Dans sa stratégie de promotion de l’idée de révision ou de changement de la Constitution, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’emploie à discréditer dans l’opinion tous ceux qu’elle présente comme ayant été ses alliés dans le combat contre la Constitution en 2005. Par cette démarche diabolisatrice, Augustin Kabuya, qui concentre sur lui-même les fonctions de Président et de Secrétaire Général du parti présidentiel, brocarde ceux qu’il présente faussement comme ses alliés d’hier, précisément le clergé catholique qu’il identifie désormais sous le qualificatif dénigrant de « politiciens en soutane », le même vocable utilisé en son temps par la kabilie contre les mêmes prêtres catholiques lorsque ceux-ci menaient le même combat qu’aujourd’hui, c’est-à-dire dire non à la révision de la constitution.
La réalité est que l’UDPS et son Secrétaire général de Président ( !) se livrent là à un honteux mensonge et une distorsion de l’histoire. Un exercice bien caractéristique de ce parti qui s’est spécialisé aussi bien dans la violation des textes – y compris cette même constitution – et la distorsion des faits authentiques.
La vérité historique, en effet, est qu’en 2005, l’UDPS et son Président national, feu Étienne Tshisekedi, avaient plutôt boycotté le référendum constitutionnel et, plus tard, les élections. Il y a donc une forte nuance avec le « non » contre la Constitution.
C’était donc une posture totalement différente du groupe de 44 partis politiques qui militaient pour le « non ».
L’histoire retient, en effet, qu’après le dialogue Intercongolais de Sun City, Étienne Tshisekedi avait appelé au boycott de tout l’ordre politique et institutionnel issu de ce forum parce que lui, Tshisekedi, avait refusé la Vice-présidence socio-culturelle réservée à l’opposition non armée. Le poste sera alors occupé par Arthur Z’Ahidi Ngoma.
Jusqu’à la veille du début de la campagne référendaire, l’UDPS négociait avec le CIAT – le Comité international d’accompagnement de la transition pour son entrée dans les institutions. Ces négociations avaient échoué et Étienne Tshisekedi avait maintenu son mot d’ordre du boycott jusqu’aux élections de 2006.
L’extrait ci-dessous du rapport d’observation référendaire de l’Union européenne en fait foi.
Tous ceux de l’UDPS qui avaient participé à ces élections avaient été enjoints de démissionner sous peine d’être « auto-exclus ». Certains cadres, qui s’étaient opposés au mot d’ordre du boycott, avaient quitté le parti. C’est le cas notamment de Ève Bazaiba qui ira rejoindre le MLC de Jean Pierre Bemba.
Et l’extrait ci-dessous de la déclaration du porte-parole de l’UDPS sur Radio Okapi après le référendum en fait foi.
Rien donc à voir avec une quelconque constitution de l’étranger par les étrangers, ou encore des aspérités à modifier. La vraie vérité aujourd’hui est que Augustin Kabuya et l’UDPS embouchent la trompette de tous les régimes africains au pouvoir qui tentent toujours de modifier la constitution à leur deuxième mandat pour s’aménager la possibilité de rempiler.
Pour besoin de l’histoire, Congo Guardian reprend ci-dessous un article publié en décembre 2005 par l’agence IRIN qui était, à l’époque, partenaire en information de la MONUC (aujourd’hui Monusco).
Cet article fait une synthèse des positions de toutes les factions politiques autour du référendum. Il fait ressortir clairement le groupe de 44 partis politiques et associations de la société civile ayant milité pour le « non », l’UDPS qui appelait au boycott et les quatre composantes de 1+4 qui appelaient au « oui ».
RDC : Les résultats du référendum sur le projet de constitution seront décisifs
KINSHASA, le 15 décembre (IRIN) – Les 25 millions d’électeurs de la République Démocratique du Congo (RDC) favoriseront la tenue des premières élections présidentielles et parlementaires s’ils acceptent le projet de constitution qui leur sera soumis dimanche, lors d’un referendum, a déclaré un diplomate en poste à Kinshasa.
« Dire oui à la constitution est indispensable pour la tenue de prochaines élections et pour la fin de la transition en RDC », ont indiqué les ambassadeurs de Chine, France, Russie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis dans un communiqué publié mardi par la MONUC, la mission des Nations unies en République démocratique du Congo.
Ces cinq pays sont les membres permanents du CIAT, un Conseil chargé de gérer la transition de la RDC vers la démocratie. Les principaux bailleurs pour l’organisation des élections sont la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, et l’Union européenne.
Une coalition de 44 partis politiques est opposée à ce projet de constitution. Son porte-parole, Théodore Ngoy, a déclaré mardi que «dire oui, c’est vendre le pays face au chantage de la communauté internationale et aux pressions de toutes sortes ».
Selon lui, la constitution comporte de nombreuses lacunes et n’a pas suffisamment fait l’objet de débat public.
Mercredi, Etienne Tshisekedi, le chef du parti principal d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a appelé au boycott du référendum et affirmé que toute autre attitude contribuerait à légitimer une procédure qui n’est pas crédible.
La coalition du ‘non’ a une approche différente de celle de Tshisekedi. Elle appelle les électeurs à rejeter la constitution dans les bureaux de vote et à invite ses militants à manifester vendredi.
« Le non sera une sanction contre leur manière de nous diriger par la ruse, la méprise, le mensonge et la manipulation », a déclaré mardi Anatole Matusila, un leader de la communauté romaine catholique locale, qui s’oppose projet de constitution.
M. Matusila critique plusieurs articles de la constitution, notamment ceux qui font référence à la présidence et qui, selon lui, donnent des pouvoirs « sacrés » au chef de l’Etat.
« Même s’il a commis des choses déshonorables », a souligné M. Matusila, « [la constitution propose] que le chef de l’Etat ne puisse pas être poursuivi par la justice durant son mandat et [lui] accorde le statut de sénateur à vie une fois son mandat terminé [ce qui] le met hors de toutes poursuites judiciaires ».
« Nous ne pouvons pas non plus accepter de créer un nouveau dictateur », a-t-il ajouté.
Le projet de constitution est soutenu par le président Joseph Kabila et ses quatre vice-présidents qui représentent les différents groupes armés réunis au sein du gouvernement de transition, après l’accord de paix de 2002 en RDC.
Selon eux, la constitution contient tous les ingrédients d’une société moderne et ouverte, notamment des articles sur la liberté d’expression, les libertés politiques, et une économie de marché. Elle assure également la mise en place d’un système politique décentralisé, permettant à chaque province de garder 40 pour cent de ses revenus.
« Il est possible d’y apporter des améliorations, mais nous pensons que les experts internationaux et locaux ont accompli un travail remarquable et de l’avis de tout le monde, le futur gouvernement pourra en faire un document de travail », a déclaré Jason Stearns, un analyste de l’Afrique centrale à l’International Crisis Group.
Si le référendum est rejeté, les élections présidentielle et parlementaire qui auraient déjà dû avoir lieu avant juin 2005, seront reportées de nouveau. Cela signifierait également que le processus électoral nécessitera des fonds supplémentaires.[FIN]