Procès Onana/Le Carnet de Didier M’buy : Comment un camerounais s’est épris du Congo jusqu’au péril de sa vie

Les audiences du procès de Charles Onana se sont clôturées vendredi 11 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris où le journaliste franco-camerounais y a comparu durant toute la semaine dernière pour « contestation de crime de génocide ». En cause : son livre paru en 2019 intitulé « Rwanda : la vérité sur l’opération turquoise ».

Ouvrage pour lequel la procureure l’accuse de « minorer » et de « banaliser » le génocide des Tutsis au Rwanda, en 1994, accusations que Charles Onana rejette pour réclamer sa relaxe.

Ayant suivi toutes les audiences de cette affaire dont le verdict est attendu le 9 décembre 2024, notre excellent confrère Didier M’buy nous conduit dans les méandres de la rencontre de Charles Onana avec le drame Congolais dont il s’est épris depuis, jusqu’au péril de sa vie.

Je me suis longtemps posé la question suivante: comment un Camerounais est-il arrivé à être à ce point sensible (au risque de sa vie) aux massacres à huis clos dans l’Est de la RDC… Cette question essorait mes neurones jusqu’à ce que l’intéressé comparaisse devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal de Paris pour « contestation du génocide des Tutsis »…

C’est au hasard d’un voyage à Washington DC à la fin des années 1990 qu’il rencontre un rescapé du génocide au Rwanda du nom de Déo Mushayidi, représentant du FPR en Suisse. Ce Tutsi explique à Charles Onana comment il est resté seul au monde après le massacre de toute sa famille, alors toute sa famille!

Du coup, le politilogue et journaliste camerounais veut comprendre… Il se résout avec son interlocuteur à enquêter pour démonter la mécanique de ce génocide… En 2002, Déo Mushayidi publie « Les secrets du génocide rwandais »! Il sera poursuivi par Kigali pour diffamation. Mais, le jour du procès, aucun émissaire du régime Kagame ne se présente à la barre…

Plus tard, interpellé à Nairobi, il sera extradé à Kigali où il croupit, amaigri et le visage émacié, en prison depuis… 14 ans!

En révélant dans plusieurs ouvrages une autre histoire du génocide rwandais, qui n’est pas forcément celle longtemps médiatisée par Kigali, Onana est la cible du régime de Kagame… Et cela arrive même aux Tutsis qui donne une autre version… Au chantre chrétien, Kizito Mihigo, assassiné dans les geôles de Kagame, comme à tant d’autres retrouvés morts à Nairobi, à Dar es Salam ou à Bruxelles!

Au cours du procès de Charles Onana et des éditions Toucan, l’écrivain a relevé les liens entre les associations des droits de l’homme qui l’ont attaqué en justice et Kagame en personne (le président de Survie a été même nommé conseiller à la Présidence de la République). En outre, fera remarquer Onana, la FIDH n’a jamais dénoncé l’assassinat de Kizito, pas plus que les massacres des Hutus, des Twa et des millions de Congolais à l’Est…

« La différence entre la partie civile et moi, indique l’accusé à la Juge présidente, moi j’ai fait venir ici comme témoins les gens qui ne peuvent pas se parler, Tutsis comme Hutus… En revanche, les Tutsis qui ne suivent pas la ligne tracée par le gouvernement rwandais ne sont pas défendues par ces associations! »

Après dix ans d’enquête sur les événements survenus dans les Grands lacs, Onana constate que tout chemin mène à la RDC dont les richesses du sol et du sous-sol représentent l’enjeu principal… Et la stratégie militaire du FPR, au mépris du génocide, consistait principalement à prendre le pouvoir par la violence… Et faire main basse sur ces richesses tout en sous-traitant les intérêts de certaines multinationales!

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