« Et alors ? », « Et après ? » Telles sont les réactions de l’opinion dominante à l‘annonce de la mise en détention provisoire et l »’incarcération de Biselele Fortunat alias Bifort, ci-devant tout récent ex-Conseiller privé du Chef de l’Etat. Ces deux réactions renferment une double attitude : l’indifférence et le dépit.
Indifférence aux yeux de ceux, nombreux, qui connaissent très bien l’homme et qui se demandaient comment et pourquoi, avec le pedigree loucvhe qui lui est connu, il a pu évoluer si longtemps – quatre années – au sommet de la république et, plus particulièrement, dans le dernier carré des collaborateurs de Félix Tshisekedi. Car, rien qu’à l’évocation de son nom, ce qui l’ont connu bien avant le régime Fatshi, ont senti s’hérisser les cheveux.
Ancien du RCD Goma, Bifort Biselele avait, en effet, gardé de solides attaches dans les arcanes les plus élevés du pouvoir à Kigali. Impliqué dans le renseignement sous la, rébellion pro-rwandaise, il avait reçu des formations d’instructeurs rwandais dont certains, devenus des bonzes du régime Kagame, lui ouvrent les portent de Kigali, au sens bien compris de cette formule.
Les derniers événements et les récentes révélations du confrère Afrika Intelligence sur Biselele n’ont donc surpris personne. « Ce n’est pas trop tôt », peut-on également résumer cette sorte d’indifférence, même si la curiosité ne manque pas de hanter un coin de l’esprit pour savoir jusqu’où l’homme a réellement trahi son pays. Curiosité également de savoir comment la classe politique va se déterminer face à cette situation qui concerne une personne pour laquelle tout le monde, ou presque, avait tiré la sonnette d’alarme quand on avait appris où il s’était perché dans les arcanes du nouveau régime.
C’est ici que le dépit prend le relai dans les sentiments. Nombre de congolais éprouvent, en effet, une sorte de révolte de voir les « services » et tous les bénéficiaires du « travail » de Biselele se réveiller seulement maintenant, quatre ans après qu’ils aient prévenu sur la dangerosité de l’homme. Révolte surtout lorsqu’ils savent que, comme bien d’autres avant lui, Biselele est certainement allé en tourisme à la prison de Makala, question peut-être de calmer l’opinion ou détourner son attention. Avant, comme bien d’autres avant lui, d’en sortir et de repartir où il voudra (ou d’où i était venu en janvier 2019), au pays ou à travers le monde. Pour faire ainsi un pied-de-nez au fameux Etat de droit que l’on prétendait être désormais assis sur une justice réellement indépendante et équitable, mais qui est devenu aujourd’hui un simple lavoir-fumigateur.
Un sacré pied-de-nez pour cet homme dont les combines ont mis en moule pratiquement tout le dispositif de l’intelligence sécuritaire au sommet de l’Etat. C’est, en effet, par la fait de Biselele, entre autres, que François Beya dit « Fantomas » a vu sa longue et élogieuse carrière partir en eau de boudin. Ce flic de haut vol a pratiqué trois Président de la République (Mobutu, M’zee Kabila et JKK) pour se faire briser les dents sur le quatrième des suites de montages fumeux des lampistes et autres arrivistes qui, grave !, bénéficiaient d’oreilles attentives…
On laisse même entendre que Tété Kabwa, proche collaborateur de François Beya décédé brutalement l’année dernière, serait l’une des nombreuses victimes – physiques comme politiques – De Biselele.
En définitive, chacun devra porter sa croix le moment venu… Au grand dam de tous ceux qui voyaient le danger et en donnaient l’alerte, mais que personne ne voulait écouter…
JEK