La conférence de presse que viennent de donner les Présidents Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron après leurs échanges au Palais de la Nation ne s’est pas embarrassée d’aménités diplomatiques. Attendu pour littéralement des explications sur ce que la RDC officielle considérait, avant son arrivée, comme une position claire-obscure de son pays, frisant la complicité avec le Rwanda, le Président français a manifestement choisi de ne pas venir à Kinshasa en victime expiatoire. Au contraire, Macron s’est montré plutôt offensif face à des questions de la presse locale dont il semblait subodorer une préméditation d’État. Et un moment donné, le face-à-face avec la presse a brièvement tourné en un face-à-face entre les deux chefs d’Etat.
Informé certainement que la conférence conjointe était retransmise en direct, le chef de l’Etat français a choisi de jouer son va-tout dans un discours direct et avec des phrases sans équivoques. Par exemple, lorsque les Congolais l’accusent de commisération avec le Rwanda, il claque sa réplique comme un fouet : « Depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France et pardon de le dire de façon aussi brute : vous n’avez pas été capables de restaurer votre souveraineté, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative. C’est une réalité, il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur de cette affaire ». Macron tient ces propos sous les lambris de la salle des plénières où fut proclamé l’indépendance de la RDC.
Et à propos de « cette affaire » qui préoccupe les congolais, il en fait sa lecture : « il ne s’agit pas d’une agression des puissances extérieures mais plutôt des rebelles soutenus par des puissances extérieures » ; avant de condamner ces agressions et s’exprimer son soutien au processus de Luanda. Luanda où il a trouvé et laissé une délégation du M23 en pourparlers avec le Président Lourenço à qui il fait entièrement confiance.
Quant aux sanctions attendues de la France, Emmanuel Macron s’en tient d’abord au processus de Luanda et les envisages après. «Les sanctions viendront au bon moment, au cas où les engagements ne sont pas respectés ». En attendant il a annoncé avoir obtenu un cessez-le-feu à partir de ce mardi 7 mars mais que certains pays hésitaient encore, sans les citer.
Lors de la présentation de sa politique africaine à l’Élysée avant d’entamer sa visite de quatre pays, le Président français avait déclaré que la souveraineté de la RDC n’est pas négociable. Ce à quoi le VPM congolais aux affaires étrangères avait déclaré que ces mots n’étaient pas suffisants. Et le porte-parole Patrick Muyaya d’ajouter que le président Tshisekedi allait porter un message sans ambiguïté face à son homologue français.
Jonas Eugène Kota