Gouvernement Suminwa : Nicolas, Tony ou Peter, exit les Kazadi du déshonneur de l’UDPS

Au moins 20 des warriors de Sama Lukonde, sur lesquels avait précédemment été nommée la Première Ministre, reviennent dans le nouveau Gouvernement issu des élections de décembre 2023. Les heureux miraculés appartiennent à plusieurs groupes au sein de l’Union sacrée pour la nation (USN). Mais avec cette spécificité d’un vrai tsunami dans le dispositif des warriors de l’UDPS, parti présidentiel, qui ont été massacrés.

À part peut-être Roger Kamba qui rempile à la Santé, cette fois-ci comme VPM, les figures de proue de la « tshisekedie » – du moins ceux que l’on croyait l’être – ont tous été balayées, à l’instar d’Antoinette Nsamba, l’imposante ministre des Mines qui avait mené une tout aussi imposante campagne à la députation nationale dans la ville de Kinshasa. Comment une ministre d’un secteur aussi clé que les mines peut-elle se laisser emporter par ce qui pourrait être, selon la dimension qu’elle laissait transpirer, un simple coup de rhume?

La question serait beaucoup plus lancinante au sujet du célèbre trio des Kazadi de l’UDPS. Nicolas, Tony et Peter, piliers et têtes couronnées du parti présidentiel au sein du Gouvernement, ne sont plus !

Les lampions s’éteignent sur Kazadi Wa Lampadaire »…

Le premier, super patron des finances, défrayait, depuis longtemps, la chronique sur le scandale des détournements au moyen des surfacturations et des décaissements de fonds en procédure d’urgence. Surnommé très récemment « Nicolas Kazadi Wa Forage  » ou bien « Kazadi Wa Lampadaire » en rapport avec les derniers scandales des marchés de forage d’eau et d’éclairage public en or, l’homme a été surpris par le remaniement alors que se déroulent, à Nairobi, les assemblées annuelles de la Banque mondiale.

Terrible et triste fin de mandat pour cet intraitable ministre dont l’inamovibilité, malgré les scandales financiers sur et autour de lui, était déjà un scandale en soi. Nicolas Kazadi aura littéralement défié les lois de la pesanteur politique et va laisser de laides griffures sur l’image de la RDC qui semblait afficher pourtant une bonne santé diplomatique en matière financière, du moins à en croire les opinions des institutions de Brettons Wood ces dernières années…

Même si les économistes congolais avertis n’en ont jamais été aussi convaincus au regard de la scabreuse gestion des finances publiques avec, notamment, la très prohibée pratique des décaissements en procédure d’urgence qui sera le dernier front de bataille entre Kazadi – le Nicolas de tous – et Jules Alingete de l’IGF.

Mais il semble que l’histoire de « Nicolas wa Lampadaire Ne Forage » avec la RDC n’est pas encore finie, car le réquisitoire du Procureur général près la cour de cassation à son encontre, notamment, se trouve sur la table de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale. Une Assemblée désormais conduite par un certain Vital Kamerhe, celui-là même que Kazadi, alors ambassadeur itinérant du chef de l’État, avait cloué sur le bois de la malédiction lors du procès dit des 100 jours…

Mwaba Kazadi dégagé à coup de rumba…

Au ministère de l’EPST, les agents se sont amenés le mercredi matin au cabinet du ministre avec une sono pour une aubade fort évocatrice à l’attention et à l’intention du Tony Mwaba de tous les Kazadi qui officiait ici. Sous une frisquette température de cette saison sèche encore timide, les mangeurs de craie se sont réchauffés d’une douce rumba sur les notes de l’inoxydable chanson « Mokolo Tonga » de Luambo Makiadi, connue pour son fond de polémique politicienne, pour dire leurs adieux à celui qui leur aura fait aussi bien des infidélités que des gosses dans le dos après de successifs négociations syndicales.

Menaces, intimidations et autres insultes défilaient dans la mémoire de ces manifestants spontanés pour se souvenir de ce ministre atypique qui se nourrissait du trafic d’influence avec le nom du Président de la République sous prétexte qu’il conduisait son programme phare qu’est la gratuité de l’enseignement primaire. Une couverture, en fait, de toutes ses licences, mais qui n’aura pas su dribbler l’attention de l’IGF.

À au moins deux reprises, et même si tout se terminait au bureau d’Augustin Kabuya -Secrétaire Général de l’UDPS, leur parti commun -, Jules Alingete avait pris Tony Mwaba Kazadi dans des magouilles financières, notamment avec les fonds du championnat de football interscolaire d’Afrique où l’on connut, entre autres, une autre de ces surfacturations sur le coût exorbitant de location des bus Transco. Ou encore cette scabreuse affaire de détournements des fonds des examens d’État pour lesquels d’autres personnes, dont le Secrétaire général et l’inspecteur général de l’EPST, purgent des peines à Makala.

Sans oublier le scandale des derniers examens d’État qui connurent deux délibérations. Un moment de vérité qui avait permis de découvrir qu’au moins trois éditions des examens d’État étaient passés sans que les surveillants, les correcteurs et d’autres intervenants n’eurent touché leurs primes pourtant débloquées par le Trésor Public.

Jules Alingete n’avait donc pas tort lorsqu’il exigeait que ces primes soient transmis aux bénéficiaires par banque et non plus par « maboko banque ».

Pour le reste, les spécialistes continuent de se gratter la tête chaque fois qu’il s’agit de bilanter la gratuité de l’enseignement dont l’instauration a, certes, permis une avancée démographique en matière de scolarisation mais tout en occasionnant une profonde perte de la qualité de l’enseignement.

Sans oublier la déperdition scolaire que personne ne s’est jamais donné la peine de mesurer. On a, en effet, toujours compté le nombre d’enfants qui entraient en classe à chaque rentrée scolaire, mais jamais celui de ceux qui en sortaient à la fin…

Peter Kazadi accompagné à la sortie par des coups de canons et de décibels

Last and least, Peter Kazadi signe sa sortie du gouvernement sous le signe particulier, en un seul jour, des coups de canons d’un coup d’État manqué, suivis de tonnes de décibels d’un concert gospel le jour de la Pentecôte en plein stade des martyrs de la… Pentecôte… !

Arrivé aux affaires sous Sama II, Peter Kazadi, qui s’est toujours réclamé du tout dernier pré-carré de Fatshi, et que l’on a souvent présenté comme parent des Tshisekedi, aura marqué son passage par quelques scandales non-élucidés mais qui auront posé de sérieuses hypothèques quant à la nature de son leadership sur ce secteur névralgique qu’est la sécurité.

C’est, en effet, sous son mandat que l’ANR est cité dans une affaire de responsabilités étouffées sur un rapport (B.I) relatif à l’assassinat de Chérubin Okende. Un dossier qui a longtemps mis en scène son ministère contre un journaliste qui sera finalement relaxé sans aucun grief clairement articulé mais avec une condamnation judiciaire, alors que son employeur, Jeune Afrique, continue de soutenir l’authenticité du document querellé tout en dégageant la responsabilité du journaliste dans sa divulgation.

Peter Kazadi qui quitte aussi la piste au milieu d’un douloureux imbroglio sur le meurtre de deux personnes (une femme et son fils) attribué à une patrouille de l’unité spéciale qu’il a mise en place pour combattre la criminalité urbaine des kuluna. Et c’est également sous son mandat que cette insécurité en est arrivée à faire déménager des quartiers entiers, en pleine ville de Kinshasa, pour d’autres quartiers jugés plus sécurisants.

Pendant ce temps, on assistait à la montée en flèche d’une autre source d’insécurité avec des « éléments incontrôlés » des « Forces du progrès », cette milice de la jeunesse de l’UDPS, son parti politique. Des « forces » comptant également des escadrons politiques qui truandent quotidiennement ministres et mandataires publics  par des appels téléphoniques intempestives et même des descentes musclées à  leurs bureaux sous prétexte que « c’est notre pouvoir »…

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