RDC-Rwanda : Accord historique signé à Washington, diplomatie religieuse en appui pour cimenter la paix

C’est une avancée notable qui vient d’être marquée à Washington avec la signature, au niveau ministériel, d’un accord visant une paix définitive et durable à l’Est de la RDC.

Respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités ; désengagement des troupes, désarmement et intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ; mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le CONOPS du 31 octobre 2024 ; facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays ; accès humanitaire et aménagement d’un cadre d’intégration économique régionale, tels sont les grands traits de cet accord de paix qui suscite intérêt et espoir de toutes parts.

Un heureux aboutissement des négociations menées pied-à-pied par la brillante Ministre des affaires étrangères Thérèse Wagner, et l’Envoyé spécial du chef de l’État Patrick Luabeya.

Il s’agit, en fait pour ceux qui ne le réalisent pas encore, d’une issue à trente années de conflits armés et d’agressions encore jamais solutionnés mais qui auront coûté 10 millions de morts. Un document décisif au niveau ministériel qui attendra cependant d’être validé par les chefs d’État.

Une page devrait donc être tournée sur des décennies de dynamiques de paix sur le continent, en occident et même en Asie, sans oublier les institutions internationales dont l’ONU et ses résolutions qui, trente années plus tard, n’auront pas réussi à ramener la paix.

C’est à juste titre que fusent des satisfécits de toutes les parties prenantes à la cérémonie de ce jour à Washington, qui a été corroborée par une audience accordée aux deux ministres des Affaires étrangères. Cette nouvelle perspective de paix se pointe pile à un moment particulier de l’histoire de la diplomatie congolaise avec l’amorce du volet religieux de cette diplomatie dont l’apport va, à coup sûr, permettre d’éviter le bégaiement de l’histoire pour faire pérenniser cette paix chèrement acquise.

Coïncidence de l’histoire, c’est toujours avec les États-Unis d’Amérique que s’amorce cette dimension spirituelle de la démarche, et cela au plus haut niveau. D’une part, en effet, le Chef de l’État congolais à travers son Ambassadeur itinérant Antoine Ghonda Mangalibi qui a établi un fil de dialogue au cœur même de la Maison Blanche à travers le Bureau de la Foi. Une structure mise en place par le Président Donald Trump qui reconnaît là l’apport déterminant de la religion et de Dieu dans l’exercice de tout pouvoir pour le bien-être des populations bénéficiaires. Lui même en avait eu la mesure lors de son élection dont le soutien des églises évangéliques américaines avait été déterminant.

Un culte œcuménique réunissant des pasteurs congolais et américains va se tenir à Kinshasa le 13 juillet prochain pour cimenter l’alliance des églises des deux pays après le contact décisif établi début juin dernier – soit le 8 juin, jour de la pentecôte – par l’Ambassadeur Antoine Ghonda avec Travis Johnson, adjoint à la directrice du Bureau de la Foi. Après donc le culte auquel il avait participé en Alabama à la Pathway Church, Antoine Ghonda mobilise désormais à Kinshasa pour le rendez-vous œcuménique du 13 juillet.

Ce vendredi 27 juin, il a été l’hôte du Chef spirituel et représentant légal de l’église kimbaguiste à Kamba où il était allé solliciter son implication dans la mobilisation. « Je suis venu vers l’excellence du léopard – le sens du nom ‘’Ko-ngo’’- pour chercher un soutien aux efforts de paix pour la RDC », a dit l’Ambassadeur Ghonda au sortir de son entretien de près d’une heure avec son Eminence Simon Kimbangu Kiangani. L’envoyé spécial du chef de l’État a fait remarquer que « jusque-là nous avons mené la guerre avec l’armée militaire et l’armée diplomatique, mais cette fois-ci nous avons résolu d’apporter l’armée spirituel car là où il n’y a pas Dieu, il est difficile de remporter des victoires ».

Et d’ajouter que « le premier bataillon de l’armée spirituel est ici à Nkamba. Je suis donc venu lui dire qu’il est temps que l’armée spirituelle congolaise puisse prendre le relais pour venir en appui à ce que nous faisons déjà, et le Père spirituel, qui était très attentif à nos explications et notre requête, a donné son quitus et sa bénédiction ».

Par cette diplomatie religieuse qu’elle engage pour la première fois depuis son accession à l’indépendance, la RDC aborde une approche intégrant la religion dans les relations internationales et la diplomatie, ce qui manquait à ce pays dont la population est pourtant chrétienne à plus de 80%. Il a donc fallu cette initiative du Président Tshisekedi, qui a consacré à Dieu son pays à son accession à la magistrature suprême, pour intégrer ce soft power dans son action d’ouverture et de rapprochement des peuples.

La religion étant indéniablement un soft power (douce puissance), il est alors question pour la RDC désormais, de mettre en avant des valeurs religieuses partagées afin d’exercer une influence culturelle, idéologique ou toute autre, à travers les hommes d’église, les institutions et les organisations religieuses dont le rôle clé dans la diplomatie, en tant que médiateurs, interlocuteurs et experts, n’est plus à démontrer. Sous l’impulsion du Président Tshisekedi, Antoine Ghonda apporte ainsi une touche particulière dans la promotion de la paix, la résolution des conflits et la compréhension interreligieuse par le rapprochement des peuples à travers des interactions entre États, groupes politiques et institutions religieuses.

JDW

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