Joseph Kabila et Moïse Katumbi se sont entretenu à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie et surtout siège de l’Union africaine, où ils ont exprimé leur position commune d’opposition à toute réforme constitutionnelle, estimant que, dans les circonstances actuelles, elle s’avère illégale et inopportune ; et que son but ultime n’échappe à personne : la consolidation de la dictature à travers une Présidence à vie en RDC.
Divisés hier sur et à cause de la constitution, unis aujourd’hui autour et pour la constitution
Une rencontre, déjà dite « au sommet », entre deux grandes personnalités de la scène politique, autrefois unis dans une alliance politique commune mais séparés pour la même cause qu’ils décident de défendre ensemble aujourd’hui. En 2015, en effet, Katumbi, qui était carrément la mascotte du programme des cinq chantiers puis celui de la révolution de la modernité sous Kabila, avait décidé de s’éloigner de celui-ci qu’il accusait de vouloir modifier la constitution pour s’aménager un troisième mandat. Feu follet du PPRD avec ses flamboyants animateurs dits « 100% », Katumbi avait quitté brouillamment la Majorité Présidentielle (MP) en prévenant contre un « troisième penalty ».
Les deux personnalités s’étaient retrouvées, voici quelques trois ans, dans le cadre d’une réconciliation à la faveur d’une conférence de rassemblement de tous les katangais sous la facilitation de Mgr Fulgence, mais on n’avait plus de nouvelle de leur rapprochement direct, sinon quelques déclarations sporadiques signées par leurs formations politiques respectives.
C’est donc la toute première fois, depuis maintenant dix ans, que Katumbi et Kabila se rencontrent directement au sommet sur des questions politiques d’intérêt national, particulièrement celle qui avait été leur pomme de séparation. Et en politique congolaise, une telle rencontre ne laisse jamais indifférente la classe politique et l’on s’attend à des ajustements de comportement dans les jours qui viennent.
Et le cadre de cette rencontre, Addis-Abeba qui est le siège de l’UA, n’est pas non plus fortuit.
En attendant, selon un communiqué de compte-rendu signé par Olivier Kamitatu, Directeur de cabinet de Katumbi, les deux personnalités rappellent que personne n’est propriétaire mais locataire du pouvoir, le bail démocratique étant à durée déterminée dans les conditions prévues par la Constitution.
Rassemblement contre la révision constitutionnelle
Ils appellent tous les Congolais à résister activement face à la volonté affichée par le pouvoir en place de rompre le pacte républicain, fruit d’un large consensus national ayant permis la réunification et la stabilité du pays, ainsi que le rétablissement des institutions démocratiques, au risque d’exacerber les divisions au sein de la population congolaise et d’achever le délitement de notre Nation. Ils lancent par conséquent un appel à toutes les forces politiques et sociales qui inscrivent leur action dans la lutte contre la dictature et pour le bien-être du peuple congolais à joindre leurs efforts aux leurs.
En attendant, Katumbi et Kabila prennent l’engagement d’œuvrer sans relâche pour une alternative crédible à la situation de désespoir, de pauvreté et de misère, de mauvaise gouvernance, de pillage des ressources nationales, de destruction des infrastructures, etc., qui sévit actuellement en RDC…
JDW