EPST : « Bana bazanga mbongo te », le mot de passe de la corruption aux examens d’État

« Bana bazanga mbongo na maboko te ! » (Que les enfants ne manquent pas d’argent sur eux! ). Les parents d’élèves finalistes qui préparent les examens d’État connaissent bien cette phrase que leurs précédents collègues ont aussi connue. Une recommandation que rappellent en boucle presque tous les partenaires éducatifs, des cadres et agents de l’éducation aux autorités scolaires des différentes écoles (même conventionnées, toutes confessions religieuses confondues) en passant par les comités des parents, le cabinet du ministre, l’inspection générale, etc., sans oublier les agents de renseignements utilisés sur les sites des épreuves ou pour les convoquer, et même les enseignants parmi lesquels on recrute les surveillants et les correcteurs des épreuves.

Il s’agit là de la longue chaîne que les enfants sont appelés à arroser avec cet argent qu’on leur recommande d’avoir sur eux pendant les quatre jours d’épreuves. Bref, on est là face à une réalité de corruption bien connue, même des parents. Ces parents qui, pour ces quatre jours, arrivent enfin au bout de leurs peines pour cette dernière année scolaire qui aura été jalonnée de même pratique dès la rentrée.

Des le début de l’année scolaire, en effet, une entente tacite, connue de tous, est passée déjà entre parents et responsables d’écoles avec la complicité du comité de parents pour fixer officiellement les « frais d’encadrement » des élèves finalistes. Le montant fixé varie selon les écoles et se paie suivant une périodicité à convenir.

La cagnotte sert, pour partie, à des primes aux enseignants de la dernière année, mais aussi, pour le gros du montant, à constituer un Trésor de guerre pour les quatre jours ainsi que pour le « suivi » après les examens. L’enjeu, pour les bureaux dirigeants d’écoles et les promoteurs scolaires de s’assurer d’un bon taux de réussite pour maintenir la crédibilité de l’école aux yeux du public afin de continuer à recevoir les enfants dans ce cycle qui, depuis des décennies, qui est devenu un business scolaire.

Au total donc les « frais d’encadrement » nagent autour de 150 $ payables suivant les mensualités à convenir. Mais, qu’à cela ne tienne, « bana bazanga mbongo te », puisque durant les épreuves, il faudra graisser la patte à toute la chaîne de surveillance allant des gardes des sites aux agents du ministère en passant par les surveillants et les agents dits « non apparents ».

Chaque jour donc au centre d’examen, chaque élève s’amène avec un minimum de l’équivalent de 10$. Ils se regroupent suivant leurs écoles sous l’encadrement d’un délégué de la direction. C’est ce délégué qui récupère une part de la somme pour s’occuper des autres échelons, tandis que les élèves eux-mêmes vont se cotiser dans la salle au profit des surveillants afin qu’ils regardent ailleurs pendant les épreuves.

Des surveillants qui peuvent aussi convoquer les réponses des différentes séries travaillées par des « laboratoires » fonctionnant à plein régime dans les parages des centres d’examens avec lesquels le réseaux des enseignants « meecznaires » est en contact par une chaîne de complices également désintéressés.

Cette petite industrie saisonnière de la corruption peut ainsi brasser des sommes assez impressionnantes en fonction du nombre d’élèves par centre et de sa situation géographique.

Chaque élève et ses parents visent à en finir avec ce cycle scolaire avec le sauf conduit qui donne accès à l’université, et les promoteurs, qui ont compris ce manège, sont parvenus à établir, dès le début de l’année scolaire, une pression psychologique pour mettre parents et élèves au pas.

Au bout du compte, ces promoteurs scolaires visent, eux, un 100% pour pérenniser le business…scolaire.

JEK

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