Les milieux de la presse congolaise sont traversés par une vague d’inquiétude sur le sort des professionnels des médias qui serait en train d’être joué quelque part au sujet de l’assassinat de Chérubin Okende. Depuis l’annonce de cette macabre nouvelle, et même avant lorsque la disparition du Député Okende a été annoncée, des confrères sont la cible d’une sorte d’inquisition qui ne dit pas son nom. Certains milieux, d’une obédience politique bien connus, suggèrent des orientations des recherches qui semblent séduire les services spécialisés qui, d’ores et déjà, ont braqué leurs phares sur ces confrères.
Tout ceci se passe sous une atmosphère de forte suspicion politique dont nul n’a besoin d’un dessin pour apercevoir les contours. En effet, les noms des confrères Peter Tiani, le « scoopeur » Stany Bujakera plusieurs fois primé pour son professionnalisme, Elysée Bilonda ou encore Steve Wembi ; ces noms donc ont occupé les analystes pro régime pendant un certain temps pour se faire pointer du doigt comme ayant eu vent de quelque chose qui se tramait contre l’illustre disparu. Les tweets d’alerte de ces confrères sur l’enlèvement de Chérubin Okende ont été retournés dans tous les sens jusqu’à ce qu’ils soient accusés de les avoir antidatés.
Voilà que des analyses politiciennes orientées de manière flagrante, on en arrive à des convocations (c’est ainsi qu’il faut désormais lire « invitation ») de police sous le motif passe-partout de « renseignements ». Chat échaudé craint l’eau, crie-t-il au sein de la presse par ailleurs truffée de journalistes collabos des services.
Achilles Kadima, le piège d’une « séance de travail »… feat « renseignements »
Car de « renseignements », le glissement connu est la détention. Chacun reste donc sur sa garde, tant la confiance au « partenaire » d’en face a foutu le camp depuis belle lurette pour des raisons bien évidentes…
Le dernier cas en date n’est rien d’autre que celui d’Achille Kadima, Directeur général d’Africanews, sur qui continue de courir une invitation à une « séance de travail » avec le Conseiller spécial du chef de l’Etat. Depuis maintenant deux semaines, la rédaction du trihebdomadaire reçoit des visites suspectes, tandis que son voisinage immédiat grouille de vas-et-viens aussi suspects.
Cette sorte d’inquisition sur les journalistes ne fait pas craindre seulement pour leur sécurité et leur liberté, mais aussi pour l’enquête sur le meurtre d’Okende. Une enquête qui semble embarrasser sérieusement dans certains milieux et qui a connu une amorce peu rassurante.
La plus forte crainte est donc que la presse, en instance de musèlement, serve de piste de sortie pour aiguiller les enquêtes ailleurs que vers la vérité. Les instances des droits de l’homme, en général, et de défense de la liberté de presse devraient se mobiliser pour barrer la route à ces manœuvres dont le dilatoire pue à plein nez.
Jonas Eugène Kota