Alors que les consciences sont profondément choquées des propos menaçants contre la Police provinciale de Kinshasa et son commandant de la part de Joël Kitenge, membre de l’UDPS et avocat de son état, Augustin Kabuya, autorité suprême autoproclamée du parti présidentiel, se mûre dans un silence qui ne pourrait se lire autrement qu’une complicité coupable. En effet, après avoir bravé l’autorité du général Kilimbalimba pour avoir démantelé une des « bases » des « Forces du progrès », une structure des jeunes de l’UDPS dont les pratiques ont largement dépassé les limites du légalement tolérable, le même Kitenge s’est retrouvé comme avocat aux côtés de ces « miliciens » arrêtés la semaine dernière après avoir saccagé un immeuble privé à Gombe et attaqué la résidence de Joseph Kabila, ancien Président de la République.
Le lien avec le parti présidentiel dans cette défense n’est pas à chercher. C’est, sans conteste, au nom de l’UDPS que Joël Kitenge s’est pourvu défenseur des membres d’une structure du parti.
Conformément aux procédures devant la justice, en effet, l’avocat n’a pu agir que par un mandat lui confié par le parti pour défendre, non pas un seul délinquant mais 90. Faute d’un tel mandat, il est clair que le tribunal ne l’aurait pas validé comme défenseur des accusés.
Or, à ce jour, seul Augustin Kabuya se prévaut de cette autorité d’engager le parti dont il se réclame désormais le président intérimaire au nom de l’autorité morale qui n’est autre que Félix Tshisekedi en personne. Cette conclusion est d’autant plus logique que l’avocat s’est préalablement déclaré cadre de l’UDPS tout en annonçant une fatwa contre Kilimbalimba, bravant ainsi la puissance publique.
La Police nationale, service sous ordre de l’UDPS depuis Kasongo !
Allant plus loin, Joël Kitenge a laissé entendre que depuis l’ancien inspecteur provincial de Kinshasa, Kasongo, son parti contrôle la police qui est « minée », en sorte qu’il peut faire destituer Kilimbalimba en 48 heures s’il ose chercher à l’atteindre lui. Le même Kilimbalimba qui tient son autorité de l’ordonnance le nommant, ordonnance signé par le Président de la République, Félix Tshisekedi, dont l’autorité est ainsi bravée.
Bref, l’avocat Joël Kitenge et, partant, le parti UDPS se sont officiellement proclamés au dessus de la loi. Et ce décret a été pris en écho par un autre groupe des jeunes des mêmes « Forces du progrès » qui, dans une autre vidéo, annoncent officiellement des actions punitives contre le commandant de la Police dans la ville de Kinshasa.
L’UDPS fait plus fort que le MPR parti-Etat et Bundu dia Kongo
Ce lundi matin à travers la ville, c’est un sentiment de désarroi mélangé de révolte qui domine dans les discussions des kinois aussi bien dans les transports que sur différentes places des petits commerces. Les débats vont aussi bon train dans les réseaux sociaux et convergent sur un constat quasi unanime : Jamais, depuis la renaissance de la démocratie au pays de Lumumba, l’Etat n’avait subi une telle bravade d’un fait privé qui, avec autant d’assurance et de désinvolture, défie toutes les lois des superlatifs de la mauvaisure.
Si, sous la dictature de Mobutu, le parti MPR se confondait à l’Etat, l’UDPS, aujourd’hui, se met carrément au-dessus de l’État et de ses lois et le revendique urbi et orbi.
Sous Kabila, Bundu dia Kongo avait tenté, jusqu’au prix des vies humaines, la même bravade, au nom d’un fédéralisme extrémiste, sur une partie du territoire national en voulant soustraire le Kongo central de la superficie de la République. On connaît la suite.
Pour l’heure, la seule consolation des Congolais vient du courage du tribunal qui a décidé de placer les 90 miliciens des « Forces du progrès » en détention provisoire, mais pour combien de temps ?
Entre-temps, les regards sont tournés du côté du Conseil de l’ordre des avocats pour voir comment il va se déterminer face au comportement de ce membre indélicat.
Il s’agit de la République !
Jonas Eugène Kota