Lutte contre la vie chère : « Les nouveaux prix des huit produits de première nécessité seront annoncés d’ici le 10 décembre » (Mukoko Samba)

Les nouveaux des huit produits de première nécessité vont être annoncés d’ici le 10 décembre 2024. C’est l’annonce faite dernièrement par le Vice-Premier ministre en charge de l’économie, Daniel Mukoko Samba, sur Top Congo en marche du forum MEDays auquel il vient de participer à Tanger, au Maroc.

Ces nouveaux prix seront fixés conformément au décret de la Première ministre signé dernièrement dans le cadre du programme gouvernemental de lutte contre la vie chère.

Dans son entretien sur Top Congo, le patron de l’économie national revisite le travail accompli à ce jour pour parvenir à une révision à la baisse des prix de ces produits de consommation courante. Il parle, notamment des pourparlers avec les opérateurs économiques du secteur réunis au sein de la FEC. « Comme vous le dites, les membres de la FEC ont, peut-être, hésité parce qu’ils n’avaient pas cru. Maintenant qu’ils ont cru, nous pensons que le moment est venu pour qu’on obtienne d’eux, de refléter cette baisse sur le prix des autres biens », a expliqué Mukoko Samba.

Des pourparlers similaires vont être engagés incessamment avec les gros transporteurs routiers pour qu’ils revoient également leurs prix, vu que ceux du carburant ont baissé depuis plus d’un mois.

Ces résultats palpables ou en cours de réalisation sont donc le fruit d’une profonde réflexion partagée avec les parties prenantes desquelles Mukoko Samba a également obtenu un ferme engagement à honorer leurs contributions respectives pour le bien du peuple congolais.

Congo Guardian reprend, ci-dessous, les propos du VPM Mukoko Samba dans son échange avec notre excellent confrère Christian Lusakweno.

C.L : Le paiement du manque à gagner des pétroliers, c’est pour contrôler les prix du carburant. Par crainte qu’un carburant montant dans son prix, provoque une flambée des prix, notamment ceux des biens de première nécessité en République Démocratique du Congo. Ça fait trois semaines que le prix du carburant a baissé…

VPM DMS : Non, plus d’un mois quand même !

C.L : Oui on va dire un mois. Je vous le concède quand même.

VPM DMS : L’Arrêté annonçant la baisse des prix des produits pétroliers a été signé le 2 octobre. Aujourd’hui nous sommes le 28 novembre. Cela fait plus d’un mois.

C.L : On a parlé de fest stock. Ça va bientôt faire trois mois, les fest stocks maximal autorisé mais les prix n’ont toujours pas baissé, pourquoi ?

VPM DMS : La Fédération des Entreprises du Congo (FEC) a écrit à son Excellence Madame le Première Ministre, le 6 novembre, pour féliciter le gouvernement. Je note que la FEC a attendu un mois pour voir si ça allait tenir…

C.L : Preuve qu’il n’était pas…

VPM DMS : Mon collègue le Vice-Premier Ministre, Ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba et moi allons bientôt engager des pourparlers avec la Fédération nationale des transporteurs routiers pour dire ! « Écoutez. D’accord. Le carburant est, quand même, l’un des intrants les plus importants dans votre profession. Le prix a baissé. On aimerait bien voir les poids lourds, qui transportent les marchandises, refléter cette baisse dans vos factures afin qu’elle reflète également sur les prix des denrées que vous transportez ». Comme vous le dites, les membres de la FEC ont, peut-être, hésité parce qu’ils n’avaient pas cru. Maintenant qu’ils ont cru, nous pensons que le moment est venu pour qu’on obtienne d’eux, de refléter cette baisse sur le prix des autres biens.

C.L : Donc c’est un refus de leur part et une marge croissante pour eux ?

VPM DMS : Ce n’est pas un refus. Je crois que c’était une question de communication, une question, peut-être de confiance. Mais le président de la FEC avec qui j’échange personnellement, est convaincu.

Avant que la FEC n’écrive au Gouvernement, elle a dit à ses membres de la profession pétrolière, qui ont rassuré le leadership de la FEC, que les relations entre la profession pétrolière et le Gouvernement sont bonnes ; que la profession pétrolière est assurée d’être remboursée totalement du manque à gagner à fin décembre ; qu’elle est rassurée que la certification des manques à gagner de 2024 se fera rapidement et que les manques à gagner seront rapidement remboursés.

Les pétroliers savent que le gouvernement a mis en place un mécanisme qui permet de financer ce remboursement. Mais le gouvernement a fait plus parce que je vous ai parlé des prix d’autres denrées alimentaires. Là aussi, nous avons, par un Décret de son Excellence Madame la Première Ministre, qui était signé en mi-septembre, diminué le taux de certains prélèvements. Pas seulement les droits de douane qui n’ont pas tellement bougé ; mais certains autres prélèvements qui grèvent les prix des produits alimentaires comme je l’ai dit et j’ai eu l’occasion de l’expliquer plusieurs fois.

C.L : Il est vrai que certains hésitaient à faire. La DGDA ne s’est pas tout de suite et automatiquement exécutée !

VPM DMS : Les réformes sont toujours difficiles. Toute réforme fait face à des résistances. Personnellement, j’estime que quand on s’engage dans des réformes, il faut s’attendre à des résistances. Ce qui est le plus important, ce qu’on arrive à la fin. La fin aujourd’hui est que les éléments de ce Décret ont été paramétrés dans Sydonia, qui est le logiciel utilisé par la DGDA.

Maintenant, les importateurs, avec qui nous avons gardé des contacts depuis le mois d’août, peuvent dédouaner leurs marchandises à des taux de prélèvements réduits. Maintenant que le Décret est entré en application, nous allons développer une méthodologie qui permette de refléter ces nouveaux prix qui seront réduits sur les stocks existants parce que ce sont ceux qui ont payé les droits de douane et des prélèvements à des taux beaucoup plus élevés.

La méthodologie pour les déclarations des stocks est admise, les simulations sur baisses des prix, je crois que c’est ça que nous allons finaliser la semaine prochaine ; le mécanisme pour l’attribution d’impôts a déjà été développé avec l’accompagnement de l’IGF. Et, j’espère qu’au plus tard le 10 décembre, nous serons à mesure de faire des annonces sur les prix réduits des denrées alimentaires de première nécessité.

C.L. : Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a récemment annoncé à Kalemie la baisse pour au moins ou au plus tard la fin de l’année. Vous comptez sur quoi ? Sur la baisse du prix du carburant ? Sur les allègements fiscaux ou il y a encore d’autres mesures ?

VPM DMS : Le Président de la République, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi, a parlé de ce dossier à Kalemie, parce que c’est un dossier qu’il suit personnellement. Il le suit au jour le jour. Il sait ce que nous sommes en train de faire, où nous en sommes dans les négociations avec les importateurs. Le Gouvernement a reçu une lettre de la FEC, fin octobre, demandant à l’Exécutif national d’accélérer la mise en œuvre de ces mesures. Cela signifie que les importateurs reconnaissent aussi le gain qu’ils peuvent tirer de ces mesures. Les importateurs savent qu’avec les prix réduits, ils vendront un peu plus.

Là où nous allons devoir faire encore beaucoup plus d’efforts, nous discutons avec l’importateur. Or, il y a une autre chaîne qui est le grossiste. Lui, il va vendre peut-être à un demi grossiste qui va vendre à un détaillant. Donc, nous allons faire cet effort pour qu’à ces différents niveaux, qu’il n’y ait pas des opérateurs qui essayent de garder pour eux le gain du pouvoir d’achat qui doit revenir aux ménages congolais.

C.L : Vous dites que les Inspecteurs de l’Economie Nationale vont enfin faire leur travail ?

VPM DMS : Ils vont faire leur travail parce que je dois reconnaître que, vous le savez certainement, qu’il y a une annonce qui a été faite il y a deux ou trois semaines, après une réunion au Conseil des Ministres au cours de laquelle j’avais donné l’information de ce qui se fait sur le terrain. Mais, l’évaluation à mi-parcours que nous venons de faire, montre qu’il va falloir développer un vrai Corps d’Inspecteurs pour une meilleure surveillance des marchés. Ce n’est pas seulement question de surveiller les prix, mais c’est également une question de protéger les consommateurs, de lutter contre certaines pratiques qui sont contre la concurrence. C’est tout ce travail qui va se faire.

C.L : Je rappelle que vous êtes le Vice-Premier Ministre, Ministre en charge de l’Economie Nationale. Je vous remercie. On se catche ici comme on dirait ici à Tanger où vous avez participé au MEDays. On voit que le Maroc se développe, on voit que le Maroc lorgne vers la République Démocratique du Congo. Ma dernière question va être celle-là. Est il n’y a que seule la République Démocratique du Congo, est-ce il n’y qu’en République Démocratique du Congo, qu’on ne se rend pas compte combien nos potentialités sont énormes ? Combien tout ce que nous vivons aujourd’hui c’est du gauchis ?

VPM DMS : Vous le savez bien. Vous avez noté que Son Excellence Madame la Première Ministre a conduit une forte délégation gouvernementale à ses assises parce qu’il est évident qu’il y a de plus en plus une prise de conscience que tout est prêt en Afrique. Et que nous n’avons plus besoin d’aller chercher des solutions ailleurs. Pour un pays comme le nôtre, la République Démocratique du Congo, nous avons des leçons à apprendre d’un pays comme le Maroc ou d’autres pays. Il y avait une forte délégation égyptienne récemment à Kinshasa. Nous avons fait le même constat. La capacité de lever des fonds, la capacité de monter des grands projets. Avec Madame la Première Ministre, nous venons de visiter le port de Tanger Ahmed qui n’existait pas il y a 25 ans, qui aujourd’hui, est l’un ports principaux dans le monde et qui a développé des compétences du niveau international. Mais quand on regarde le port de Banana et qu’on regarde un peu plus bas, le Cap de Bonne Espérance pour les lignes maritimes qui partent du Pacifique et contournent pour remonter sur l’Atlantique, il y a certainement, pour la République Démocratique du Congo, il y a un match à aller jouer là. Tout comme il y a un match à aller jouer sur le Grand Inga. Je crois qu’il y a cette prise de conscience qui montre pour nous la RDC, de développer des grands projets dans le domaine de tout ce qui est logistique : ports, chemins de fer, ainsi de suite.

C.L : En parlant de vision et je termine par-là, je me rappelle, tout le monde se rappelle du Vice-Premier Ministre, Daniel Mukoko Samba au Budget qui n’était que vision à long terme. 324 millions de dollars tombent chaque année des Chinois sur 13 ans. Calcul rapidement fait, c’est 5 milliards sur l’année payés par un donneur d’ordre fiable aux yeux du monde. Est-ce que de cette vision, ne serait pas dégager cet argent auprès des tiers afin que de ces grandes infrastructures-là, la République Démocratique du Congo se dote plutôt que de saupoudrer annuellement cet argent ici et là, au risque ; et ça on l’a trop connu ces 20 dernières années, de voir certains Congolais s’en mettre plein les poches et le commun des Congolais ne pas en profiter ?

VPM DMS : C’est justement de ça qu’il est de plus en plus question au sein du Gouvernement. Parce qu’on ne peut pas bâtir le développement à long terme sur des ressources concessionnelles des partenaires. Je veux dire qu’on ne peut pas bâtir exclusivement sur les ressources concessionnelles de nos partenaires habituels. C’est des ressources qui sont assez limitées et qui se mettent en place, parfois dans des conditions sélectives. Mais, il y a aujourd’hui dans le pays, là vous parlez des fonds chinois que l’on sait évaluer. C’est vrai que c’est un donneur d’ordres fiable. Mais nous avons aussi nos deux caisses de sécurité sociale qui sont aujourd’hui très liquides. Nous avons aujourd’hui le fonds minier qui est en train d’atteindre les 500 millions de dollars. Donc, ce sont des ressources qui sont dormantes. Elles sont dormantes pourquoi ? C’est parce qu’elles sont placées dans des dépôts à termes rémunérés à 45% à des taux pas fort intéressants. La réflexion qui est en cours aujourd’hui au niveau du Gouvernement, c’est de bâtir cette capacité de lever des fonds. Mais cela suppose, au préalable ce choix des projets stratégiques qui vont changer la face de la RDC, qui vont changer le positionnement de la RDC sur l’échiquier international. Malgré le Code d’investissements assez incitatif que nous avons en place, nous avons une Loi sur les zones économiques spéciales, nous avons une loi sur le partenariat public-privé, mais ce Cadre légal n’est pas suffisant pour qu’un géant industriel décide de venir investir, de venir construire une usine en République Démocratique du Congo, sachant qu’il sera difficile de transporter les matières premières ou même ses produits par train pour aller les vendre sur des marchés européens ou sur d’autres marchés africains. Donc, il faut combler ce gap logistique, combler ce gap infrastructurel. C’est la priorité de la RDC. Et la conviction qui est celle du Gouvernement aujourd’hui, c’est avant même d’aller chercher ailleurs, d’utiliser même ce qui est là, accessible aujourd’hui. Ces ressources dormantes de nos caisses de sécurité sociale, de certains de nos fonds publics, comme du Fonds miniers, mais également des ressources que nous attendons donc du plan stratégique avec la Chine pour lever des fonds afin de financer ces projets.

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