congo ;
Faisons la déclaration d’engagement suivante :
1. Dénonçons le climat général d’insécurité dans l’Est de la RDC, climat amplifié par la dernière occupation de quelques territoires des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par l’armée rwandaise et de ses supplétifs de l’AFC/M-23 ;
2. Nous insurgeons contre les graves atteintes à la liberté de la presse et les exactions dont sont victimes les professionnels des médias et les organes de presse, notamment dans les territoires occupés ;
3. Rappelons l’obligation pour toutes les forces belligérantes de respecter les droits fondamentaux et le droit international humanitaire, et principalement le droit constitutionnel à l’information ;
4. Demandons au Gouvernement de la République de respecter la liberté de la presse et de lever toutes les entraves au travail des journalistes nationaux et internationaux ;
5. Sollicitons du Gouvernement de la République les appuis et les facilités susceptibles de permettre aux professionnels des médias d’accéder à l’information et de couvrir de manière professionnelle les grands enjeux de l’heure (politique, sécuritaire et humanitaire) ;
6. Lançons un appel pressant à tous les professionnels médias de la RDC à faire preuve de la plus grande responsabilité dans le traitement des informations liées aux enjeux de l’heure et de bannir toute pratique susceptible de créer la division et d’exacerber les tensions ;
7. Appelons à une synergie d’actions entre les médias et les pouvoirs publics afin de favoriser les échanges d’informations, prévenir et lutter contre les atteintes à la liberté de la presse et assurer la viabilité des médias ;
8. Nous engageons en outre à accompagner toutes les initiatives susceptibles de promouvoir la cohésion nationale et le retour rapide à la paix ;
9. Exprimons toute notre proximité et notre solidarité à l’égard de tous les professionnels des médias vivant dans les territoires sous occupation ;
10. Demandons aux partenaires de la RDC de s’investir résolument dans les efforts pour le respect strict de différents accords signés en vue du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Ce qui implique le retrait de toutes les forces étrangères d’occupation.
Fait à Kinshasa, le 10 mars 2025
Pour les Organisations professionnelles des médias
UNPC, JED, FRPC, UCOFEM, JA, ANEAP, MILRDC, ANECO