RDC/Présidentielle 2023 : Rex Kazadi trahi par sa nationalité française

En 2010, l’infographe père du phénomène « combattants » était face à Nicolas Sarkozy dans une émission sur TF1 entre le Président français et ses concitoyens. À l’occasion, Kazadi avait clamé haut et fort sa nationalité française tout en se réclamant aussi congolais, ce que la loi congolaise n’autorise pas.


Reçu lundi 11 septembre à la CENI après un tour exploratoire samedi dernier, Rex Kazadi est reparti, délesté de son dossier de candidature à la présidentielle de décembre 2023 et muni du petit carton d’électeur qui lui confère automatiquement la citoyenneté congolaise. Du moins sur le principe puisque la carte fait office de pièce d’identité en RDC.
Seulement, le personnage est plus que connu du commun des congolais d’ici et d’ailleurs comme étant un sujet français. Infographe, Kazadi (45 ans aujourd’hui), qui vit en France où il est arrivé à l’âge de 9 ans, est présenté comme l’un des initiateurs du phénomène « combattants » qui a, notamment, entraîné la fin des productions culturelles des congolais en Europe depuis plus de vingt années maintenant.
Il est également mis à son actif (?) l’agression physique des musiciens et d’acteurs politiques dans la même période, au motif que le pays ne va pas.
Seulement, Kazadi n’a jamais été vraiment inquiété à part un certain nombre de garde-à-vue en France pour ses méfaits, même les plus flagrants. Simplement parce que, originaire de la RDC, il est un sujet français.


Ce qui étonne le public depuis qu’il a été vu se faire enregistrer comme candidat et depuis que la CENi a émis un communiqué l’annonçant. On rappelle qu’en 2018 déjà, feu Tshala Mwana l’avait vigoureusement dénoncé sur plusieurs chaînes de télévision à Kinshasa quand il avait voulu se présenter à la députation nationale. La défunte cantatrice congolaise lui en voulait en l’accusant d’avoir brisé leur business sur l’espace européen à cause du phénomène de « combattant » qu’elle lui avait attribué.
Rex Kazadi lui-même ne se cache pas pour revendiquer sa nationalité française qu’il ne peut pas détenir concurremment avec celle congolaise qui est une et exclusive selon la constitution de la RDC. Sous ce statut, il s’était révélé au grand jour par un moment de proximité avec Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle française en 2010.

(Lire, à ce sujet, l’article de jeune Afrique à ce lien : https://www.jeuneafrique.com/198637/societe/rex-et-le-pr-sident/)

Sous ce statut, Rex Kazadi avait fait partie du petit parterre des français qui avaient échangé, le 25 janvier 2010, avec leur Président lors d’une émission télévisée sur TF1 au titre sans équivoque : « Paroles de français ». Un article de Jeune Afrique daté de l’époque, et signé par la consœur Leïla Slimani, avait immortalisé ce moment en parlant de Rex Kazadi comme la vedette de l’émission qui croulait sous des messages de félicitations. C’est ce qui avait justifié ce clin d’œil qu’elle lui fera, révélant ainsi sa nationalité et ses attaches françaises.
Dans l’entretien repris par la journaliste, Rex Kazadi se déclare ouvertement comme français tout en se revendiquant également comme congolais. Chose impossible dès l’instant où il avait acquis une autre nationalité, selon la loi congolaise.
« Originaire de Kinshasa, Rex est arrivé en France à l’âge de 9 ans pour rejoindre son père, étudiant en droit », écrivait la consœur sur Kazadi qui, lui, se déclarait « pleinement français et pleinement congolais » pour se sentir « riche de cette double culture » tout en refusant d’«avoir à choisir ou à se justifier ».
« Mes deux pays sont comme mes deux parents. Je les aime autant chacun et leur suis fidèle à tous les deux », se lâchait-il.
Seulement, selon les lois congolais, il ne lui appartient pas, ni à personne d’autre, de disposer de la nationalité congolaise selon ses goûts et ses sentiments. L’article 10 de la Constitution stipule que « la nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec une autre nationalité ». Cette disposition est reprise in extenso à l’article premier de la Loi N° 04-024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise ». Et l’article 26 de celle-ci prévoit que « Toute personne de nationalité congolaise qui acquiert une nationalité étrangère perd la nationalité congolaise en vertu des dispositions de l’article 1er de la présente loi ».
Quant au recouvrement de la nationalité congolaise, l’article 32 est clair : « Tout congolais d’origine, qui a perdu sa nationalité, peut la recouvrer par »déclaration faite conformément aux dispositions de l’article 34. Il doit avoir conservé ou acquis avec la République Démocratique du Congo des liens manifestes, notamment d’ordre culturel, professionnel, économique, sentimental ou familial. La déclaration n’a d’effet qu’à compter du jour de son enregistrement ».
Et cet article 34 prévoit que « Toute déclaration en vue d’acquérir la nationalité congolaise, d’y renoncer ou de la recouvrer dans les cas prévus par la présente loi doit satisfaire aux conditions suivantes : 1. être présentée en double exemplaire ; 2. comporter élection de domicile en République Démocratique du Congo de la part de l’intéressé ; 3. comporter la signature légalisée de l’impétrant ; 4. être accompagnée des documents qui sont déterminés Arrêté du Ministre de la Justice et Garde des Sceaux délibéré en Conseil des Ministres ;

  1. être adressée au Ministre de la Justice et Garde des Sceaux par lettre recommandée avec accusé de réception ou par porteur contre récépissé après remise des pièces requises ».
    Quant à l’article 22 évoqué dans le précédent, il est ainsi stipulé : « La nationalité congolaise par acquisition est soumise aux conditions suivantes : 1. être majeur ; 2. introduire expressément une déclaration individuelle ; 3. déposer une déclaration d’engagement par écrit de renonciation à toute autre nationalité ; 4. savoir parler une des langues congolaises ; 5. être de bonne vie et mœurs ; 6. Avoir, à la date de la demande, une résidence permanente en République Démocratique du Congo depuis 7 ans ; 7. ne s’être jamais livré au profit d’un Etat étranger, à des actes incompatibles avec la qualité de congolais, ou préjudiciables aux intérêts de la République Démocratique du Congo ;
  2. n’avoir pas fait l’objet d’une condamnation définitive par les juridictions nationales ou étrangères pour l’une des infractions ci-après : a. haute trahison ; b. atteinte à la sûreté de l’Etat ; c. crimes de guerre, crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes d’agression ; d. crimes de terrorisme, assassinat, meurtre, viol, viol des mineurs et pédophilie ; e. crimes économiques, blanchiment de capitaux, contrefaçon, fraude fiscale, fraude douanière, corruption, trafic d’armes, trafic de drogue ».
    Cet article est précisé dans l’article 24 qui stipule que « La personne qui a acquis la nationalité congolaise, jouit de tous les droits et est tenue à toutes les obligations attachées à la nationalité congolaise à dater du jour de cette acquisition. Toutefois, les lois particulières peuvent exclure de l’exercice de certaines fonctions publiques les personnes bénéficiaires de la nationalité congolaise d’acquisition ».
    Congo Guardian n’a pas pu accéder au dossier de Rex Kazadi à la CENI pour savoir s’il a satisfait à toutes les conditions pour recouvrer la nationalité et être éligible à de hautes fonctions comme la présidence de la République.
    A.O

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