Autocratie à l’Assemblée nationale : Ados Ndombasi fait perdre la tête à Mboso

A l’Assemblée nationale, la dérive dictatoriale est passée au stade de la répression après le musèlement. Du haut de son perchoir, Christophe Mboso, qui s’est adjugé le droit de vie et de mort sur une catégorie de députés non estampillés « Union sacrée », ne met plus les gants pour restreindre la liberté d’expression et réduire au silence les « indisciplinés ».

Si Delly Sesanga et Jean Baptiste Kasekwa vont payer, à coup sûr, pour avoir soutenu la thèse d’une rémunération cumulée de Usd 21.000 que toucherait un député, ce n’est pas la procédure pour y parvenir qui y changera quelque chose. Elle a, justement, été conçue comme ça et pour une telle fin. Lorsqu’en effet, la composition de la commission spéciale qui doit l’entendre est tenue au secret, personne n’est dupe pour se convaincre que le sort de ces deux infortunés est scellé d’avance.

Dans la même tenue, Ados Ndombasi avait mené des enquêtes et des contrôles, notamment sur les sauts de mouton du programme des 100 jours du chef de l’Etat

Dans les mêmes conditions et pour des faits d’une similarité troublante, pourtant, Jean-Marc Kabund, alors Vic e-premier président de l’Assemblée nationale, avait eu, à la faveur d’une motion de Jean-Jacques Mamba, droit à toute une plénière au cours de laquelle il devait se justifier sur le montant de Usd 7 millions qu’il avait allégué sur Top Congo comme budget d’un congrès de moins de 24 heures qui devait se tenir pour autoriser un Etat d’urgence au temps fort du Covid-19.

Kabund avait refusé de se défendre et il fut destitué démocratiquement devant le peuple souverain pour avoir exposé son institution et ses membres au mépris du public. Le grief est exactement le même pour Sesanga et kasekwa qui, juste pour la forme, vont être cuisinés en catimini.

Mais Ados Ndombasi, lui, n’aura pas cette chance. Pour avoir dénoncé la dérive dictatoriale que représente une telle mise à mort de la démocratie, le Député Ecidé vient de se voir interdire par Mboso tout accès à l’hémicycle tant qu’il sera dans sa tenue de combinaison orange. Une tenue qui lui caractéristique et qui fait son identité. Même si, il vrai, elle est en inadéquation avec les prescrits du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

Dans cette tenue, la « révolution » porta Mboso au perchoir après avoir renversé la majorité FCC

Mais la dérive autocratique de Christophe Mboso explose dans toute sa splendeur face au même Règlement intérieur qui prévoit plutôt que soit interdit de parole tout Député dont la tenue vestimentaire n’est pas conforme. Dans son amnésie délibérément sélective, Mboso y a fait l’impasse.

Il oublie, cependant, les conditions dans lesquelles lui-même avait été porté au perchoir ; les mêmes conditions dans lesquelles lui-même avait également présidé les plénières « révolutionnaires » qui avait destitué le bureau Mabunda et renversé la majorité FCC. Dans une furie sans précédent, des députés « révolutionnaires » s’étaient relayés au micro et avaient voté en tenues débraillées, les uns (hommes) arborant des chemisiers sans cravate et avec un bonnet (monyere) vissé au sommet du crâne ; et les autres – les femmes – en bleu jean’s, parées pour une éventuelle bagarre.

Sur un ton de défi et dans une attitude de mépris à la manière des musiciens qui se haïssent, Christophe Mboso a donc ordonné au protocole et à la sécurité de la plénière d’interdire désormais tout accès à quiconque ne sera pas vêtu en tenue de ville. Son regard ailleurs, personne ne pouvait se tromper sur sa cible qu’était Ados Ndombasi, droit dans sa combinaison orange et assis plein axe face au perchoir.

Jonas Eugène Kota

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *