RDC : « Plus de diplomatie pour plus de paix », l’angle de travail de Thérèse Kayikwamba

Une diplomatie agissante sera puisée pour faire revenir la paix en République démocratique du Congo (RDC), telle est la promesse de Thérèse Kayikwamba Wagner, nouvelle ministre d’Etat des Affaires étrangères, qui a dévoilé lundi soir son plan pour la RDC, un pays plombé par la guerre dans la partie est.

« PLUS DE DIPLOMATIE, PLUS DE PAIX »

« Utiliser la diplomatie pour plus de paix en RDC, mais aussi plus de diplomatie en général », a exposé la nouvelle cheffe de la diplomatie au cours de son premier briefing devant la presse après sa prise de fonctions en juin dernier.

En RDC, un pays qui « a beaucoup à offrir » et regorge d’opportunités dans divers domaines, notamment dans l’énergie et le développement durable, le ministère s’efforcera d’aborder non seulement les questions de paix, notamment dans l’est du pays, mais aussi celles du développement, de la coopération et des partenariats, a indiqué Mme Wagner.

Le front diplomatique, qui « prend un peu plus de temps » et est plus subtil qu’un combat sur une ligne de front, constitue un « travail de longue haleine », a-t-elle expliqué, promettant de réaliser les retombées pour que la voix de la RDC soit entendue sur la scène internationale et que les réalités du conflit soient pleinement comprises.

En termes d’efficacité, Mme Wagner, qui a travaillé dans la province du Nord-Kivu (est), épicentre des violences, comme humanitaire pendant plus de deux ans, avant de rejoindre le système onusien, a exprimé son souhait de moderniser le ministère, en le rendant plus « robuste, connecté et informatisé », pour accroître l’impact des efforts diplomatiques.

Selon elle, la RDC pourrait puiser de l’arsenal diplomatique des outils, notamment les bons offices, qui pourrait conduire à une situation propice à une résolution durable du conflit. « En ce qui concerne la diplomatie, mon mot-clé, c’est ‘plus’. Plus de diplomatie pour plus de paix », a-t-elle déclaré.

DES EFFORTS DIPLOMATIQUES POUR UNE SOLUTION DURABLE

La RDC et la rebellion du Mouvement du 23 mars (M23), qui a pris de nombreux territoires dans l’est du pays, ont convenu de faire taire leurs armes dans le cadre d’une trêve humanitaire de deux semaines du 5 jusqu’au 19 juillet.

Selon la patronne de la diplomatie congolaise, la RDC s’engage à poursuivre des efforts diplomatiques pendant et après sa trêve humanitaire avec le M23, ressurgi fin 2021 après sa défaite en 2013.

Cette trêve de 14 jours constitue « un chemin tracé pour le retour de la paix » dans la partie est du pays, en proie aux violences depuis des décennies, a souligné la cheffe de la diplomatie de la RDC, assurant que la protection de la population du pays restait « la première priorité » de son mandat.

« Une trêve ne veut pas dire que nous ne sommes pas vigilants », a-t-elle expliqué, promettant des efforts diplomatiques qui « vont continuer pendant et après cette trêve » et une « solution durable » pour faire revenir la paix, notamment perturbée par l’avancée des rebelles du M23, accusés par les autorités d’être appuyés militairement par le Rwanda, qui a néanmoins rejeté cette accusation.

« Nous restons fermes sur notre position que toute discussion aura lieu dans le cadre du processus de paix de Luanda », initié par le président angolais Joao Lourenço, a souligné Mme Wagner, répondant à la question concernant un dialogue entre la RDC et le Rwanda.

« Nous voulons une solution politique et durable. Nous voulons que les discussions se tiennent à Luanda (…) Mais nous voulons les discussions honnêtes et sincères », a indiqué Mme Wagner, notant que « beaucoup de choses ont eu lieu » après la dernière réunion dans le cadre du processus de Luanda, tenue en mars dernier.

Plus de 900.000 personnes nouvellement déplacées ont été enregistrées entre janvier et avril 2024, portant le nombre total de déplacés à environ 7,3 millions dans le pays, dont plus de 5,6 millions dans les trois provinces orientales, à savoir le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

La RDC connaît « l’une des crises humanitaires les plus graves, les plus complexes et les plus négligées de cette époque », a noté lundi la représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC, Bintou Keita devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

RETRAIT DES CASQUES BLEUS DE L’ONU

Le retrait des casques bleus du pays après 25 ans de présence ne doit pas être considéré comme un vide dans l’est du pays, a insisté Mme Wagner, tout en appelant à un retrait « responsable durable et ordonné ».

Fin juin dernier, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) a fermé son bureau névralgique dans la province du Sud-Kivu, marquant la fin de la première phase de son processus de désengagement du pays.

Selon le plan établi par la RDC et l’ONU, le désengagement de la MONUSCO se déroule en trois phases, à commencer par un retrait complet des composantes militaires et policières de la mission du Sud-Kivu d’ici au 30 avril et d’ici au 30 juin pour sa composante civile. Les deuxième et troisième phases de ce retrait prévoient un retrait du Nord-Kivu et de l’Ituri, et la MONUSCO quittera « définitivement la RDC au plus tard fin 2024 », selon un communiqué publié conjointement par le gouvernement congolais et la MONUSCO en janvier dernier.

« Le départ de la MONUSCO ne peut pas être considéré comme une source d’inquiétude », a-t-elle expliqué, se référant à l’achèvement du processus de retrait au Sud-Kivu. « C’est un processus qui était riche en expérience et en apprentissage (…) Ce qui est très important, c’est que nous ne voulons pas précipiter une situation dans laquelle la vulnérabilité et la volatilité du contexte de sécurité pourraient être exploitées davantage. Donc, nous voulons un retrait responsable, durable et ordonné », a-t-elle conclu.

Contrairement aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, le Tchad ne déploiera pas ses forces armées sur le territoire de la RDC, a réagi Mme Wagner. « Le Tchad n’étant pas membre de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), un déploiement militaire dans le contexte de la SAMIDRC (force régionale de la SADC) n’est pas une option. »

Composée d’éléments militaires de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud et du Malawi, la force régionale de la SADC, connue comme SAMIDRC, qui a aussi bénéficié du soutien du Burundi et de l’Union africaine, dispose d’un mandat offensif pour stopper l’avancée des rebelles du M23.

Avec Xinhua

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