RDC-France : Grand soutien du renseignement rwandais, Macron arrive à Kinshasa en terrain hostile

A la fin de l’année dernière, Jacques Langlade de Montgros, patron de la Direction du Renseignement Militaire française (DRM), s’était rendu à Kigali en mission de resserrement des liens entre les renseignements français et rwandais. « Un long processus en action depuis 2021, directement impulsé par l’Elysée », commentait alors notre confrère en ligne « Africa Intelligence » qui citait nommément Emmanuel Macron comme soutien de cette opération.

Indésirable à Kinshasa, Emmanuel Macron loue les services de Fally Ipupa pour séduire les congolais. L’artiste musicien congolais Fally Ipupa a été, ce lundi 28 février 2023, l’ôte d’Emmanuel Macron à l’Elysée où il prononçait son discours annonciateur de sa tournée africaine cette semaine. Le président français doit se rendre au Gabon, en Angola, au Congo et en RDC où il devrait séjourner les 3 et 4 mars prochains. D’autres activités sont pré »vues à Kinshasa avec le même artiste lors du séjour du Président français.

En prévision de cette tournée, Emmanuel Macron a associé ainsi des influenceurs et autres leaders d’opinion africains pour la cérémonie d’hier lundi où il a donné les lignes de sa politique africaine « pour ressouder les liens parfois distendus avec les pays africains », peut-on lire dans une dépêche de l’AFP. On y a, en effet, vu des footballeurs en activité ou fin carrière, des acteurs de cinéma, des musiciens, etc.

Les Congolais préfèrent largement la Russie à la France (sondage)

Mais on sait cependant, comme l’indique encore l’AFP, que « l’influence de la France sur le continent faiblit quand elle n’est pas ouvertement contestée par les régimes en place et les puissances extérieures ».

En RDC particulièrement, la France est vue comme l’un des principaux soutiens du Rwanda qui agresse la RDC sous couvert du M23. Les officiels congolais, dont le VPM aux Affaires étrangères au cours d’un briefing de presse, ne s’en cachent pas et attendent de Macron une position claire en termes de pression sur Kigali pour le retrait de la RDF du territoire congolais.

Le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) a publié récemment, avec le concours d’Ebuteli et de l’institut de sondages Berci, une étude qui montre que 29% seulement des Congolais ont une bonne opinion de la France. Les Congolais portent largement leurs préférences sur la Russie (60%), le Japon (52%), la Corée du Sud (47%) ou la Chine (47%). La France arrive loin, en 20ème position.

A Kinshasa, en effet, personne n’est dupe du soutien continu de la France aux services rwandais de renseignement, même en cette période où Kigali exploite largement ces capacités renforcées dans son agression contre son voisin congolais.

Comment Emmanuel Macron soutient le renforcement du renseignement rwandais par la France

A la fin de l’année dernière, en effet, Jacques Langlade de Montgros, patron de la Direction du Renseignement Militaire française (DRM) s’était rendu à Kigali en mission de resserrement des liens entre les renseignements français et rwandais. « Un long processus en action depuis 2021, directement impulsé par l’Elysée », commentait alors notre confrère en ligne « Africa Intelligence ».

Dans la même période, annonçait également le confrère, une « poignée d’officiers rwandais » devaient suivre un cursus de formation sur le site de la base aérienne 110 de la DRM à Creil, dans l‘Oise. Ce « volet le plus discret opéré par Paris et Kigali » concerne également la sécurité extérieure, écrivait Congo Guardian en novembre dernier.

Lire, à ce sujet, notre article à ce lien : https://congoguardian.com/2022/11/05/crise-rdc-rwanda-emmanuel-macron-en-posture-de-double-jeu-au-profit-de-kigali/

Congo Guardian révélait que Bernard Emié, patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) – la fameuse « piscine » – a, toujours ‘’sous l’impulsion directe du Président français Emmanuel Macron’’, « entretenu des contacts réguliers avec le chef de la National intelligence and security services (NISS) rwandais, le Général Joseph Nzabamwita ».

C’est pendant cette période de contacts « bilatéral » que Paris a organisé, au mois de septembre 2022, plusieurs rounds de négociations entre les services de renseignement rwandais, ougandais et congolais au sujet de la crise opposant Kinshasa et Kigali sur la situation à l’est de la RDC. des négociations qui n’ont, cependant, pas abouti au regard de l’entêtement de Kigali qui est certainement sûr de ses « arrières ».

Cependant, cette initiative de Macron d’établir, resserrer ou renforcer sa coopération en renseignement avec Kigali n’est pas bien vue au sein même des « services » français et de l’armée tricolore. On parle de « réelles crispations au sein des services de renseignement tricolores (DRM comme DGSE), ainsi que certains officiers de l’armée, où l’on s’inquiète de l’activisme rwandais sur le continent. Un sentiment encore partagé au sein du secteur ‘N’ chargé de l’Afrique à la DGSE ».

Jonas Eugène Kota

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