RDC : « Vivement la 4ème République », le concept de Julien Paluku pour changer la Constitution

Dans le débat ambiant autour de la révision ou le changement de la Constitution en République démocratique du Congo, un personnage de poigne s’invite : c’est Julien Paluku Kahongya.

Actuellement ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku met dans cette bataille qu’il veut avant tout intellectuelle, tout le poids de son expérience aussi bien politique qu’académique, scientifique, sociale, sociologique, managériale, etc. Parce qu’en fait, l’homme a une stature transversale à tout ceci.

En effet, cadre de la territoriale pendant 21 ans (de 1998 à 2019), il est ministre au gouvernement central depuis 2019 jusqu’à ce jour.Julien Paluku est également technicien de développement formé à l’Institut supérieur de développement rural (ISDR-Bukavu), et doctorant à l’Université de Kinshasa.

Et sur la scène politique congolaise, il officie au Bloc Uni pour la Renaissance et L’émergence du Congo (BUREC), parti politique dont il est élu président national en 2015 puis décembre 2021.

C’est donc cette somme d’expériences et de compétences, qui lui offrent l’avantage d’un regard pluriel sur sa société, que Julien Paluku propose à ses compatriotes à travers son analyse basé sur son concept novateur : « Vivement la quatrième République ».

Pourquoi changer de constitution, selon JPK

Pour faire simple, ce concept se veut un appel au constat des limites atteintes par le cadre légal et politico-institutionnel de l’actuelle troisième République qui, elle, estimait tirer les leçons des deux précédentes républiques avec l’ambition de conduire les congolais vers leur destin de grandeur. Ambition, certes légitime, mais qui, de son avis, n’a pas pu être assouvie à cause justement des limites sus-évoquées.

Cette 4ème République est donc importante, soutient Paluku, 64 ans après parce que les trois précédentes Républiques n’ont pas été une panacée pour le pays.

Pour parvenir à cette conclusion et à formuler sa proposition, Julien Paluku dégage une lecture politologique en commençant par rappeler que depuis 1960, la première République jusqu’à la troisième République, la RDC a vécu un Etat fortement centralisé d’une part (1960-1997), ensuite un Etat non nommé de 1997 à 2001 avant de passer par une transition sans régime ni système politique claire (2001-2006) pour atterrir sur la constitution de 2006 qui propose un régime politique hybride : ni parlementaire, ni semi présidentiel, mais surfant entre les deux.

Ni État fortement centralisé, ni l’Etat unitaire fortement décentralisé n’ont été des solutions aux problèmes que la République Démocratique du Congo a connus, fait encore remarquer Julien Paluku qui constate qu’au milieu de tout cela et depuis 64 ans, le pays navigue entre tâtonnement, pauvreté et immobilisme.

S’inspirer de l’expérience française du passage de la quatrième à la cinquième République

Dans sa démarche politologique, Julien Paluku Kahongya emprunte des indicateurs importants pour une bonne analyse à Bertrand Badie, à travers son livre  »la politique comparée », pour évoquer une sociologie politique comparative et les acquis sur le plan de la connaissance des phénomènes politiques. Pour lui, en effet, la construction de la comparaison mène le bal pour le pouvoir politique comparé dans une déclinaison partant de la genèse et évoluant vers le développement puis le fonctionnement.

Kahongya jette aussi un regard sur la France qui inspire aux Congolais son expérience constitutionnelle, notamment son passage de la quatrième à la cinquième République par voie référendaire. Une réponse efficace à l’instabilité de la 4ème République où, en 13 ans, l’hexagone a connu 19 premiers ministres.

Et la République Démocratique du Congo n’est pas différente. La moyenne de vie des gouvernements est de 15 à 18 mois avec plus de 50 premiers ministres depuis 1960.

Le politologue, cadre de la territoriale et technicien de développement pense qu’il est temps d’expérimenter d’autres mécanismes comme le fédéralisme. 12 ans comme gouverneur de la province du Nord-Kivu étendue sur 59.000 Km2 avalant le Rwanda et le Burundi réunis ; avec des exemples comme l’ancienne province Orientale équivalant à la France et l’ancienne province de l’Equateur au Portugal. Et d’ajouter aussi que l’expérience des États-Unis d’Amérique doit nous servir de référence aussi.

Félix Tshisekedi a raison, soutient JPK

En plein 21ème siècle, Julien Paluku pense qu’il n’est plus indiqué d’interdire aux congolais de réfléchir. « D’autres congolais qui ont réfléchi pour produire le texte fondateur ne sont pas plus intelligents que nous pour penser que nous ne pouvons nous retrouver que sur le chemin que eux ont tracé », estime-t-il.

C’est pourquoi il soutient que le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi n’a pas tort de faire cet appel, « car ne sommes pas moins congolais que ceux qui se sont retrouvés à Sun City ».

Julien Paluku poursuit en affirmant que le moment est aujourd’hui indiqué pour ce changement. « Le contexte s’y prête ; nous sommes au début d’un mandat. On ne parle pas du changement de la constitution dans le temps suspect – In tempore suspecto – et on ne peut donc pas nous accuser de viser le glissement, car le moment est favorable pour réfléchir la tête froide », martèle-t-il.

Au mois de janvier 2025, la commission de réflexion annoncée par le chef de l’État doit être composée des anciens gouverneurs des provinces, anciens présidents des chambres parlementaires, anciens premiers ministres et chefs des gouvernements qui ont eu à exercer des fonctions pour apporter l’expérience de la gestion d’un État. Tous ceux qui ont été de tous les schémas dans la gestion de la chose étatique de 1960-2024 doivent être de la partie.

Et ceux qui n’ont pas d’expérience dans la gestion administrative et politique en République Démocratique du Congo alors qu’ils ne connaissent pas les écueils ne devraient pas être associés.

En conclusion, Julien Paluku Kahongya affirme qu’il n’est pas besoin de révision, mais plutôt de changement de la constitution et, selon lui , Félix Antoine Tshisekedi est cet oiseau rare qui va apporter ce changement.« Vivement la 4ème République », que Dieu la bénisse », conclue -t-il.

JEK

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