Jules Alingete, Inspecteur général chef de service de l’IGF, était l’un des intervenants à la quatrième journée des états généraux de la justice. Le chef des flics du fisc a, globalement, appelé à d’importantes réformes, insistant sur la suppression des immunités des membres du gouvernement et la mise en place d’un parquet financier pour juger les crimes financiers que les magistrats des juridictions ordinaires peinent à réprimer, faute parfois, de formation.
« Nous avons affaire à des magistrats qui, dans leur profil de formation, avaient peur de la comptabilité, des finances publiques et des chiffres. Aujourd’hui, la réalité est que le détournement et la corruption c’est au travers de la comptabilité, les finances publiques et les chiffres, voilà pourquoi nous avons dit qu’il faut créer un parquet financier où on aura des magistrats spécialisés et formés dans les infractions sur la criminalité financière, » a dit Jules Alingete Key.
Parlant des membres du gouvernement qui « gèrent 80% des ressources », il a fait remarquer que ce faisant, ils « deviennent des cibles de contrôle mais ces gens là sont immunisés. A ce moment là, ça rend tout inefficace, même la justice et les organisations ».
Et d’alerter : « Nous devenons de plus en plus impuissants face à cela, il faut penser régler ce problème ».
Le patron de l’IGF a, dans l’ensemble, énuméré douze mesures à prendre pour une meilleure efficacité de la lutte contre les différents crimes financiers. Ces mesures sont :
1. Création et mise en place d’un parquet financier;
2. Adaptation du Code Pénal Congolais aux nouvelles infractions de la criminalité financière;
3. Renforcement du caractère répressif aux actes de détournement des deniers publics au regard des dégats considérables engendrés par ce fléau;
4. Renforcement des capacités des magistrats dans les finances Publiques et la comptabilité;
5. Amélioration des conditions de travail des magistrats et allocation des frais de fonctionnement conséquents aux cours, tribunaux et parquets;
6. Renforcement du régime disciplinaire des magistrats;
7. Promotion d’une culture d’éthique politique consistant à pousser les auteurs des détournements avérés, révélés par les organes de contrôle, à démissionner en attendant que la justice rende ses décisions;
8. Renforcement du contrôle interne et audit interne des entités publiques;
9. Reformes des questions liées aux immunités;
10. Renforcement des structures administratives de contrôle ;
11. Renforcement des contrôles préventifs (notamment la patrouille financière);
12. Renforcement et réaffirmation du BTC comme unique entité de contrôle de l’Etat pour les travaux publics.