Crimes à l’Est de la RDC : À l’appel de Samuel Mbemba, la Diaspora africaine en Europe porte plainte contre Paul Kagame

La Diaspora pour la Paix et la Sécurité au Congo (DIPASEC), une association regroupant des ressortissants des pays africains vivant en Europe, vient de saisir, par un mémorandum, Mme Tomoko Akane, Présidente de la Cour Pénale Internationale (CPI) d’une plainte en vue d’une action pénale contre Paul Kagame, Président du Rwanda, pour les crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de génocide que commet l’armée de son pays depuis près de trois décennies sur le sol de la République démocratique du Congo. Cette initiative fait suite à l’appel du vice-Ministre congolais de la Justice chargé du contentieux international, Samuel Mbemba, qui avait lancé, en date de jeudi 29 août à Kinshasa, la campagne nationale dénommée « CPI, Justice pour la RDC ». Une campagne qui, elle, est une réponse aux instructions du président de la République relayées par la Première ministre.

Dans ce mémorandum, la (DIPASEC) remonte les éléments à partir d’avril 1994 lors du déclenchement de la guerre civile partie de l’assassinat du président Hutu rwandais Juvénal Habyarimana, abattu à bord de son avion. Cette guerre, qui va se solder par un génocide de près de 800.000 tutsis et hutus, va déborder sur le Congo voisin où le nouveau pouvoir régnant au Rwanda, à majorité composé des ressortissants de l’ethnie tutsi, va entreprendre une poursuite de ceux qui sont alors désignés comme auteurs dudit génocide, essentiellement issus de l’ethnie hutu.

Des crimes largement documentés

Cette traque des génocidaires par l’armée rwandaise dans les montagnes Est-congolaises, causant des morts dans les rangs des fuyards et au sein de la population locale. Des morts sur lesquels la communauté internationale, coupable de n’avoir pas pu empêcher le génocide, préfère, jusqu’à ce jour, observer un black-out sur le nombre exact des victimes.

Aujourd’hui, plus de 30 ans après, sous prétexte de se défendre face aux agressions des rebelles de son pays, le Rwanda entretient une guerre permanente en territoire congolais à travers plusieurs milices successives dont la dernière en activité. Plusieurs enquêtes sérieuses, dont celles du panel des experts de l’ONU, identifient l’armée régulière rwandaise opérant en territoire congolais sous couverture de cette rébellion dont les revendications ne sont pas clairement articulées.

En réalité, derrière la traque des génocidaires hutus rwandais s’opère le pillage des minerais stratégiques congolais ; notamment le coltan. De très nombreux rapports tant des Nations-Unies, des organisations de défense des droits de l’homme que de diverses personnes morales documentent très largement cet autre génocide en territoire congolais où on estime à au moins 12 millions le nombre de civiles congolais tués, tandis que des millions d’autres se déplacent massivement et perpétuellement pour fuir les combats mortels ainsi que les viols qui sont devenus une arme psychologique.

Le Rapport Mapping de ONU, vieux de plus de dix ans aujourd’hui, appelle à la mise sur pieds d’un tribunal international sur la guerre du Congo.

Par ailleurs, deux productions cinématographiques indépendantes ont mis en lumière l’ampleur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par cette guerre que le Rwanda livre au Congo.

Nécessité d’un mandat d’arrêt contre Paul Kagame

Pour soutenir sa démarche, la diaspora africaine réunie au sein de la DIPASEC fait parler plusieurs instruments internationaux, notamment le statut de Rome de 1998 instituant la Cour Pénale Internationale chargée de réprimer les crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime de génocide. Pour cette diaspora, en effet, les crimes dont le Rwanda se rend coupable en République Démocratique du Congo depuis plusieurs années répondent à la définition de crime de génocide tel que stipulé dans le statut de Rome.

« Considérant que dans un passé récent, les dirigeants de premier plan de l’ex Yougoslavie, accusés d’avoir commis des crimes de génocide au Kosovo, ont été incarcérés par la CPI, cas faisant jurisprudence ;

Entendu qu’il y a lieu de mettre fin aux atrocités que vivent quotidiennement les populations de la Républiques Démocratiques du Congo par la volonté de son voisin le Rwanda ;

Vu la nécessité et l’urgence, les membres de la DIPASEC lançons un pressant à la Cour Pénale Internationale pour :

Qu’il soit émis un mandat d’arrêt international contre le Président rwandais Paul Kagame et certains officiers supérieurs de son armée pour crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité ;

Qu’il soit institué un tribunal international sur la guerre de la RDC, à l’instar du tribunal d’Arusha sur le Rwanda, qui était chargé de juger les génocidaires ».

Telle est la requête de la diaspora africaine en Europe.

JDW

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