La Société Nationale d’Electricité (SNEL S.A) a organisé, samedi 7 décembre 2024 à Kinshasa, une réunion de concertation avec la Gécamines et le Big five, le groupe de cinq opérateurs miniers qui sont ses clients majeurs, pour renforcer leur communication et évaluer le Master Plan de la Snel SA 2024-2028, qui est le plan de stabilisation de la fourniture d’électricité de ces clients miniers. L’occasion était également indiquée pour évoquer la réhabilitation et le renforcement des infrastructures de la SNEL dans le même objectif d’amélioration de sa desserte en énergie hydroélectrique.
La SNEL et son parcours du combattant
Pour l’heure, et dans ses conditions de travail qui sont les siennes, la SNEL fonctionne sous pression et éprouve d’énormes difficultés à respecter ses engagements contractuels de fourniture de l’énergie suffisante et de qualité aux miniers sur la base des contrats signés il y a quelques années. L’opérateur doit, par exemple, gérer des situations difficiles, comme le cas de la construction en cours d’un nouveau barrage sur la rivière Luilu où les eaux sont retenus et perturbent le fonctionnement des barrages de Nzilo et Nseke (dans le Katanga), en plus des problèmes à Inga 1 avec le G25, la problématique des réseaux des villes transfrontalières fournies en électricité par des sociétés d’électricité des pays voisins, etc.
Un autre problème crucial souligné, c’est celui du changement climatique ayant impacté sur la production de la SNEL à Inga 1 et 2 depuis juillet 2024, avec des crues importantes et des étiages sévères alors que l’eau est la matière première de la SNEL.
Pourtant, la qualité et la quantité ont chuté; le fleuve et d’autres cours d’eau charrient d’énormes quantités de déchets qui finissent dans les machines des centrales.
Lors de l’étiage, la SNEL est obligée d’arrêter certaines turbines de ses barrages, car le seuil critique d’exploitation est atteint et cela ralentit fortement l’activité des miniers.
C’est pour toutes ces raisons que la demande a été faite de se mettre autour d’une table pour revoir les contrats avec les géants miniers de manière à les réajuster à la réalité. L’opérateur public de l’électricité préconise des mesures palliatives à court terme pour équilibre l’offre et la demande des miniers, dont l’application du Plan de délestage, le Plan de sauvetage du réseau, le moratoire sur le raccordement des nouveaux clients Moyenne tension, et le renforcement du Système de contrôle d’acquisition des données (Scada).
La SNEL est aussi focus sur le Master Plan à moyen terme de 2024 à 2028 avec, entre autres projets, la réhabilitation du Groupe 24 à Inga 1 avec le concours de l’entreprise chinoise CNEEC, pour un gap fixé de 500 MW à produire en 2028.
Il y a également le poste de Kasumbalesa désormais opérationnel.
Engagements et encouragements entre partenaires autour de la SNEL
Le Directeur général de la SNEL, Fabrice Lusinde, a, lors des échanges, salué l’engagement fort des uns et des autres dans le financement de certains travaux des infrastructures énergétiques. Il a aussi évoqué l’épineuse question de la surcharge du réseau Sud de transport d’énergie où la SNEL a levé le pied, laissant la place aux traders.
Autres sujets abordés par le patron de la SNEL : les activités de maintenance du réseau électrique avec le concours des miniers comme KCC, TFM, Kamoa et d’autres partenaires. Sur ce volet, Fabrice Lusinde a souligné la nécessité de produire des plans de maintenance et de transport mutualisés dans un souci de transparence.
La proposition d’accord de financement de 80 millions USD sur la maintenance a également été abordée par le DG Fabrice Lusinde.
De son côté, le Directeur général de la Gecamines, Placide Nkala Basadilua, a recommandé aux autres partenaires miniers de rester à l’écoute de la SNEL afin de comprendre son fonctionnement pour trouver ensemble des solutions au déficit énergétique qui frappe les miniers. Pour Placide Nkala, l’on doit « voir les choses de manière collective et commencer à réfléchir à l’industrie minière, en plus du problème existant de la maintenance ». Il a soulevé le cas de la ville de Kolwezi qui dispose de 29 unités de production minière mais qui ne disposent pas de gisement.
Raison pour laquelle il a encore insisté : « Il faudrait travailler ensemble pour franchir le cap du déficit énergétique, pour la construction de nouvelles unités de production énergétique et savoir comment trouver les solutions ensemble avec la SNEL ».
C.G (Avec correspondant)