Affaire Okende/Brouillage de l’enquête : Peter Tiani capturé, la fausse piste des tweets relancée

Retour sur la thèse des tweets pour renvoyer la piste de l’assassinat de Chérubin Okende à son parti politique Ensemble pour la République. Pour preuve, Peter Tiani, qui est arrêté, est le seul des trois journalistes plus le SG d’Ensemble cités pour avoir posté des tweets à 14 heures, alors que la disparition d’Okende était intervenue deux heures plus tard. La technologie a pourtant démontré que les tweets de Tiani, Steve Wembi et Elysée Odia remontaient à après 22 heures. Mais dans tous les cas, pourquoi arrêter seulement un seul de ceux qui sont censés être tous des suspects selon cette thèse des tweets ?

 Les avocats de Peter Tiani, Directeur de la chaîne télé Perfect Tv qui a été arrêté hier vendredi, font savoir que sa détention actuelle à l’Inspection provinciale de la police/Kinshasa est liée aux enquêtes sur l’assassinat de Chérubin Okende. Il s’agit, plus précisément, des fameux tweets ayant annoncé la disparition de l’infortuné, du parking de la Cour constitutionnelle, deux heures avant son arrivée effective sur le lieu avec son garde du corps pour le dépôt d’un courrier.

Retour sur la piste d’un assassinat monté par Ensemble pour la République : Peter Tiani complice ?

Les enquêteurs travailleraient donc sur la piste d’une implication du journaliste dans cet assassinat, autant qu’il en a été fait mention dès l’annonce dudit assassinat. Cette thèse avait, en effet, été suggérée par le Procureur général Firmin Mvonde dans plusieurs de ses déclarations, ainsi que par la Cour constitutionnelle, sans oublier plusieurs communicants identifiés comme proche du pouvoir.

La thèse du départ voulait, en effet, que cet assassinat eût été l’affaire de la famille politique de Chérubin Okende qui aurait été déjà en désaccord avec ses sociétaires. Au matin du même jour de la découverte du corps du défunt, un audio attribué à une fille de la victime en pleure suggérait que celle-ci accusait, dans ses sanglots, Ensemble pour la République d’avoir tué son père. Un audio immédiatement démentie par la famille éplorée.

Comme le relevait Congo Guardian dans un article mis en ligne le 21 juillet 2023, tous les moyens avaient, en effet, été mis en jeux pour asseoir une communication sur la piste de ces tweets, y compris l’implication d’autres journalistes parmi lesquels certains devenus mandataires publics au nom de la majorité au pouvoir.

(Lire, sur le même sujet, notre précédent article à ce lien : https://congoguardian.com/2023/07/21/4439/)

Campagne à fond pour asseoir la thèse des tweets

Dans la même encablure du temps et dans le cadre de cette communication, une émission sur Télé 50 avait été révélatrice de cette campagne formellement organisée autour de l’un de ces communicants, en l’occurrence Dieunit Kanyinda, administrateur à la RTNC et chargé de communication à l’IGF.

La main sur le cœur, celui-ci avait affirmé fermement détenir des captures d’écran des comptes tweeters de certains journalistes qui, selon lui, avaient annoncé l’enlèvement de Chérubin Okende bien longtemps avant la première manifestation de son garde du corps auprès de la Cour constitutionnelle pour exprimer son inquiétude de ce qu’il ne parvenait pas à retrouver les traces de son protégé qu’il avait laissé sur le parking de la haute Cour autour de 16 heures à la date du 12 juillet.

On se souvient qu’en ce moment-là, les tenants de cette thèse avaient pointé du doigt trois journalistes, dont Peter Tiani, et le Secrétaire Général d’Ensemble pour la République, parti politique dont Okende était porte-parole. Les concernés avaient tous rejeté cette accusation, assurant que leurs comptes indiquaient bien les heures de ces publications bien longtemps au-delà de 16 heures à la date du 12 juillet. Dans une communication à la presse, Dieudonné Bolengetenge Balea avait déclaré avoir tweeté sur la disparition d’Okende après 20h30, lorsque l’épouse du défunt et son garde du corps étaient allés l’en informer à son domicile.

La technologie dément toute possibilité de manipulation des tweets après 60 minutes

Seulement, cette thèse des tweets a fini par être balayée par les techniciens des télécoms qui ont établi l’impossibilité de modifier des tweets au-delà de 60 minutes après leur publication, à part leur retrait. En effet, Le communiquant Kanyinda, l’un des communicants sur cette thèse, avait allégué sur Télé 50 que, selon les captures d’écran qu’il disait détenir, Peter Tiani a annoncé la disparition d’Okende à 14h19, Elysée Odia à 14h34 et Steve Wembi à 14h39.

Cependant, après vérification sur Twitter, on se rend compte que les posts du 12 juillet de Tiani, Wembi et Odia remontent respectivement à 22h19, 22h34 et 22h35.

Peter Tiani, bouc émissaire pour coller le meurtre d’Okende à Ensemble pour la République ?

Face à la vérité de la technologie qui rend impossible toute modification de tweets au-delà de 60 minutes après leur publication, cette piste fait donc flop. Elle révèle, par ricochet, l’agitation qui a gagné un camp politique depuis cette disparition tragique, ainsi qu’une volonté née et soutenue quelque part pour brouiller les pistes et détourner les enquêtes des vraies cibles.

Ceci est d’autant plus patent que de toutes les personnes citées dans cette manipulation des tweets, seul Peter Tiani, connu pour sa proximité avec Katumbi et son parti politique, est aujourd’hui inquiété. Il a été arrêté un vendredi et se trouve encore en détention, et tout indique qu’il est parti pour rester en détention jusque lundi prochain. Une pratique que Firmin Mvonde a déjà dénoncée mais qui a encore la peau dure, alors que le dénonciateur se mure curieusement dans un et brouillant et bouillant silence.

Entre-temps, la défense de Peter Tiani déclare que ce dernier n’a jamais refusé de se présenter à la suite de la première invitation qui lui avait été adressée en date du 18 juillet 2023. Me Christian Emangomango brandit sa lettre datée du 19 juillet dans laquelle il explique à l’Inspecteur divisionnaire adjoint de la PNC/Kin qu’il s’était présenté le même 18 juillet au nom de son client, mais que l’officier qui devait l’auditionner n’était pas présent.

Tout porte donc à croire que même si Peter Tiani s’était présenté à cette date-là à l’IPKIN, il n’allait pas en ressortir.

Dossier à suivre

JDW

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