Mukoko Samba à Luanda : Transformer la frontière angolaise en un corridor de croissance économique partagée

Une frontière de 2 646 km, un potentiel économique sous-exploité, et une volonté politique affichée : c’est sur ce triple constat que le Vice-Premier Ministre congolais, Daniel Mukoko Samba, a achevé ce mardi une mission officielle de haut niveau en Angola. Accompagné du Haut Représentant du Chef de l’État, Tony Kanku Shiku, il a engagé avec les autorités angolaises un dialogue stratégique visant à faire de cette longue limite commune un véritable levier de développement mutuel.

Réveiller un géant économique endormi

« Le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays ne reflète pas notre proximité géographique, ni notre héritage commun », a souligné M. Mukoko Samba au sortir d’un entretien avec le Ministre angolais de la Planification, Victor Hugo Guilherme.

Malgré des relations historiques et une frontière terrestre parmi les plus longues d’Afrique, les flux formels restent anémiques. Un paradoxe que cette visite tente de résoudre par une approche sectorielle ciblée.

Trois piliers pour une relance concertée

Les discussions ont mis en lumière trois domaines prioritaires :

1. Facilitation des échanges : Le ministre angolais de l’Industrie et du Commerce, Victor Fernandes, a lancé un appel clair aux entrepreneurs congolais, les encourageant à « soumettre davantage de demandes d’exportation ». De son côté, la RDC a plaidé pour une levée des obstacles non tarifaires qui étouffent le commerce transfrontalier formel.

2. Partenariats stratégiques dans l’énergie et la pêche : La relance du protocole d’accord entre les compagnies pétrolières nationales, SONAHYDROC (RDC) et SONANGOL (Angola), est à l’ordre du jour. Une révision du mémorandum est prévue pour en « assurer une meilleure mise en œuvre ». Parallèlement, des avancées sont attendues dans le secteur halieutique pour sécuriser les approvisionnements de la RDC.

3. Création d’un cadre structurant : La tenue du 3e Forum économique RDC-Angola en février 2026 à Muanda (RDC) acte la volonté d’institutionnaliser ce rapprochement. Ce forum, co-piloté au plus haut niveau, devra être la chambre de compensation des projets concrets.

De la déclaration d’intention à l’action mesurable

Au-delà des annonces, l’enjeu est de traduire ces engagements en résultats tangibles. La mission de M. Mukoko Samba a posé les bases d’un dialogue opérationnel, ministre par ministre, pour déverrouiller les blocages identifiés.

La feuille de route est désormais tracée : simplifier, investir, coopérer.

La frontière Congo-Angola, souvent perçue comme une ligne de fracture, ambitionne de devenir un corridor de croissance partagée. Si les intentions affichées à Luanda se concrétisent, cette artère économique pourrait bien redessiner la carte des échanges et de l’intégration en Afrique centrale.

JEK

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