Service public et politique : Président d’un parti, Gentiny Ngobila hors-la-loi

Alors que la loi organique fixant l’organisation et le fonctionnement des services publics du pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées consacre l’apolitisme des services publics et de leurs animateurs, le Gouverneur de la ville de Kinshasa s’affiche ostentatoirement comme Président d’un parti politique et utilise à des fins privés véhicules, argent ( ?) et immatriculations de la ville. Le tout sous le regard indifférent du Ministre de l’Intérieur.

Gentiny Ngobila est, à ce jour, le seul Gouverneur parmi tous ceux que compte la RDC, et la seule autorité publique du pays à violer la loi organique fixant l’organisation et le fonctionnement des services publics du pouvoir central, des provinces et des entités territoriales décentralisées. En son article 6, en effet, cette loi fixe les principaux fondamentaux du service public que sont l’égalité, la neutralité, la légalité, la continuité, la spécialité et l’adaptabilité.

Sur base du principe de la neutralité, la loi sus-évoquée consacre l’apolitisme des services publics. Or, aujourd’hui, le Gouverneur de la ville de Kinshasa – et donc responsable de l’action publique de l’Etat dans cette province – s’affiche ostentatoirement comme Président d’un parti politique, l’ACP, qu’il a créé en plein exercice de ses fonctions. On l’a vu à plusieurs reprises abandonner ses charges pour passer le temps au siège de son parti à Limete avant d’effectuer une sortie officielle au Stade des Martyrs dans des conditions qui ont fait planer des soupçons d’utilisation de l’argent de l’Etat.

Le très politique Gouverneur de Kinshasa se déploie à Matadi, hors de sa circonscription administrative

Et pas plus tard que le week-end dernier, Gentiny Ngobila a effectué une descente à Matadi où il a mené des manifestations politiques dans le cadre de l’implantation de son parti et sous le prétexte de mobiliser pour la victoire de Félix Tshisekedi aux prochaines élections.

Sur tout ce parcours, il a également violé les dispositions de l’article 8  de cette même loi qui, en son alinéa 4, stipule que « le service public demeure apolitique, neutre et impartial. Nul ne peut le détourner à des fins personnelles ou partisanes ».

Cette disposition impose donc à toutes autorités exerçant des fonctions d’intérêt public d’éviter d’être à la tête d’une formation politique. Et si l’on sait que ces autorités ont contourné cette disposition en se faisant passer pour des « autorités morales » de ces formations politiques, Gentiny Ngobila, lui, ne s’embarrasse pas de cette subtilité et choisit délibérément de s’afficher ouvertement sous sa qualité de Président du parti.

Les moyens d’Etat détournés au profit de l’ACP

Plus encore, le Gouverneur de la ville utilise, en toute impunité, les moyens d’Etat pour mener ses activités politiques. A l’instar de sa descente à Matadi pour laquelle les véhicules de la ville ont transporté les visuels et autres matériaux de visibilité du parti.

Dans le même ordre d’idées, les immatriculations de la province sont octroyés à ses collaborateurs et autres courtisans ne relevant nullement de l’administration ni d’un quelconque autre service public ou privé rattaché à l’administration de l’Etat. Les bénéficiaires de ces plaques d’immatriculations les utilisent sur leurs véhicules privés pour échapper à tout contrôle routier, voire s’exempter du péage.

Tout ceci se passe à Kinshasa, sous le regard conscient mais indifférent du Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo. Et cette violation de la loi se fait clairement au nom du chef de l’Etat pour qui roulent Gentiny Ngobila et son parti politique.

L’argent de la ville mis à contribution ?

Et les observateurs se convainquent que dans un tel régime de passivité et de permissivité, les caisses de la province sont mises à contribution pour financer les activités politiques de Ngobila. Une conviction basée sur des scandales qui ont vu s’évaporer des millions de la ville lors des vols spectaculaires à la division provinciale des finances, du gel, pendant deux mois, du dispositif e-Taxe à la DGRK ou encore de l’évasion des fonds dont la dernière tentative a été stoppée net à Equity BCDC.

Quant à elle, l’Inspection générale des finances (IGF), censée agir notamment à la suite d’une clameur publique, demeure curieusement aphone et inactive face à tous ces événements qui heurtent les consciences.

JEK

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