Félix Tshisekedi, sa première descente dans le grand Bandundu qu’il a zappé pendant 5 ans

En cinq années de Mandat, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ne s’est jamais rendu dans aucune des provinces démembrées du grand Bandundu. Tout ce qui l’en rapproche, à ce jour, pourrait être les exactions dont les autres leaders politiques de l’opposition ont été l’objet pour leur visite dans ces provinces de la part des services. D’autres ont carrément été interdits de s’y rendre.
Pourtant, le grand Bandundu est juste la porte à côté, à commencer par Kenge, marquée dans l’actualité politico-judiciaire, par Bukanga Lonzo qui abrite le parc de tous les enjeux politiques connus.

Guerre yaka-pende, phénomène Mobondo, etc.; des crises qui n’ont éveillé que la curiosité du Palais de la Nation !
Grenier de la capitale, le grand Bandundu a aussi marqué l’actualité ces deux dernières années à la suite de la poussée subite, et injustifiée à ce jour, de l’insécurité causée par les affrontements meurtriers entre yaka et teke au départ de la province de Maï Ndombe. Avant le grand déferlement de la nébuleuse Mobondo qui insécurise jusqu’à la partie Est de la ville de Kinshasa, du côté de Maluku.
D’autres sources ont parlé de la présence de cette nébuleuse jusque vers le Kongo central, du côté ouest de Kinshasa.
De ces situations préoccupantes d’actualité, la seule proximité connue du chef de l’Etat l’aura été par voie de ses émissaires dont certains sont cités comme étant des protagonistes dans ces conflits (notamment entre teke et yaka). La population avait longtemps espéré une visite du Président de la République ne fût-ce qu’au titre de réconfort des familles éplorées et des populations déplacées. Une sollicitude qui aurait été psychologiquement importante dans ces situations qui ont été marquées par des tueries d’une rare atrocité.
Il a fallu, notamment, la médiation de l’église catholique – la même que vilipende le régime – pour ramener les esprits aux bons sentiments là où de multiples délégations de Kinshasa, dont celles, au moins deux fois, du Gouvernement conduites par le VPM de l’Intérieur, n’ont rien donné ; même pas pour nommer la cause de ces affrontements et l’origine de la crise des Mobondo.
Aujourd’hui les choses semblent s’être tassées comme par enchantement tant personne, même le garant de la nation, n’a apporté de solutions à des situations que personne, non plus, n’a su élucider.
Un constat qui conduit des notables du grand Bandundu à se poser des questions sur l’objet d’un tel déplacement aux contours, selon eux, tristement transactionnels. « Juste pour courtiser nos pauvres mpangi », s’indigne l’un d’entre eux qui se demande si Félix Tshisekedi se serait rendu un jour dans le Bandundu s’il n’y avait pas d’élections.
Terribles observations pour cette partie du pays, grenier de la capitale, qui croupit sous une arriération qui contraste avec son impressionnant potentiel agricole et sa proximité avec la capitale. Une proximité et une accessibilité qui l’aurait exposée à toutes les attentions possibles des décideurs.

Gros générateurs d’emplois, le projet Bukanga Lonzo abandonné au profit d’un procès stérile contre Matata Ponyo
Même pour le fameux parc agroindustriel de Bukanga Lonzo, d’une importante capacité de création d’emplois, a été abandonné, et la main d’œuvre locale avec. À la place, le pouvoir de Kinshasa a préféré guerroyer cinq années durant, et sans succès, contre Matata Ponyo et Cie devant les prétoires pourtant acquis de la Cour constitutionnelle.
On ne parle pas, pour le reste du grand Bandundu, des routes de desserte agricole impraticables, ce qui fait qu’au moins 60% de la production agricole pourrissent dans les champs. On ne parle pas, non plus, du manque d’eau potable dans la quasi-totalité de la province, mais aussi et surtout du manque d’électricité pour cette province qui dispose pourtant d’un barrage hydroélectrique prêt à fonctionner.

Eau, électricité, routes, etc. : même le programme des 145 territoires lancé au Bandundu par le Premier ministre a été stoppé et ravi par la Présidence
Le barrage de Kakobola, puisque c’est de celui-ci qu’il s’agit, aura connu des lourdeurs d’intervention jusqu’au milieu de l’année 2022 suite au retard dans le déblocage de la contrepartie gouvernementale dans ce projet financé et conduit par le partenaire indien. « Une lourdeur mal vécue par la population qui ne s’explique pas pourquoi un projet d’une si haute importance a pu faire l’objet des caprices du pouvoir pendant cinq ans, simplement parce qu’il avait été initié par le régime précédent ».
C’est, en tout cas, le commentaire d’un autre notable sur les hauteurs du plateau des Bateke, contigu au Kwango, qui souffre de ce déficit d’énergie électrique ; comme une antilope qui meurt de soif les pattes dans l’eau.
Le grand Bandundu, c’est aussi le trait d’union entre Kinshasa (la partie est du pays en général) et le centre du pays par la RN 1 dont l’état continue de faire l’objet de vives préoccupations des populations riveraines et des usagers. A plusieurs reprises, cette route s’est vue coupée par des têtes d’érosions sur lesquelles des alertes n’ont cessé de foisonner.
La conséquence de cette négligence délibérée se traduit par l’aggravation de la pauvreté dans le Bandundu et au centre du pays. Conséquence encore : cet exode massif des populations vers d’autres provinces où se vit des problèmes de cohabitation qui menacent sérieusement la concorde et l’unité nationale.

C’est Katumbi qui rappelle le barrage de Kakobola !
Dans le Kwilu, où se situe le barrage de Kakobola, on attend le Président Tshisekedi de pieds fermes pour lui demander pourquoi la population a été si longtemps affamée pour ne devenir intéressante qu’aujourd’hui, juste au moment où son vote attire toutes les convoitises. Il a, en effet, fallu qu’un leader politique, Moïse Katumbi, dénonce cette situation à travers une brêve vidéo dans les réseaux sociaux pour que l’on apprenne que ce barrage pourrait être inauguré dans le cadre de la tournée de campagne de Félix Tshisekedi.

Les tourbières du Bandundu, base du « pays solutions » en matière de climat, ignorées pendant cinq ans
Le grand Bandundu, c’est également ses tourbières qui piègent le gaz à effet de serre et fait de la RDC un « pays solution » en la matière. Une richesse qui ne profite nullement au pays qui, pourtant, se gargarise tout juste l’ego dans les cénacles internationaux sans le moindre intérêt pour cette zone du pays qui est, vaujourd’hui, le plus gros poumon de la planète.

Les refoulés congolais d’Angola abandonnés dans le Bandundu profond
Pendant ce temps, la région croupit dans la misère noire, aggravée souvent par le déferlement des refoulés de l’Angola qui vivent dans la plus grave précarité à cause de l’indifférence du régime depuis ces cinq dernières années. Aucune initiative, même diplomatique, pour que ces expulsions soient au moins organisées et humanisées afin de permettre au pays d’accueillir dignement ses fils et filles renvoyés brutalement de chez le voisin angolais.
JDW

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