Enfin la paix en RDC, gros déblayage à Washington après Doha

Sans doute un tournant décisif, plus que jamais, dans la recherche de la paix en RDC. Après Doha, avant-hier, où le Gouvernement congolais et l’AFC/M23 ont signé un communiqué conjoint d’engagement à un dialogue pour régler les différends à la base de la crise sécuritaire à l’est de la RDC, c’était autour des Gouvernements congolais et rwandais de signer, ce vendredi 25 avril à Washington, un traité d’entente en vue d’un dialogue pour la paix.

La « déclaration de principe » a été signée, sous les auspices du Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, par la Ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, et le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe, au Département d’État.

Le Département d’Etat américain précisait, dans son communiqué d’annonce que cette « déclaration de principes » entre deux États « est un document diplomatique qui énonce les valeurs communes, les objectifs partagés et les engagements généraux que les deux parties souhaitent respecter dans leurs relations bilatérales. Ce n’est pas un traité juridiquement contraignant, mais plutôt une intention politique de coopération ou de résolution pacifique d’un différend ».

Ce texte, qui marque, une nouvelle étape vers la normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali, engage les deux pays à une reconnaissance mutuelle de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale, à prendre en compte les préoccupations sécuritaires, à promouvoir l’intégration économique régionale, à faciliter le retour des personnes déplacées, à soutenir la MONUSCO, et à élaborer un accord de paix.

Un commencement et non la fin, selon la RDC

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a salué la signature de cette déclaration de principes comme une étape nécessaire vers la paix, tout en appelant à une mise en œuvre fondée sur la responsabilité et des actions concrètes.

« Aujourd’hui ne marque pas une fin, mais un commencement : une étape nécessaire vers la paix, franchie avec détermination et clarté d’intention », a-t-elle dit, rappelant que ce moment revêt un « poids particulier pour la RDC – à Goma, à Bukavu et au-delà – où la réalité du déplacement, de l’insécurité et de la souffrance persiste ».

« Pour nous, l’urgence de cette initiative n’est pas théorique. Elle est humaine », a pour suivi la cheffe de la diplomatie congolaise.

Thérèse Wagner a souligné que ce document signé avec son hoologue rwandais doit être perçu, non pas comme un simple symbole, mais comme « un engagement politique – une réaffirmation des principes inscrits dans le droit international et récemment rappelés dans la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies », appelant notamment au retrait immédiat, inconditionnel et vérifiable de toutes les forces étrangères du territoire souverain de la RDC.

Et d’insister encore : « dans la région des Grands Lacs, la paix doit venir en premier », suivie de « la reconstruction de la confiance », avant d’ajouter : « la réouverture prudente d’un chemin vers une coopération bilatérale significative », uniquement « lorsque les conditions seront réunies ».

Dénonçant, par ailleurs, l’échec d’efforts passés où « l’ordre des étapes a été ignoré et la redevabilité repoussée », Thérèse Kayikwamba Wagner a aussi fait remarquer que « la paix et le développement ne peuvent pas reposer uniquement sur de bonnes intentions. Ils doivent être bâtis sur la responsabilité, des engagements clairs, des échéances mesurables et des conséquences en cas de non-respect ». Et d’appeler ensuite à la restauration de la crédibilité des États « vis-à-vis des peuples qui attendent que la paix devienne une réalité ».

Saluant enfin « le leadership des États-Unis d’Amérique » pour leur soutien constant, Wagner a exprimé sa « profonde gratitude » à Marco Rubio et au conseiller principal Massad Boulos, dont les consultations régionales ont, de son avis, « apporté de la nuance, de la profondeur et une dimension humaine à ce processus ». La RDC, a-t-elle aussi fait savoir, appréciait « les initiatives soutenues par les États-Unis qui promeuvent des chaînes de valeur des minerais sécurisées et une croissance économique inclusive », insistant sur le fait que « la paix et la prospérité sont indissociables ».

« Chaque pas vers la stabilité est un pas vers la dignité, vers l’emploi et vers l’éducation. C’est la promesse d’un investissement responsable et d’un partenariat fondé sur des principes avec la RDC, un pays qui non seulement émerge d’un conflit, mais se trouve aussi au cœur de la recherche de solutions aux défis mondiaux », a-t-elle poursuivi.

Une voie vers un accord pour une paix durable, selon le Rwanda

Pour sa part, le ministre rwandais des Affaires étrangères a considéré que la déclaration signée à Washington « ouvre la voie à un accord de paix définitif ».

« Aujourd’hui, nous parlons des véritables enjeux, des causes profondes qu’il faut traiter pour parvenir à une paix durable dans notre région », a poursuivi Nduhungirehe, en désignant comme priorités « la sécurité, ainsi que le retour des réfugiés ».

Evoquant la dimension économique du processus en cours, le chef de la diplomatie rwandaise a fait savoir que les discussions attendues devraient porter sur « la manière de construire de nouvelles chaînes de valeur économiques régionales reliant nos pays, y compris avec des investissements du secteur privé américain. »

L’objectif de son pays est, selon lui, « une région sécurisée, libérée de l’extrémisme ethnique violent, et bien gouvernée », ajoutant que « en travaillant ensemble, notre région peut devenir un moteur de prospérité pour tous nos peuples, et pour l’ensemble de l’Afrique. »

Pour lui, la déclaration signée à Washington « ouvre la voie à un accord de paix définitif », en donnant « un nouvel élan aux efforts en cours dans le cadre du processus dirigé par l’Afrique, sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), ainsi que de la voie de Doha, facilitée par l’État du Qatar. »

« Nous avons vu des avancées importantes ces derniers jours », a-t-il affirmé avant de mettre en garde contre les illusions de facilité : « Notre objectif commun est de conclure un accord de paix global dès que possible. Mais il n’y a ni raccourcis ni solutions rapides. Et nous devons accomplir le travail difficile pour que cela soit bien fait, une bonne fois pour toutes. »

Puis : « Le Rwanda est engagé. Et nous sommes prêts à continuer à travailler avec tous les partenaires de cette initiative. ».

Washington réaffirme la paix comme préalable à tout décollage économique

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a, quant à lui, affirmé que la paix durable dans la région des Grands Lacs était une condition essentielle à une relance économique régionale, soulignant que les États-Unis étaient prêts à accroître leurs investissements en Afrique centrale, notamment dans des chaînes d’approvisionnement responsables et sécurisées. Rubio a estimé que cet engagement marquait « le début d’un engagement fort à avoir les conversations nécessaires pour parvenir à une résolution ». Il a salué une déclaration qui établit « une compréhension fondamentale en matière de gouvernance régionale, de sécurité et de cadres économiques », avec pour objectif de « mettre fin aux combats pour permettre à la région d’atteindre son plein potentiel ».

« Une paix durable et un développement économique à long terme ne seront pas faciles à atteindre, mais ils sont importants », a-t-il ajouté avant d’insister sur l’engagement de l’administration Trump : « Je suis fier de travailler pour un président qui a fait de la paix — de la paix mondiale et stable — une priorité de cette administration. Et aujourd’hui en est la preuve. »

Pour les USA, selon Rubio, la résolution du conflit entre Kinshasa et Kigali est aussi un levier économique. « Une paix durable dans la région des Grands Lacs ouvrira la porte à davantage d’investissements américains et occidentaux, ce qui générera des opportunités économiques et de la prospérité », a-t-il déclaré. « Et cela contribuera également à faire avancer l’agenda de prospérité du président Trump pour le monde. »

Il a qualifié cette dynamique de « situation gagnant-gagnant pour toutes les parties : pour les États-Unis, pour la République Démocratique du Congo, et pour le Rwanda ».

Le secrétaire d’État a également mis en avant le rôle du secteur privé : « Nos entreprises sont de bons citoyens corporatifs, y compris les entreprises africaines, et elles apporteront une bonne gouvernance et assureront des chaînes d’approvisionnement responsables et fiables pour des ressources critiques qui bénéficient aux gouvernements régionaux, à nos partenaires et à nos alliés également. »

« Je dirais que la paix durable doit précéder le développement économique, car il est impossible de l’atteindre sans la paix », a-t-il encore souligné, évoquant également le retour des personnes déplacées, qui pourront selon lui « rentrer chez elles, dans des communautés plus sûres, avec de nouvelles opportunités économiques qui ont échappé à plusieurs générations ».

Rubio a salué les efforts de médiation régionaux : « L’Union africaine et les communautés économiques régionales en Afrique ont accompli un travail incroyable, et nous devons le reconnaître, en réunissant les parties et en posant les bases de ces discussions. » Il a aussi promis que les États-Unis resteront « en contact étroit avec [leurs] partenaires de l’Union africaine pour veiller à ce que cela puisse se concrétiser ».

Enfin, il a rendu hommage au rôle du conseiller principal américain Massad Boulos : « Je tiens à remercier tout particulièrement notre conseiller principal, M. Boulos, ainsi que ses homologues en République Démocratique du Congo et au Rwanda pour leur vision et leur travail acharné. Aujourd’hui marque une étape vers la construction d’une région des Grands Lacs pacifique et prospère. »

Congo Guardian (avec tiers)

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