Dans un entretien qu’il avait accordé à la radio Top Congo le 6 août à Bruxelles après ses soins médicaux, le chef de l’Etat avait évoqué le monitorage de l’action gouvernementale pour juger des performances de chacun de ses membres. Un exercice d’évaluation des performances et du rendement de chaque membre du Gouvernement qu’il avait déjà évoqué lors de son précédent mandat avec le gouvernement dit des warriors.
Au cours de ce même entretien à Bruxelles, et en rapport avec ce monitoring, le Président Félix Tshisekedi avait affirmé sa pleine confiance en la Première ministre. C’est avec elle, indiquait-il, qu’il projetait cet exercice de monitoring qui devait déboucher, poursuivait le chef de l’Etat, sur un probable réaménagement de l’équipe gouvernementale au début de l’année 2025.
Précision de taille : un probable et non un inévitable.
Quand des intérêts égoïstes cherchent à monter Tshisekedi contre Judith Suminwa
La clarté de ce propos ne laissait planer aucune ombre d’équivoque, mais on observe une dangereuse récupération de ces propos qui sont aujourd’hui sortis de leur contexte et de leur sens pour être utilisés dans une campagne de déstabilisation la première ministre et son Gouvernement.
Des officines au sein de la majorité USN inoculent, en effet, dans l’opinion – à travers des punchlines et autres écrits dans les médias – la thèse d’un prétendu échec de l’actuelle équipe gouvernementale et, partant, de sa Cheffe qui n’est autre que la Première ministre, dans le but de trouver quelque justification à un remaniement du Gouvernement.
Dans la logique des tenants de cette thèse d’un échec du Gouvernement Suminwa, l’idée est d’asseoir une certaine nécessité d’un chambardement qui les verraient (re) prendre place au soleil. Tout ceci par une dangereuse déformation des propos du Président de la République que l’on instrumentalise contre sa propre Première ministre.
Dans nos précédentes analyses sur le même sujet, Congo Guardian évoquait le profil de ceux qui rêvent d’un tel chambardement en tournant le regard vers ceux qui verraient s’assouvir, enfin, leurs ambitions de figurer au sein du Gouvernement pour les uns, voire à la Primature pour les autres.
Les agitateurs de la majorité contrarient les choix du chef de l’Etat
Aujourd’hui, en attribuant au chef de l’Etat la fausse idée de la faillite si prématurée d’un Gouvernement en qui il fait confiance revient tout simplement à remettre en cause les choix que le garant de la Nation a opérés, d’abord dans la désignation de la nouvelle Première ministre et, ensuite, dans la formation du Gouvernement, au terme d’un délicat exercice d’équilibrage entre les différents groupes de la majorité. En effet, l’opinion se souvient encore, par exemple, de comment Félix Tshisekedi, en sa qualité d’autorité morale de la majorité USN, était intervenu personnellement dans la composition des différents tickets des bureaux du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Lors de ces interventions, il insistait notamment sur une bonne représentation nationale et du genre.
De là à en arriver à alléguer un échec de la Première ministre ne reviendrait pas autrement qu’à insinuer que le Président de la République a failli dans sa suprême clairvoyance. Tout cela à cause de la quête d’assouvissement des ambitions égoïstes et pantagruéliques.
Trêve de spéculation, Félix Tshisekedi fait toujours confiance en Judith Suminwa
Il faut rappeler, en effet, que lorsque le chef de l’Etat évoque l’évaluation (monitorage) du Gouvernement, l’on est le 6 août 2024, soit 56 jours seulement après l’investiture et l’entrée en fonction du Gouvernement intervenue le 11 juin 2024 à l’Assemblée nationale. Il est donc aberrant de lui attribuer si prématurément la sentence d’un échec de ce Gouvernement et la projection, pour cette fausse cause d’échec, de son remaniement début 2025.
Au contraire, lors de cette sortie médiatique du chef de l’Etat le 6 août 2024, il avait, à plus de deux reprises, exprimé son entière confiance aux capacités de la Première ministre de faire face à la situation de vie chère qui s’observait sur le marché. Sur cette question précise du confrère Christian Lusakweno, en effet, Félix Tshisekedi avait clairement déclaré ce qui suit : « Madame la Première ministre Judith Suminwa est très très bien outillée et instruite pour faire face à ce genre de choses ».
Dans la même foulée de cette réponse, le Président de la République évoquait, en ce moment-là aussi, les mesures que venait de préconiser la commission économique et financière du Gouvernement pour faire face à cette situation de vie chère.
S’agissant, par ailleurs, du monitoring du Gouvernement, Félix Tshisekedi était resté constant avec lui-même en faisant savoir que cela se fera en parfaite collaboration avec la cheffe de l’équipe Gouvernementale. « Notre chef d’équipe c’est Mme Judith Suminwa. Je ne vais pas lui mettre la pression ; elle est suffisamment outillée pour évaluer le travail de ses ministres et de même faire rapport », faisait, en effet, savoir le Président de la République avant de poursuivre, au sujet de l’évaluation proprement dite : « Moi j’estime la première évaluation au début de l’année prochaine ».
A ce propos précis du réaménagement du Gouvernement, Félix Tshisekedi n’était pas aussi catégorique qu’on le lui attribue, car il envisageait cela juste comme une probabilité et non une certitude. « Il faut peut-être s’attendre à du réaménagement gouvernemental au début de l’année prochaine », avait-il fait savoir avant de réaffirmer, une fois de plus, son profond attachement à sa collaboration avec la Première ministre : « Mais je le dis sous réserve de ce que l’on en pensera la Première ministre et moi-même ».
Jonas Eugène Kota