Vidiye Tshimanga et Cobamin : Percer le voile d’une nébuleuse de la corruption

La mise en liberté provisoire de Vidiye Tshimanga ne clos pas le dossier ouvert au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. C’est ce que Congo Guardian apprend ce jeudi 29 septembre après le tollé soulevé par cette libération intervenue moins d’une semaine après le mandat d’arrêt provisoire émis à l’encontre de l’ancien Conseiller spécial du chef de l’Etat en charge des questions stratégiques.

La justice soupçonne, dans son chef, des infractions de corruption, d’abus de pouvoir et de trafic d’influence au regard des révélations d’une fausse enquête dont a fait l’objet Tshimanga par un organisme internationale spécialisée dans la lutte contre la corruption. En date du 21 septembre dernier, en effet, le Procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe avait adressé une réquisition au Notaire du Guichet unique de création d’entreprise (GUCE)   aux fins d’obtenir toute information dont il disposerait sur  l’identification des personnes ayant des actions dans la société COBAMIN (mentionnée par Vidiye Tshimanga dans les vidéos en circulation) ainsi que les parts détenues par chacune d’entre elles.

Une seconde réquisition était adressée au Président de l’Agence nationale de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) pour éclairer le parquet sur les 20% de participations (commission) que Vidiye Tshimanga avait déclaré avoir bénéficié au sein de la COBAMIN en échange de sa contribution pour l’obtention des licences d’exploitation minières et de la protection des investisseurs.

Lire, à  ce sujet, notre précédent article à ce lien : https://congoguardian.com/2022/09/19/urgent-la-cour-dappel-de-gombe-une-information-judiciaire-contre-vidiye-tshimanga/

Aucune trace de Tshimanga et Cobamin dans l’industrie extractive en RDC

Une enquête préliminaire menée par Congo Guardian n’a pas permis de retracer la société COBAMIN en RDC. A moins que l’on ait à faire avec l’une de ces sociétés offshore dont on connaît les pratiques d’affaires, cette entreprise ne figure, en effet, nulle part, ni sur le site web du GUCE ni sur celui du journal officiel de la RDC.

Un coup d’œil sur le site d’Ivanhoe Mines Ltd, une société minière de droit canadien ayant une succursale congolaise qui opère au Katanga, n’a rien produit non plus. Vidiye Tshimanga avait déclaré détenir – par lui-même, à travers une personne écran, et par sa société COBAMIN – 20% du capital de cette firme, mais ni lui ni cette entreprise n’apparaîssent dans l’actionnariat d’Ivanhoe qui reprend dix actionnaires dont neuf firmes (majoritairement chinoises) et une personne physique nommée Robert Friedland, un milliardaire américain bien connu dans l’industrie extractive aux USA et au Canada.

Une nébuleuse à retracer absolument

Il s’avère donc qu’à ce stade, la firme Cobamin évoquée par Vidiye Tshimanga n’existe nulle part en RDC, du moins formellement. Mais l’aisance avec laquelle l’ancien « stratège » de Félix Tshisekedi l’évoque dans les différentes vidéos suscite des interrogations pour savoir s’il ne faisait que bluffer dans sa démarche, surtout que lui-même a affirmé qu’en fait de piège, c’est lui qui l’avait tendue à ses interlocuteurs.

La question de base est alors de savoir : Vidiye Tshimanga avait-il informé son chef de la sollicitation dont il avait fait l’objet de la part de supposés investisseurs qui ont, par la suite, financé son voyage et son séjour à Londres ? Si tel est le cas, avait-il pris soins de s’informer sur ces interlocuteurs avant, pendant et après leurs rencontres ?

En cas d’affirmative, à quel moment l’a-t-il fait et à qui en avait-il fait part ? S’était-il assuré de savoir si ses interlocuteurs étaient informés que la fameuse Cobamin n’était qu’une invention de son esprit ?

Last but not least, Si, comme il le soutient, Vidiye Tshimanga s’était couvert de toutes les précautions d’usage, pourquoi s’était-il empressé de démissionner tout en clamant être clean après la publication du dossier sur ses faux interlocuteurs de Londres ? Et pourquoi la Présidence de la République, par la cellule de communication, avait-elle publié rapidement un communiqué condamnant indirectement les faits rapportés dans les articles de la presse suisse ? Désaveu d’un collaborateur indélicat et désormais gênant ou protection mutuelle?

Entre la promotion classique des investissements et les méthodes maffieuses

Ces questions et tant d’autres sont capitales pour connaître le fin mot de ce contact qui a écorché l’image de la RDC et de son Président en ce qui concerne aussi bien les obligations de transparences et de lutte contre la corruption, ainsi que les facilités d’investissement qu’offre la RDC. Parce que d’un bout à l’autre du dossier, Vidiye Tshimanga n’évoque nulle part ces facilités pourtant consignés dans des documents et pour lesquelles le pays dispose d’une agence de promotion des investissements, l’ANAPI.

A la place, le « golden boy » a développé des arguments qui promeuvent plutôt des pratiques illicites dans l’attraction des investisseurs et la facilitation de la corruption. Et on est légitimement intéressé à savoir pourquoi il a préféré cette méthode à la stratégie nationale de promotion des investissements.

C’est à cet ensemble d’interrogations que la justice est appelée à trouver des réponses pour percer le voile de cette nébuleuse de la corruption et du trafic d’influence typique à la flibuste.

JEK

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