RDC-Rwanda à Doha : Un side event de tous les enjeux en vue derrière le sommet du social

En marge du Deuxième Sommet mondial pour le développement social (WSSD2), qui s’ouvre ce 4 novembre dans la capitale qatarie, un side event discret mais hautement stratégique attire déjà l’attention des observateurs africains et des diplomaties internationales : le dossier explosif du processus de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, dans le contexte brûlant de la rébellion du M23/AFC à l’Est du Congo.

Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame séjournent déjà à Doha, où leurs équipes diplomatiques et de sécurité, arrivées quelques jours plus tôt, affinent les ultimes réglages autour de cette rencontre de tous les enjeux dont parlent des sources sur place.

Annoncé dans les couloirs du Sommet, ce rendez-vous parallèle pourrait marquer un tournant décisif dans la recherche d’une issue durable à la crise sécuritaire qui endeuille le Nord-Kivu depuis plus de trois décennies. Selon plusieurs sources diplomatiques, des pourparlers bilatéraux de haut niveau entre Kinshasa et Kigali, mais aussi des échanges indirects entre le gouvernement congolais et les représentants du M23, figurent à l’agenda officieux de cette grande rencontre internationale.

Après les rendez-vous manqués de Paris et de BruxellesCe side event de Doha pourrait intervenir dans un contexte diplomatique particulier, après deux occasions manquées qui avaient mis en lumière les crispations persistantes entre les deux capitales. À Paris, il y a quelques jours, le président Félix Tshisekedi s’était retrouvé seul face aux diplomates et partenaires internationaux, le président Paul Kagame ayant brillé par son absence. Ce faux départ avait refroidi l’espoir d’un rapprochement direct.

À Bruxelles quelques semaines plus tôt, malgré une main tendue par Kinshasa, les réponses désobligeantes de la diplomatie rwandaise avaient replongé les observateurs dans le scepticisme.

Aujourd’hui, Doha offre une fenêtre de rattrapage. Sous l’égide bienveillante du Qatar et dans le climat feutré du Sommet mondial sur le social, les discussions de couloir pourraient s’avérer plus productives que bien des rencontres officielles. Les signaux qui filtrent laissent entrevoir la possibilité d’un accord entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23/AFC dans les prochains jours. Un texte d’entente, qui aurait fait l’objet de consultations intensives en amont à travers plusieurs canaux régionaux, serait en voie de finalisation à Doha.

Cet accord, s’il se concrétise, pourrait amorcer une nouvelle dynamique de désescalade à l’Est, même si les combats continuent de s’intensifier sur le terrain entre les FARDC et les éléments du M23 soutenus par le Rwanda.

Le Sommet mondial pour le développement social, convoqué en vertu des résolutions 78/261 et 78/318 de l’Assemblée générale des Nations Unies, se veut avant tout une plateforme de réflexion sur la justice sociale, l’équité et le développement inclusif. Mais au-delà de cette noble ambition, les réalités géopolitiques africaines s’inviteront inévitablement dans les discussions.

Pour les observateurs, la paix dans la région des Grands Lacs reste une condition sine qua non de tout progrès social durable en Afrique centrale. Trente ans après le Sommet historique de Copenhague de 1995, Doha pourrait bien devenir, pour l’Afrique des Grands Lacs, le théâtre d’une relance diplomatique majeure, où la paix et le développement social se rejoignent dans un même souffle d’espoir. Coïncidence : la crise des grands lacs durent déjà trente années également.

Si les promesses de Doha se concrétisent, le sommet du social pourrait bien devenir le sommet du décisif — celui où le mot paix aura enfin retrouvé son sens entre Kinshasa et Kigali.

Jonas Eugène Kota

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