Anne Hidalgo, la Maire de Paris, a annoncé, par un communiqué ce mardi, avoir écrit au Préfet de la ville pour demander l’annulation du concert de solidarité avec les enfants de l’Est de la RDC que doivent livrer, le 7 avril prochain, un groupe de musiciens congolais et d’autres nationalités. Elle évoque plusieurs motifs, notamment la coïncidence de date avec la commémoration du génocide rwandais, mais surtout les plaintes de plusieurs groupes et associations de tutsis rwandais de France attribuant aux congolais et leurs organisateurs des propos anti-rwandais et de négation du génocide partagés dans les réseaux sociaux, notamment par certains artistes programmés, mais que la Mairie ne cite pas.
Enfin, la maire de la ville dit craindre des troubles à l’ordre public et a donc choisi d’interdire la production musicale.
Cette mesure est prise à la suite donc des plaintes de plusieurs associations rwandaises qui, curieusement, sont les mêmes qui avaient porté plainte contre l’écrivain franco-camerounais Charles Onana pour son livre dénonçant l’omerta international sur les crimes du Rwanda en RDC. Ces associations sont, entre autres, Ibuka France, la coordination de la communauté tutsi-rwandaise de France, Tubeho Family, etc. ; tous soutenues, bien entendu, par l’Ambassade du Rwanda à Paris.

Principe de neutralité territoriale violée, la ville usurpe les compétences de l’Etat
Les observateurs ne sont pas dupes de cette manœuvre de la maire socialiste franco-espagnole qui, par arguments, trahi son parti pris dans cette situation. D’abord, à part la question d’ordre public, Anne Hidalgo évoque des motivations qui vont bien au-delà de la compétence de la ville puisque relevant de l’Etat.
Cédant aux pressions d’un groupe de ses administrés, la Maire de Paris viole le principe de neutralité territoriale dans un sujet opposant des communautés étrangères sur le sol français, alors que parmi ces communautés figurent, de part et d’autres des acteurs ayant acquis la nationalité français.
Le principe de neutralité territoriale se rapporte à l’obligation faite à une autorité d’un territoire donné d’assurer un traitement égalitaire, et sans parti pris, dans la gestion de frictions entre des communautés étrangères vivant sur ce territoire. Ce principe implique, notamment, la non-discrimination en fonction, entre autres, de la race, des opinions ou activités politiques, syndicales, des convictions religieuses, philosophiques, etc. ; le tout ayant pour corollaire le principe d’égalité devant la loi.
La coopération entre les villes de Kigali et de Paris l’emporte
Dans le cas d’espèce, la Maire Hidalgo s’est laissé aller à la subjectivité, privilégiant la coopération entre sa ville et le Rwanda dont la capitale est en coopération avec Paris. Lors d’un séjour en juillet 2021, en effet, a Maire de paris et son homologue rwandais avaient signé un mémorandum d’entente, développé en coopération depuis, sur la coopération dans les domaines de la culture, des nouvelles technologies et de l’innovation entre les deux villes.
Les actions de coopération couvertes sont, notamment, les échanges d’expériences, de documents et d’experts en matière de politiques urbaines de promotion de l’entrepreneuriat digital et de l’innovation; les facilitations au développement d’écosystèmes d’innovation entre Kigali et Paris; l’encouragement des incubateurs et des structures de promotion de l’innovation des deux villes à organiser conjointement des projets et des évènements ; l’encouragement des échanges d’expériences et d’expertises dans les domaines de la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, de l’innovation, du digital, du transfert de technologies et du développement des services innovants rendus à la population ; l’encouragement des systèmes de financement des entrepreneurs et start-up des deux villes ; l’implication des réseaux universitaires et instituts de recherche des deux villes dans la recherche de solutions innovantes ; la promouvoir l’accès à des métiers du numérique chez les filles et femmes des deux villes.
Il faut souligner que la conclusion de ces accords de coopération entre Kigali et Paris avait été largement soutenue, en matière de communication notamment, par les mêmes associations rwandaises qui ont remporté la décision d’interdiction de la production du 7 avril.
Albert Osako