BUDGET 2025 : METTRE FIN AUX DISPARITÉS ENTRE ADMINISTRATIONS EN RDC

Tribune de Médard Mbuyal Mangala, Journaliste et chercheur en SIC

Les disparités entre des administrations publiques en République Démocratique du Congo sont très criantes, et à la limite flagrantes. Le tout est chapeauté par la fonction publique. Chaque administration a ses propres statuts. Chaque administration a ses propres salaires et ses primes. S’agissant justement des primes, on se rend bien compte de l’existence de l’injustice sociale.

L’institutionnalisation de l’injustice sociale a ouvert des voies aux tensions les plus diverses dans une même administration publique. Des primes créent des différences.

Entre les ministères des finances, du budget, des mines, des transports, des hydrocarbures , des affaires sociales, de la culture et arts, de la communication et médias, etc., le faussé est vraiment grand.Que dire des administrations du parlement avec ses deux chambres ?

DISPARITÉ DES SALAIRES ET INJUSTICE SOCIALE

Les fonctionnaires congolais ne sont pas logés à la même enseigne. Les enseignants, les militaires et les policiers appartiennent à une catégorie bien à part.

Dans cette disparité, il est bien difficile de préparer la retraite après avoir rendu de bons et loyaux services à la nation, et la majorité des fonctionnaires deviennent des indigents. Les députés nationaux, élus légitimes du peuple congolais, ne parviennent pas à corriger des injustices flagrantes au sein de l’administration publique en RDC.

L’autorité budgétaire est censée intervenir pour réajuster les déséquilibres sans fondement moral dans un même pays.

Face aux sollicitations diverses de plusieurs corps de métiers, il y a des voix qui s’élèvent pour proposer de transformer toutes les primes en salaires réels afin compenser les gaps.

A défaut de ne pas regarder certaines réalités en face, l’on assiste, à chaque rentrée scolaire, à des grèves des enseignants du secteur public… L’État lui-même est donc confronté à une injustice indescriptible.

UN BUDGET COSTAUD SEULEMENT POUR LES CORPS CONSTITUÉS

La Constitution du 18 février 2006 a créé ou augmenté le nombre des institutions de la République. Au sortir du dialogue intercongolais financé et appuyé par la communauté internationale, les belligérants se sont tapés la part du lion dans le partage du pouvoir politique, économique, militaire, sécuritaire et même social. Le principe du partage équitable et équilibré a été respecté.

En dehors des institutions politiques traditionnelles, il y a eu création de nouvelles institutions à l’instar du Conseil économique et social qui apparaît comme le doublon du gouvernement. En plus, il y a eu naissance des institutions d’appui à la démocratie notamment, la CEI/CENI, la HAM/CSAC.

En 2007, Léon Kengo Wa Dondo est élu Président du Sénat. Il a ressuscité, déterré et épousseté une vieille ordonnance signée par le Maréchal Mobutu sur la prise en charge à vie, par le trésor public, des anciens chefs de corps constitués.

Au nombre de ceux -ci, on compte les présidents des assemblées régionales ou provinciales, les anciens membres du bureau du Sénat, de l’Assemblée nationale, les anciens Premiers ministres, les anciens Présidents de la République, et la liste est longue.

On a ramené sur la scène nationale des anciens commissaires du peuple et des anciens députés nationaux. Le politicien a inventé la magie pour vivre et survivre éternellement aux mamelles de l’État, même après les affaires et avant la retraite, au détriment des autres catégories sociales.

Depuis 2007, des émoluments des députés nationaux ont pris de l’ascenseur alors que le salaire du fonctionnaire moyen est en ballottage. Depuis, tous les appels à la réduction du train de vie des institutions, notamment la réduction de ces émoluments, sont vains alors que les mêmes salaires ne cessent de croître d’années en années sous forme de primes diverses.

Le jeu politique pose, en réalité, le problème de sécurité sociale pour tous les citoyens. Comment la question de sécurité sociale et de la retraite est prise en charge par l’État ? A cette question, des réponses sont à géométrie variable.

LA SURVIE DANS L’ÉGLISE

Nombre de fonctionnaires ont appris à compenser le déficit, le manque à gagner en se tournant vers le marché très porteur, à savoir la création des églises. De plus en plus , dans les milieux professionnels, l’on apprend que tel chef de service, tel directeur est aussi un pasteur, un docteur de la parole, et surtout un prophète qui attire des gens avec des miracles sans pareils.

Comment imaginer un seul instant la performance du service public avec des rémunérations en dessous de la moyenne ? La question mérite d’être mise en lumière pendant cette session parlementaire consacrée essentiellement au vote du budget pour l’exercice 2025.

Si les parents ont échoué, il faut alors sauver les enfants. Il faut une nouvelle éducation pour pouvoir affronter les défis de la vie dans un contexte de mondialisation économique très rude.

Le marché congolais est-il protégé ? La loi sur le petit commerce réservé aux nationaux est foulé aux pieds. Des préposés de l’État et des officiers de l’armée et de la police nationale sont véritablement engagés dans une cause de défense des expatriés au détriment des citoyens congolais. Des congolais autrefois prospères dans le commerce ont disparu du radar économique de la RDC.Kinduelo, un opérateur économique congolais, a vendu sa banque, BIC, aux Nigérians.

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