Émoluments des députés : Vital Kamerhe joue sa carrière

Par Omer Nsongo die Lema

Dans les années 1970, Mobutu avait osé le rabattement des salaires. En 2024, Tshisekedi doit oser…

Au regard des réactions suscitées par la dernière livraison intitulée  » Vital Kamerhe a pourtant convaincu les députés de réduire leurs émoluments à USD 5.000 ! « , il est indiqué de fixer l’opinion sur la suite logique des évènements liés à cette décision. D’abord en interne. Même en acceptant le rabattement, tous les députés ne sont pas obligés de l’accepter. Ils sont nombreux à s’y résigner faute de conviction. Surtout ceux qui ont postulé par esprit mercantile. La fronde est alors à envisager au sein même de la chambre basse avec débordement garanti à la chambre haute…Ensuite en externe. Vital Kamerhe a conscience de la capacité des ONG ciblées de relever le défi leur lancé. Avec la complicité de certains Honorables et certains initiés, ces ONG chercheront par tous les moyens la petite bête pour lui faire rabattre le caquet ».

LA LOI DE FINANCES EST  » AMANDABLE « 

En réponse à des observations effectivement fondées d’un spécialiste en médias, il y a lieu de relever la date à laquelle Vital Kamerhe a fait sa déclaration : 15 juin 2024. Celle de la clôture de la session ordinaire de mars-juin.

Pour rappel, l’investiture de son bureau est intervenue le 22 mai dernier.

L’écart entre les deux dates étant de « trois semaines », la priorité a évidemment été réservée à la confection du calendrier et à l’investiture du Gouvernement.

Ceci de un.

De deux, un collectif budgétaire est une loi organique. Dans sa configuration actuelle, les deux chambres ne peuvent pas en débattre au cours de la session de mars-juin. Déjà, jusqu’à ce jour, le Sénat n’a pas de Bureau définitif investi. Il n’est pas opérationnel.

Que l’opinion ait aperçu après l’annonce de Vital Kamerhe le député national Eliezer Thambwe et l’ONG  » LE CONGO N’EST PAS A VENDRE  » se référer l’un à une vieille vidéo et l’autre à la loi des finances de l’exercice 2024 ne pose aucun problème dès lors que c’est par souci de transparence.

Cependant, ce souci doit prendre en compte la réalité ci-après : la loi de finances est  » amandable ». D’où le mécanisme légal appelé  » collectif budgétaire » permettant de revoir à la hausse ou à la baisse les chiffres y exprimés. Et cela n’est faisable qu’au cours d’une session parlementaire.

Prenons alors notre mal en patience.

Pour instaurer la transparence, les députés nationaux et les sénateurs vont procéder, lors de la session  parlementaire de session de septembre-décembre  traditionnellement consacrée à la question budgétaire, aux trois actes suivants :

1.collectif budgétaire 2024,

2.reddition des comptes et

3.adoption de la loi des finances pour l’exercice 2025.

Ce qu’il faut d’emblée retenir est que le rabattement doit s’étendre à toutes les institutions nationales et Provinciales, en l’occurrence :

1.au Président de la République,

2.au Sénat,

3.au Gouvernement,

4.aux Cours et Tribunaux.

5.aux Assemblées provinciales et

6.aux Gouvernements provinciaux.

Seront aussi touchés, sans doute, les membres des cabinets du niveau supérieur, les mandataires opérant dans les entreprises, les  établissements et les services publics, etc.

L’AVENIR MÊME DU PAYS SE JOUE MAINTENANT

Au regard de ce qui précède, Vital  Kamerhe sait parfaitement bien que les restrictions budgétaires vont bousculer énormément d’intérêts… privés. Particulièrement ceux des opérateurs économiques ayant choisi comme filon le « train de vie des politiciens ».

Ce n’est pas moins de 2 milliards $ qu’on met dans l’importation des biens prisés dans ce filon, biens allant des besoins alimentaires et vestimentaires à l’immobilier, en passant par le transport, la téléphonie cellulaire, l’hôtellerie, les mobiliers, les assurances, les agences de voyage etc.

Tout un pan de la fameuse économie congolaise extravertie vivra les effets de l’ouragan car,  dans ce pays, la  catégorie sociale élevée consomme ce que le pays ne produit pas et le pays produit ce qu’elle ne consomme pas.

Conséquence : il va revenir au Président de la République Félix Tshisekedi et au citoyen lambda d’appuyer Vital Kamerhe en agissant ou en réagissant de façon conséquente.

On d’emblée se le dire : l’avenir même du régime se joue dans les restrictions budgétaires !

« IMPOSER LA TRANSPARENCE »

En réalité, l’histoire se répète sous nos yeux. Au cours de ces 60 dernières années, c’est la deuxième fois que le Congolais va vivre le rabattement des salaires à l’échelle nationale.

La première fois, c’était dans les années 1970, sous Mobutu.

Participant à la campagne de sensibilisation initiée à cet effet,  Rochereau Tabu Ley y avait consacré la chanson intitulée « Zando ya malonga » stigmatisant la tendance dépensière de la femme.

Effectivement, s’était rendu compte du fait que son régime vivait au-dessus de ses moyens, Mobutu s’était assumé en préconisant le rabattement des rémunérations. C’est là, la cause première de la rigueur pilotée par Léon Kengo pour le compte du Fmi et de la Banque mondiale.

A l’époque, il n’y avait ni pluralisme politique, ni pluralisme médiatique, ni ONG et même pas Internet. La population avait suivi.

Aujourd’hui, avec le pluralisme politique et médiatique, l’omniprésence et l’omnipotence des ONG et Internet, va-t-elle suivre ? On peut l’espérer.

Mais, pour la mobiliser, elle doit être convaincue par la transparence.

En d’autres termes, les émoluments des acteurs institutionnels majeurs devront cesser d’être un sujet tabou.

Moralité : avec cette affaire d’émoluments, Vital Kamerhe joue certes sa carrière politique.

Mais, il ne sera pas affecté seul.

Un tsunami s’annonce dans le microcosme politique congolais à la rentrée parlementaire de septembre prochain. Dans deux mois et demi seulement…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *