Communication de crise : Briser la rhétorique du tandem Rwanda-M23

Pour une nouvelle fois, le tandem Rwanda-M23 a agressé la République démocratique du Congo. Depuis quelques semaines, en effet, les Forces armées de la RDC, a formellement identifié la présence de l’armée rwandaise aux côtés des rebelles du M23 pourtant défaits depuis 2022. Ce groupe armé fait montre d’une puissance de feu qui ne laisse aucune équivoque sur ce soutien rwandais. Et les armements détruits ou récupérés sur ses positions en rajoute à la démonstration.

Pour justifier ses activités ou nier sa présence en RDC, le M23 recourt à la même rhétorique qu’à toutes les précédentes agressions. D’un côté, en effet, les rebelles du M23 avancent des arguments tribaux sans entrer dans le fonds de leurs préoccupations. Quant à leurs armes, ils prétendent toujours les obtenir des positions abandonnées par les FARDC ou des officiers de celles-ci qui les leurs vendent.

Le Rwanda, quant à lui, accuse toujours les FARDC de s’allier aux FDLR pour attaquer son territoire. Même si, à chacune de ces accusations, il n’y a jamais eu d’agression du Rwanda à partir de la RDC depuis ces 25 dernières années. Tout dernière dans une adresse au parlement rwandais, Paul Kagame avait ouvertement annoncé qu’il allait porter la guerre en RDC sous prétexte de venir y combattre les ennemis de son pays. Selon lui, ce combat devait se dérouler en RDC, puisque le Rwanda n’a pas d’espace pour cela.

A toutes les occasions où le tandem Rwanda-M23 développe tous ces arguments, il s’observe comme une commisération de la communauté internationale. Très rarement, on a vu cette communauté internationale tenir une position sans équivoque sur la nature même de ces guerres récurrentes qui sont des agressions de la RDC. Aujourd’hui encore, presqu’aucune déclaration – du Conseil de sécurité, du Secrétaire général de l’ONU, de l’UA, de l’UE où des pays occidentaux individuellement – ne cite clairement le Rwanda dans sa responsabilité. En sorte que les conflits armés perdurent pendant que les populations congolaises en pâtissent dans leur chair comme dans leur âme.

Cette récurrence des commisérations trouve son principal fondement dans la rhétorique rwandaise et du M23. Ce tandem a trouvé la thématique la plus captivante pour subjuguer la communauté internationale et se soustraire à ses sanctions. Car, en effet, le Rwanda, dont le budget est financé à au moins 60% de cette communauté internationale, est particulièrement vulnérable par rapport à la méticulosité de celle-ci avec les principes et valeurs d’Etat et de protection des peuples. Pourtant, Kigali n’a jamais subi de sanction pour toutes ses agressions contre la RDC.

Pour briser la rhétorique à la base de cet état de choses, la RDC devrait commencer par démonter ces allégations un à un. D’abord, il est clair aujourd’hui que ce n’est pas sur les FARDC en repli que le M23 réussi à s’armer avec une telle puissance de feu. Ensuite, s’agissant du rachat des armes auprès des officiers congolais, cet argument a toujours entamé jusqu’au moral des troupes tout en mettant l’armée nationale en conflit avec son peuple.

Cependant, depuis des décennies que dure ce discours, personne n’a jamais apporté la preuve de sa véracité. Aucun officier n’est jamais passé en cours martiale pour en répondre.

Quant à la prétendue implication des FDLR aux côtés des FARDC pour combattre contre le Rwanda, cette rhétorique aussi est rayée comme un vieux disque vinyle. En effet, on sait que les FDLR étaient autrefois constitué de militaire rwandais en déroute face au FPR qui avait fini par prendre le pouvoir en 1994. Depuis lors, ces militaires ont vieilli et ne sauraient aujourd’hui soutenir la pression des combats.

Dans tous les cas, le Rwanda lui-même est témoin, et dispose des preuves attestant que ces anciens rebelles rwandais sont aujourd’hui inoffensifs. Ceci pour la simple raison que l’armée rwandaise y a travaillé activement, notamment avec les opérations militaires en RDC dont la dernière – toujours niée par les officiels de Kinshasa et de Kigali – avait eu lieu en 2019. A cette occasion, des sources dignes de foi indiquent que l’ancien commandement des FDLR avait été littéralement décapité avec la neutralisation de presque tous ses membres.

On sait désormais qu’à travers ces agressions récurrentes, le Rwanda tient un agenda caché qui n’a rien à voir avec ses soucis de sécurité face à une rébellion qui ne présente plus aucun danger. Tout en demeurant au front avec les FARDC, la RDC devrait reconsidérer sa croisade communicationnelle pour réduire l’audibilité du Rwanda dans les cénacles diplomatiques à travers le monde. Une audobilité dont Kigali a toujours tiré le meilleur profit aux dépens de la RDC.

JEK

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