La SNEL à l’heure du bilan : Satisfecit pour 2024, optimisme prudent pour 2025 et à venir

La fin de l’année 2024 s’annonce dans quelque six semaines et l’heure du bilan et des perspectives est venue. Unité de production parmi tant d’autres du portefeuille de l’Etat, la Société Nationale d’Electricité (SNEL S.A) n’y coupe pas. Il n’en saurait être autrement pour cette société d’importance stratégique pour le développement de la RDC et qui fait l’objet de particulières attentions des autorités nationales ainsi que des partenaires bi et multilatéraux.

Bilanter un mastodonte comme la SNEL n’est, cependant, pas chose facile au regard, non seulement de sa situation et de sa nature hautement stratégique, mais aussi des enjeux nouveaux qui s’ajoutent et constituent des défis progressifs. En effet, à la nécessité de relever, améliorer, renforcer et moderniser l’existant se posent comme nouveau défi, quoiqu’étant permanent, de relever le niveau de la quantité et de la qualité de la desserte pour répondre aux nouveaux besoins en plus de ceux qui attendent déjà.

Il s’agit, notamment, du défi énergétique pour l’industrie minière devenue aujourd’hui plus que stratégique dans la perspective du renforcement de la plus-value du produit minier congolais par sa transformation locale. Il s’agit aussi de l’enjeu des zones économiques spéciales censées de constituer des pôles de développement et qui appelle à une desserte en énergie, ainsi que de la couverture de l’ensemble du territoire nationale.

Last but not least, il s’agit aussi de relever le niveau et la qualité du service et du produit de la SNEL face à la concurrence, non seulement des autres sociétés produisant l’énergie hydroélectrique, mais aussi la montée de l’énergie photovoltaïque, etc.

Amélioration de la trésorerie et des finances, fin du recours aux crédits bancaires et désendettement progressif, etc., les raisons d’un satisfecit prudent à la Sel

Au regard de ce tableau général, à la SNEL on se dit serein et prudemment satisfait de ce qu’aura été l’année 2024 malgré les nombreux défis. Les données préliminaires auxquelles Congo Guardian a accédé renseignent, en effet, que « depuis la fin de l’année 2023, la situation financière et la trésorerie de la SNEL s’est sensiblement améliorées grâce à une gestion plus rigoureuse et à la hausse du tarif de l’énergie haute tension ».

Cette embellie se traduit par le fait que, contrairement aux années précédentes, « depuis janvier 2024, la SNEL ne recourt plus aux crédits à court terme ». Par ricochet, « l’encours vis-à-vis des banques commerciales a été réduit de près de 60%, marquant ainsi un pas décisif dans sa politique de désendettement et la possibilité de disposer de plus d’OPEX ».

Satisfecit prudent tout de même, la SNEL est consciente que « tout cela reste cependant fragile », car « les avancées obtenues pourraient en effet être mises en péril avec la nouvelle parafiscalité qui vient s’ajouter à la pression fiscale existante ».

Partenariats bi et multilatéraux, la bouée de sauvetage de rêve

A la SNEL on salue de vive voix l’appui des partenaires bi et multilatéraux qui, par leurs différents programmes, ont sensiblement contribué à faire respirer l’entreprise face à ses nombreux défis. « Depuis deux ans, peut-on lire dans les documents préliminaires de la SNEL, de nouveaux programmes de financement avec la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement, la KfW (agence allemande de développement), la JICA (agence japonaise de développement) ou l’Agence Française de Développement – associée à l’Union Européenne – ont été finalisés et sont en cours de mise en œuvre ».

Un Master Plan a également été conclu avec la Gécamines et les Opérateurs miniers, sans oublier le partenariat avec John Cockeril qui « devrait permettre de redynamiser la recherche et le développement ».

Et parmi les points de satisfaction en 2024, on épingle « la réussite des projets pilotes de digitalisation avec le développement de l’application SNEL&Moi et le partenariat avec Blue Energy (Ndlr : système de prépaiement de l’énergie) ». Ces deux apports « vont permettre des avancées significatives dans l’amélioration du service à la clientèle et de la communication ».

Plan opérationnel, contrat de performance et Perspectives 2025-2029

Quant à la perspective qui s’ouvre avec l’année 2025, la SNEL est assise sur un défi d’excellence basé sur les nouvelles orientations générales du Gouvernement à l’intention de ses entreprises. Le 20 septembre 2024, en effet, le Gouvernement avait adopté une nouvelle politique générale des entreprises publiques.

A la faveur de ce document de politique générale, « la SNEL avait signé un contrat de performance avec l’Etat afin de poursuivre son redressement qui repose notamment sur la régularisation de ses titres et concessions, le paiement des créances et des consommations de l’Etat, la restructuration de sa dette, une réévaluation des investissements, une meilleure communication, la digitalisation du service à la clientèle et de la gestion des réseaux urbains couplée à la conquête des parts de marché du bois-énergie (4 milliards $), un programme de renforcement des capacités et un plan de relève axé sur le cœur de métier et les NTIC ».

La SNEL est fermement engagée à répondre à ces défis. Elle est aussi déterminée à faire face aux enjeux que soulève « la nouvelle politique proposée par le Ministre du Portefeuille et adoptée par le Gouvernement et qui repose sur 10 axes, notamment les investissements et activités, le financement, les participations, la fiscalité et la parafiscalité et la trésorerie.

Toujours dans le but de mieux s’armer pour embrasser vaillamment les perspectives d’avenir, la SNEL avait également actualisé son plan opérationnel 2024-2026 « pour prendre en compte les résultats attendus de l’Etat propriétaire sous la houlette du Ministre du Portefeuille ».

La nouvelle politique générale des entreprises publiques et les enjeux et perspectives pour la SNEL

La meilleure prise en charge de toutes ces perspectives implique, pour la SNEL de s’armer comme tout bon voyageur qui veut aller loin et qui ménage sa monture. Un tel exercice passe, pour la SNEL, par la prise en compte de sa situation actuelle.

Cette situation indique, selon les documents d’évaluation, que « si la SNEL produit 90% de l’électricité en RDC, cela ne représente que 3% de la consommation annuelle d’énergie du pays, dominée par le marché du makala (bois-énergie) qui est estimé à 4 milliards de dollars par an, soit près de 10 millions de dollars par jour ». Il faut donc inverser la tendance vers les énergies durables.

Autre défi : l’endettement de la SNEL, 3 milliards de dollars (4,5% du PIB en 2023) dominé par les prêts chinois et bilatéraux (clients miniers). Un endettement « difficilement soutenable », car « près de 60% des recettes actuelles sont consacrées au service de la dette ».

Par ailleurs, la DSNEL doit faire face à l’épine de la facturation forfaitaire – seul 1 client sur 5 dispose d’un compteur. Cette situation « plombe le taux de recouvrement des recettes qui », comble de difficulté, « est exacerbé par le non paiement des factures de l’Etat propriétaire et des entreprises publiques ».

Ce duo – l’Etat et ses entreprises publiques – « consomment près de 30% de l’électricité dans les villes, soit 15% de toute la production SNEL, sans contrepartie financière ».

Ce tableau général incite donc à la prudence et au réalisme, malgré l’optimisme que suscitent les résultats du nouveau management de l’entreprise ces dernières années. A la SNEL on est, en effet, conscient que l’entreprise « traverse depuis plusieurs décennies une grave crise financière et opérationnelle qui se traduit par un déficit de l’offre et un service à la clientèle non satisfait ».

Et encore : « le déficit structurel de capacité estimé à 5 GW entraîne des niveaux de délestage qui se traduisent par des coupures de courant quotidiennes ». Des délestages qui sont « amplifiés par la surcharge des équipements déjà vétustes ou insuffisants, les sabotages des installations, le vol des câbles de cuivre et des cornières des pylônes ainsi que l’explosion des raccordements frauduleux ».

Malgré ces défis qui se posent à elle, la direction de la SNEL, sous la houlette du DG Fabrice Lusinde, se confiante en un avenir bien meilleur.

Les six défis d’avenir pour la SNEL

Une confiance qui, comme indiqué à l’entame, est tirée du professionnalisme du nouveau management de l’’entreprise qui, encadrée par la nouvelle politique générale du Gouvernement à l’attention des entreprises du portefeuille.

La SNEL projette, en effet, pour 2025 et les années à venir, un certain nombre de projets structurants à implémenter lorsque les finances seront mieux consolidées et la dette restructurée.Ces projets structurants sont :

1. La Digitalisation du service à la clientèle Snel&Moi : compteurs communicants (SNELBOX) et assainissement/modernisation des cabines et réseaux basse tension de tous les réseaux urbains de SNEL dans le cadre de la nouvelle politique commerciale.

2. La finalisation de la construction du barrage de Katende et des réseaux de transport associés vers Kananga (Kasaï central), Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental) et Mwene Ditu (Lomami) => soutien au développement des agroindustries et substitution de la consommation du bois énergie par l’électricité

3. La réhabilitation et l’extension du barrage de Mobayi Mbongo ainsi que la construction de la ligne de transport Mobayi-Mbongo – Businga – Gemena et réseaux urbains associés du Nord et Sud Ubangi ainsi que de la Mongala => soutien au développement des agroindustries et substitution du bois-énergie par l’électricité

4. La construction des centrales hydroélectriques sur la rivière Luapula (Haut Katanga) ainsi que des réseaux de transport associés vers Tanganyika (Bendera) et Sud Kivu (Ruzizi 1, 2 et 3) et Interconnexion avec le réseau de Transport Sud de SNEL y compris la construction du tronçon de ligne entre Kibula (Lualaba) et Kamina (Haut Lomami) => soutien aux industries de transformation des minerais stratégiques et agroindustries et substitution du bois-énergie par l’électricité

5. La construction de la centrale hydroélectrique de Wania Rukula et des réseau de distribution associés dans les provinces de la Tshopo, du Sankuru (Lodja), du Maniema (Kindu) et du Nord Kivu (Walikale) => soutien aux agroindustries et industries de transformation des minerais stratégiques et substitution du bois-énergie par l’électricité.

6. La construction de nouvelles centrales hydroélectriques de la rivière Inkisi (en attendant la structuration du programme Grand Inga3) + construction de la ligne Maquela Do Zombo (Angola) – Kwilu (Kongo central) et de la ligne Maluku – Kikwit => soutien à la croissance urbaine, au développement des zones économiques spéciales de Kinshasa et de l’industrie des bâtiments et travaux publics au Kongo central et à Kinshasa et substitution du bois-énergie par l’électricité.

Jonas Eugène Kota

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