Conflit, faible gouvernance et corruption : La RDC vue par l’ex-Chargée d’affaires britannique

Il est de coutume qu’en quittant leur poste, les diplomates fassent leurs adieux au pays hôte à travers un message très souvent élogieux pour ce pays et pour son peuple. Ils disent emporter avec eux des souvenirs inoubliables qui marqueront leur vie pour longtemps, ou encore qu’ils emportent avec eux une partie de ce pays devenu désormais leur seconde patrie.

Et Sophia Willitts-King n’y coupe pas, l’ancienne Envoyée Spéciale du Royaume Uni dans la région des Grands Lacs, qui occupait, depuis 6 mois, les fonctions de chargée d’affaires en RDC, y est allée, dans un long tweet posté hier vendredi sur son compte, de son lyrisme diplomatique, mais avec la différence de dire aux Congolais ce qu’elle pense être les maux qui rongent leur pays.

Caresser dans le sens du poil

 Bien entendu, la diplomate britannique démarre son message avec des hors d’œuvre du genre « c’est un pays extraordinaire » qui « possède des ressources naturelles et un potentiel humain dont les autres pays ne peuvent que rêver ». Du déjà entendu par les Congolais qui, cependant, ne manquent jamais de s’en gargariser l’égo. Surtout quand l’étranger – Sophia Willitts en l’espèce – leur ajoute du « mon gouvernement et moi-même croyons passionnément que l’avenir de la RDC peut être brillant ».

La diplomate britannique, en bonne anglosaxonne, embouche ensuite sa trompette de cartes sur table pour dire aux Congolais le genre de vérités qu’ils n’aiment pas entendre, surtout de la bouche d’un étranger. L’ex-Chargée d’affaires du Royaume-Uni dit, en effet, aux Congolais les maux qui rongent leur pays et sur lesquels ils doivent travailler s’ils veulent aller vers leur avenir « brillant ».

Conflits, faible gouvernance et corruption : le réquisitoire de Sophia Willitts

Et ces maux, qu’elle considère comme la base des souffrances des Congolais sont : les conflits, la faible gouvernance et la corruption. Trois fléaux curieusement contradictoires avec le discours ambiant des milieux de la gouvernance du pays, justement.

Sophia Willitts-King est pourtant claire et précise : « Le potentiel ne suffit pas. Trop de gens dans ce pays souffrent. Aujourd’hui, il y a trois raisons principales à cela : le conflit, la faible gouvernance et la corruption », écrit-elle. Et de détailler. Sur les conflits d’abord : « Dans l’est, les gens sont les victimes des intérêts égoïstes des pays voisins. Le M23 doit se retirer et déposer les armes. Le cycle des interventions extérieures doit cesser pour de bon. Les intérêts des voisins peuvent, et doivent, être servis par des intérêts commerciaux légaux ».

Sur la faible gouvernance et la corruption ensuite : « Qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, du système fiscal ou de la réforme du secteur de la sécurité, les dirigeants doivent élaborer des plans clairs et détaillés sur lesquels une presse libre pourra lui demander des comptes ». Avant de prévenir : « Sans cela, la population sera continuellement déçue, la classe politique ne rendra pas de comptes et l’aliénation du public envers les politiciens continuera de croître (et deviendra violente) ».

Et de marteler encore sur la corruption qui se poursuit : « La corruption est le cancer qui vole l’avenir des enfants de la RDC. Il y a quelque chose qui ne va pas quand on m’offre plus de champagne en un mois à Kinshasa que je n’en ai bu pendant toute ma vie. Et ce n’est qu’un exemple trivial ». Terrible exemple, malgré sa trivialité diplomatique…

La désormais ex-chargée d’affaires britannique, qui croit en un avenir meilleur pour la RDC, chute en disant, comme tout étranger, que cet avenir dépend des Congolais eux-mêmes. « (…) Le Royaume Uni est ici en tant qu’ami – comme nous l’avons été pendant de nombreuses années. Mais ce n’est pas le rôle de la communauté internationale de remplacer le gouvernement et leadership de la RDC », dit-elle avant de rappeler aux Congolais que « le leadership nécessaire pour assurer un avenir brillant à la RDC doit être cultivé dans le pays. Et je sais que ce pays a le talent, en particulier s’il exploite la force de ses femmes, pour réussir ».

Malgré ses conseils, Sophia Willitts se prend une volée de bois vert de la part des congolais

Enfin, tout en souhaitant « tout le succès possible au peuple de cette nation », elle dit avoir « hâte de revenir dans le futur pour voir les choses étonnantes que vous ferez ». Bel exemple d’espoir, en espérant qu’il ne soit pas que diplomatique.

Ce qui est, cependant, sûr, c’est qu’elle semble n’avoir carrément pas été entendue et comprise par les congolais. Du moins à juger des réactions à son tweets dans lesquelles il lui est reproché de n’avoir pas cité nommément, dans son tweet, le Rwanda et l’Ouganda come agresseurs de la RDC. Ce qui, selon ces congolais, aurait été étonnant de la part d’une originaire d’un pays du Commonwealth qui soutien Kigali.

Sophia Willitts venait pourtant de dire que l’avenir de la RDC dépend des Congolais eux-mêmes…

JEK

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